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Cours du 12 septembre 2011

 

1ère heure: Qu'est-ce que l'histoire des religions ?

 Histoire des religions au  sens strict

Dans ce sens, l’HR est une discipline purement historique. Elle étudie la naissance des religions, leur développement, les stades par lesquelles elles passent, comment elles meurent ou survivent sous d’autres formes (l’antique paganisme européen survit dans maintes manifestations folkloriques comme le carnaval, les feux de la Saint Jean…)

L’HR est très sensible au contexte des religions : les religions plus que tout autre expression de l’humanité sont liées dans toutes leurs manifestations à l’espace-temps, à leur époque, à leur espace géographique (sociétés, coutumes, mentalité).

Elle se subdivise en

  1. histoire particulière de chaque religion ( histoire du christianisme, histoire de l'islam etc..., cf. Mircea ELIADE, Histoire des idées et des croyances religieuses)
  2. histoire génétique des religions : comment les religions s’engendrent les unes les autres (judaïsme ---> christianisme ---> mormonisme, islam + hindouisme ----> sikhisme, hindouisme ---> bouddhisme).

 Méthode

Elle est fondée sur l’étude des sources littéraires qui se trouvent consignées dans les textes canonisés des écrits sacrés, dans les paroles, les biographies des fondateurs de religions, les mythes, les inscriptions, les prières, la liturgie…

Un historien des religion doit donc d’abord être un bon linguiste. Il doit connaître non seulement une langue orientale, mais le plus possible delangues orientales. (sanskrit, arabe, hébreu, pali, tibétain, chinois, japonais....), sans oublier le latin et le grec.

Les compétences linguistiques sont également importantes, parce qu’un historien des religions doit pouvoir explorer le plus de religions possibles. Ceci est important à cause des possibilités de comparaison entre religions. Quiconque n’a pas de vue d’ensemble de l’histoire du maximum de religions risque de tomber dans le piège de considérer comme singulier ce qui est présent par ailleurs et de le considérer comme typique (ex : la résurrection qui n’est pas propre au christianisme, voir ci-dessous le mythe d'Ishtar et de Tammouz). L’historien des religions, quand il étudie une religion particulière doit être capable de la replacer dans une optique plus générale, dans son articulation au phénomène religieux mondial.

Le mythe d'Ishtar et de Tammouz

Ishtar, déesse de l'amour et de guerre (c-à-d qui régit la vie et la mort) épouse le berger Tammouz qui devint ainsi le souverain de la cité. Un jour, Ishtar décide de descendre aux Enfers (séjour des morts) pour supplanter sa soeur aînée, c-à-d pour abolir la mort. Elle réussit à pénétrer dans le palais de sa soeur, mais doit se dépouiller de tous ses vêtements, c-à-d abandonner tout son pouvoir. Sa soeur la fixe alors du regard de la mort et son corps devient inerte. Des messagers venus du monde d'en-haut parviennent à la rejoindre, mais les sept juges de l'enfer la retiennent en disant: " Qui donc, descendu aux enfers, est jamais remonté de l'enfer sans dommage ? Si Ishtar veut remonter des enfers, qu'elle fournisse un remplaçant ! ". Le remplaçant sera son mari Tammouz. Devant les lamentations de Tammouz, la souveraine des enfers décide qu'il ne restera qu'une moitié de l'année dans le monde des morts et que sa soeur le remplacera pour l'autre moitié.

Comment interpréter ce mythe ? Il raconte l'échec de la déesse de l'amour et de la fertilité pour conquérir le royaume de sa soeur, c-à-d pour abolir la mort. Les hommes doivent accepter comme le dieu Tammouz l'alternance vie/mort. La vie et la mort sont deux faces d'une même réalité, la vie et la mort formant un tout indivisible. Mais ce drame rappelait aussi à l'homme que la souffrance n'est jamais définitive, que le mort est toujours suivie de résurrection, que toute défaite est annulée et dépassée par la victoire finale.

Le christianisme historicisera ce schéma en l'appliquant à un personnage historique Jésus de Nazareth et en le transformant en schéma linéaire. Jésus de Nazareth est ressuscité une fois pour toutes et à un moment précis de l'histoire de l'humanité, sous Ponce Pilate, comme le dit le credo.


Sources: ouvrages de Günter LANCZKOWSKI

ELIADE Mircea, Histoire des idées et des croyances religieuses, Paris, Payot, 1976-1981

2ème heure:

1. Quelques croyances fondamentales de l'hindouisme

L'une des croyances les plus importantes est la croyance que ce que nous sommes actuellement est le fruit d'une maturation qui s'est étalée sur des milliards d'années (une grande période cosmique, "para" = 311.000 milliards d'années), et que cette maturation va se poursuivre au besoin encore sur d'autres milliards d'années. C'est la doctrine du karman et de la réincarnation. Le karman ce sont les traces que laissent nos actions dans notre âtman (âme). Ces traces altèrent la qualité de notre âtman. De bonnes actions la rendent plus fine, plus subtile, de mauves actions la rendent plus grossière. Notre prochaine incarnation dépend donc de la qualité de notre âtman.

L'échelle de la réincarnation: au bas de l'échelle se trouve les plantes, puis viennent les animaux, l'être humain et les deva-s (dieux inférieurs).

Autre croyance: la conviction profonde que la vocation de l'homme est de faire effort pour s'échapper de l'impermanence des choses et d' atteindre l'émancipation finale de la condition humaine et de sortir ainsi  du cycle des réincarnations.

Classiquement il y a 4 voies de libération du cycle des renaissances:

- la liturgie

- la connaissance libératrice (jñâna)

- la bhakti (la dévotion à une divinité seigneur, tels Vichnou ou Shiva, ou à une incarnation d'une divinité seigneur, tel Krishna, incarnation de Vichnou)

- l'ascèse (le yoga)

2. Grandes différences entre l'hindouisme et le bouddhisme

 

                          Hindouisme                                                     Bouddhisme

     1) réincarnation                                                         1) réincarnation

         karman                                                                        karman

    2) Absolu = le Brahman                                            2) Absolu = le Vide

        Dieu souverain (îshvara)                                             Pas de dieu souverain

        Croyance en l'âtman                                                    Pas de croyance en l'âtman

    3) corpus = le Veda                                                     3) corpus = le Tripitaka

        langue: sanskrit                                                            langues: pali, sanskrit, tibétain

4) existence d'un système de classes et de castes        4) inexistence d'un système de classes et de castes

 

Sources:

L Renou, L'Inde classique, 2 vol., Paris, 1947

J Gonda, Les religions de l'Inde, 2 vol.,Paris, 1962, 1965

Ysé Tardan-Masquelier, Comprendre l'hindouisme, Paris, Bayard, 1999

Madeleine Biardeau , Clefs pour la pensée hindoue, Seghers

Maurice Cocagnac, Les racines de l’âme hindoue,1984

Jean Herbert, L’hindouisme vivant, Robert Laffont

Id., La mythologie hindoue, son message, Spiritualités vivantes , Albin Michel

Id., Spiritualité hindoue, Spiritualités vivantes, Albin Michel