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Le coeur du message

 

© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

 Tout est souffrance

Au sermon de Bénarès, dans le Parc des Antilopes, le Bouddha avait déclaré à ses 5 premiers disciples:

"Tout est pénible : la naissance est pénible, la maladie est pénible, la vieillesse est pénible, la mort est pénible, l'union avec ce que l'on n'aime pas est pénible, la séparation d'avec ce que l'on aime est pénible, ne pas obtenir ce que l'on désire est pénible, les cinq agrégats d'appropriation [qui composent la personne] sont pénibles"

En sanskrit: "SARVAM DUHKHAM, SARVAM ANITYAM"

"Tout est pénible, tout est éphémère"

Tout est pénible de la naissance à la mort. En vain allèguera-t-on les multiples plaisirs et joies causés par la satisfaction des sens et de l'esprit; tous ces plaisirs sont trompeurs, parce qu'éphémères, fragiles, mêlées d'impressions désagréables. Les peurs, les déceptions, la faim, la soif, les maladies, les accidents, les chagrins, les deuils, les souffrances forment l'étoffe de la vie.

Si tout plaisir, toute joie sont passagers et si leur cessation produit un désagrément, c'est parce que l'homme est soumis à l'inexorable loi de l'impermanence (sanskrit: anityatâ, pali: aniccatâ), que tout est limité dans le temps comme sans l'espace, que tout a un commencement et une fin, que rien n'est éternel et que tout change.

La chose que l'on désirait s'altère, puis elle est détruite. La fleur que l'on aimait se fâne, puis se réduit en poussière. L'être que l'on aime vieillit, puis meurt.

Si tout est impermanent, changeant, transitoire, c'est parce que tout est composé d'éléments multiples et divers (dhâti), matériels ou mentaux, s'engendrant et se conditionnant les uns les autres, se combinant et se décombinant.

Tout est soumis à la loi universelle de l'absence de "soi", de substance, d'essence des choses (anâtman). Un tel principe subvertit le message essentiel de l'hindouisme, qui est précisément que tous les êtres vivants ont un  ou une âme. Tout est donc vide (çûnya), vide de "soi", de nature propre.

Le vide bouddhique n'est cependant pas le néant, mais quelque chose d'extrêmement subtil à la frontière de l'être et du néant, quelque chose que les conceptions de la physique nous permettent d'entrevoir avec les immenses vides séparant les unes des autres les particules infinitésimales qui constituent la matière et avec les ondes impalpables qui déterminent les propriétés de celle-ci.

La souffrance ne disparaît pas avec la mort

Le caractère transitoire et éphémère des choses serait moins effrayant, si la souffrance trouvait sa fin dans la mort. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Le désir de vivre et de jouissance et l'ignorance de la nature réelle des choses ne permettent pas que l'on disparaisse réellement avec la mort. Il entraîne la renaissance avec tout le cortège des douleurs que cela suppose. Aussi longtemps que l'homme n'anéantit pas en lui les "appétits" et l'ignorance, il doit continuer à vivre dans le samsâra (cycle des renaissances).

Le bouddhisme ne reconnaît pas l'existence d'une âme qui survivrait à la mort, et donc de renaissance en renaissance. Mai enseigne cependant la renaissance. Comment se l'imaginer ? Comme un enchaînement de conditions, une consécution en chaîne. Une flamme s'éteint et une autre s'allume. Comme un jeu de billard: quand une boule heurte une autre boule, le mouvement de la première se transmet à la deuxième, de la deuxième à la troisième etc..., sans que quoi que ce soit de matériel passe de l'une à l'autre, seule l'impulsion est transmise.

De la même manière, chaque forme vivante conditionne l'existence de la suivante, sans qu'aucune âme ne passe de l'une à l'autre. Entre une personne A qui meurt et sa renaissance B, il n'y a aucune identité même partielle, mais seulement une relation ,de dépendance conditionnelle. La forme d'existence B est conditionnée par la forme A qui lui est antérieure. Rien de plus. C'est tout. Mais si la forme d'existence B sera plus ou moins favorable en matière de libération n'est pas un effet du hasard. Là aussi le conditionnement joue. Ce sont les actes accomplis de façon consciente et intentionnelle (le karman) qui déterminent les qualités de la renaissance suivante, autrement dit: la qualité de notre vie éthique et spirituelle.

Des intentions salutaires conduisent à une renaissance salutaire, des intentions non salutaires conduisent à une renaissance "mauvaise". Si un homme a nourri dans sa vie des actes et des intentions essentiellement bons, il s'ensuit que "quelqu'un" renaîtra dans une meilleure forme d'existence, peut être même un dieu (deva, divinité inférieure au sens hindou du terme). Mais être un dieu ne signifie pas qu'on soit libéré pour autant, car les dieux dans le bouddhisme ont aussi un karman (karmadeva), et ils devront abandonner leur condition divine si leur karman est mauvais, et redescendre dans la hiérarchie du cycle des renaissances (redevenir homme, animal ou plante).

La souffrance en histoire des religions

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