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Les quatre étapes de la vie (âśrama)
© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg
1) Etudiant brahmanique ou brahmacârin (jusqu'à 16 ans): à partir de 8 ans pour les garçons brahmanes, 11 ans pour les kshatriyas, 12 ans pour les vaiçyas. Le maître s'appelle le guru (pr. gourou) c-à-d, "celui qui a du poids".
Guru et élève Après la petite enfance où il est assimilé à un çudra, le jeune garçon est admis à devenir brahmacârin, c'est-à-dire étudiant, chez un maître, des textes védiques. Cette période qui commence à l'âge de huit ans pour les jeunes brahmanes et se prolonge jusqu'à seize ans, est marquée par des observances qui font de l'enfant, puis de l'adolescent un véritable ascète. Tôt levé le matin, il doit servir son maître, en particulier entretenir le feu sacrificiel avec du bois. Il est soumis à des pratiques de pureté rituelle particulièrement exigeante: il est vêtu d'une peau d'antilope noire (qu'il a reçu lors de la cérémonie d'initiation), il mendie sa nourriture, doit observer une chasteté rigoureuse. Plusieurs par jour sont consacrées à la mémorisation du groupe de textes védiques qu'il devra par la suite réciter quotidiennement, suivant le Veda et l'école védique auxquels il appartient par filiation. Quand ses études sont terminées, qu'il a pris le bain rituel final et donné les honoraires à son gourou (dakshinâ), il retourne chez son père où il est considéré comme bon à marier. 2) Maître de maison ou grihastha (à partir de 16 ans), où il doit accepter toutes les obligations rituelles, engendrer des fils et au moins une fille (à cause de l'alliance avec une autre lignée). Seul le grihastha peut être sacrifiant (yajamâna). Le jeune brahmane qui retourne à la maison de son père après avoir pris le bain rituel qui met un terme à ses études védiques ne peut pas encore offrir des sacrifices quotidiens et périodiques. C'est le mariage, dont le rituel comprend un feu à titre principal, qui inaugure sa vie de maître de maison (et de prêtre domestique), le feu du mariage devenant le feu sacrificiel du jeune couple. L'épouse est obligatoirement associée au sacrifice, si bien que le maître de maison veuf ne peut plus offrir de sacrifices. Ces règles valent aussi pour le brahmane qui officie au temple, car le rituel du temple n'est qu'un prolongement du rituel domestique. Un brahmane doit être régulièrement marié pour pouvoir officier au temple (comme à la maison). Un brahmane veuf ne peut plus officier ni à la maison ni au temple. Pour plus de détails voir: le temple: prêtres et prêtresses et Le rituel hindou. Les femmes peuvent être prêtresses dans certains cultes hindous. Voir Sârada Devî, épouse de Râmakrishna, qui était prêtresse de Kali. 3) Retraite religieuse, on est alors vânaprastha (à partir du moment où l'on commence à avoir des petits enfants). Le maître de maison vieillissant, ayant vu sa descendance assurée par la naissance d'un fils de son fils, a la possibilité de se dégager de ses obligations rituelles en passant au troisième stade de la vie, le vânaprastha. Le vânaprastha se retire dans la forêt avec sa femme. Il y garde encore provisoirement ses obligations rituelles, et il a donc des feux, qui ne sont cependant pas les mêmes que ceux de la période précédente. En même temps, il pratique des austérités qui lui valent un accroissement de ses pouvoirs spirituels. Cette période est une transition entre l'état de maître de maison et celui de renonçant complet. 4) Renonçant complet, ou samnyâsin: vie érémitique errante (sur le rituel du renoncement, voir ici )
Samnyâsin-s dans l'Himalâya
Renonçants nus
Renonçant méditant sous un arbre Autre photos de renonçants: (1) (2) (3) (4) (5)
Le renonçant est solitaire. Il n'a plus de feux, plus d'obligations rituelles, plus de statut social, plus de demeure fixe. On entre dans l'état de renonçant après une grandiose cérémonie d'inhalation des trois feux, signifiant par là, que le sacrifice sera désormais intérieur.. Il se nourrira désormais , soit de nourriture sauvage et crue (puisqu'il n'a plus de feu), soit, et c'est le cas le plus habituel, de nourriture reçue en aumône. En principe, seul l'ancien maître de maison (donc des trois premières classes) a droit au nom de samnyâsin. Aux autres, qui peuvent être issus de basses castes, on donnera le nom de yogin.
Sources: Madeleine Biardeau , Clefs pour la pensée hindoue, Seghers Les lois de Manou, trad. G. STREHLY, Paris, 1896 The Law of Manu, trad. G. BÜHLER, Sacred Books of the East, 25 Dharmasûtra, trad. G BÜHLER, SBE 2 + 14 Grihyasûtra, trad. OLDENBERG, SBE, 29 + 30 John Muir, Original sanskrit texts on the origins and progress of the religion and institutions of India, Londres, 1858 L. Renou, L'Inde classique, 2 vol., Paris, 1947 J. Gonda, Les religions de l'Inde, 2 vol.,Paris, 1962, 1965 Benjamin Walker, Hindu World, An Encyclopedic Survey of Hinduism, New Delhi, 1983
Bibliographie Introduction: L'unité de l'hindouisme, Les croyances fondamentales, Chronologie Les Ecritures: Le Veda, Les Upanishads, La Bhagavad-Gîtâ Notions védiques fondamentales: les quatre classes, les quatre buts de la vie, les quatre étapes de la vie, les 3 naissances, la quadruple dette La réincarnation Les Darshanas: le sâmkhya, le yoga, le vedânta,
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