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Yahyâ ibn Mu'âdh ar-Râzî (mort en 871)

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Yahyâ ibn Mu'âdh ar-Râzî était originaire de Rayy, l'actuel Téhéran. Il mourut en 871 à Nishapur.

Le croyant et le prédicateur

C'était avant tout un croyant qui appelait les hommes à Dieu. Il est le seul soufi à porter le surnom d'al-wâ'iz, "le prédicateur".

Dans ses sermons, il parle avant tout de l'amour pour Dieu: "Un grain de sénevé d'amour pour Dieu est meilleur que soixante ans de dévotion sans amour ".

La religion est pour lui espoir en Dieu, ce Dieu dont la miséricorde est infinie et qui exauce les prières des hommes.

Rechercher Dieu pour lui-même

Le prédicateur de Rayy a par exemple pris une fois  comme thème de prédication la différence qu'il y a entre quelqu'un qui vient à un festin juste pour le festin, et celui qui vient au festin dans l'espoir de revoir son ami. De même est la différence entre l'ascète qui a la nostalgie du paradis parce qu'il a la nostalgie des jouissances qui y sont promises, et l'amant de Dieu qui en a la nostalgie parce qu'il y verra Dieu.

D'où ces célèbres mots: " La mort est belle, parce qu'elle amène l'ami à l'Ami" . Bien sûr, il ne convient pas de la rechercher, mais il n'y a pas lieu de la craindre exagérément.

Confiance en Dieu

Une autre caractéristique essentielle de la piété de Yahyâ ibn Mu'âdh  est la confiance presque évangélique dans la miséricorde de Dieu qui se reflète dans ses prières:

" Ô Dieu, Tu as envoyé Moïse et Aaron à Pharaon, le rebelle, et dit: Parle lui avec douceur !. Ô Dieu c'est là ta bonté envers quelqu'un qui prétendait pourtant être Dieu. Quelle sera alors ta miséricorde pour celui qui t'adore de tout son coeur ".

Dieu comme Maître

" Ô Dieu, je Te crains, parce que je suis un esclave et j'espère en Toi, parce que Tu es le Maître. Ô Dieu, comment ne pourrais-je pas placer mon espoir en Toi, parce que Tu es le Miséricordieux, et comment ne pourrais-je pas te craindre, car tu es le Tout-Puissant. Ô Dieu, comment puis-je t'invoquer, puisque je suis un esclave rebelle, et comment ne pourrais-je pas t'invoquer, toi qui est un maître compatissant"

 

Sources:

Annemarie SCHIMMEL, Dimensions mystiques de l’islam, Paris, 1997

G.C ANAWATI, L. GARDET, Mystique musulmane, aspects et tendances, expériences et techniques, Paris, 1976

L. MASSIGNON, La Passion de Hallâj, martyr mystique de l'islam, 4 vol., Gallimard, Paris, 1975

L. MASSIGNON, Opera Minora, 3 vol.