Dans l'ancienne Rome: l'inauguratio
du rex sacrorum (grand-prêtre) et des flamines majeurs
consistait en une imposition des mains et un auspicium: on
prenait donc les auspices, c-à-d on s'interrogeait sur l'assentiment
des dieux en observant le vol des oiseaux (auspicium = avis
(oiseau) + spicium (observation)).
Souvent hérédité et
consécration sont liées.
Dans l'ancien Israël, il
y avait une cérémonie d'onction des prêtres qui étaient par
ailleurs choisis dans la même tribu, celle de Lévi. Mais dans le judaïsme
postérieur, les deux ne le seront plus. L'ordination des rabbins se
faisait par imposition des mains, rite qui passera dans le
christianisme pour l'ordination des prêtres.
Le sens de la consécration
est celui d'une filiation spirituelle. L'ordination d'un moine
bouddhiste, par exemple, suppose une chaîne spirituelle qui remonte
jusqu'au Bouddha lui-même. Les rabbins juifs admettaient une chaîne
ininterrompue d'imposition des mains (semikhâ) depuis Moïse
par Aaron (Nb 27.18ss, Dt 34.9).
Souvent s'y ajoute un élément
ascétique, par exemple sous la forme de la chasteté temporaire
(requise un certain temps avant l'accomplissement des rites) ou la
chasteté continue sous la forme du célibat. Dans le monde des
religions, l'émission de sperme est considérée comme une perte de
puissance; or pour affronter le sacré, il faut la plénitude de la
puissance.
Dans les Eglises
orientales (où les prêtres sont mariés), on prescrit la continence
aux prêtres la veille de la célébration eucharistique.
Les Vestales devaient
rester chastes durant tout le temps de leur sacerdoce (30 ans). Leur
chasteté garantissait, dans l'esprit des Romains, la prospérité de
l'Etat, dont elles gardaient le centre d'énergie, le feu sacré. Une
violation de la chasteté était considérée comme un crime affreux,
un crime contre la sûreté de l'Etat. Une Vestale qui le commettait
était enterrée vivante sur le campus sceleratus.
Les femmes dans le
monde religieux
Elles y exercent plutôt
des fonctions non-institutionnelles.
- Elles sont souvent guérisseuses
et magiciennes: elles connaissent les formules magiques liées aux
fonctions de la reproduction notamment l'accouchement.
- Elles sont également
chanteuses et musiciennes: chants et musiques avaient à l'origine
une fonction sacrée
- Les femmes étaient
souvent oracles comme la Pythie de Delphes
- Il y avait des prêtresses
dans la religion germanique, en Egypte, dans la religion sumérienne,
surtout dans les cultes de fécondité. Il y a des prêtresses
dans certains cultes hindous, notamment le culte de Kali, où le
culte s'adresse à l'aspect féminin de Dieu.
- Il y avait des prostituées
sacrées en Mésopotamie (culte d'Ishtar ou d'Astarté) et en
Inde. Elles représentaient la déesse-mère ou la déesse de la fécondité.
La
prostitution sacrée en Mésopotamie
Dans la mythologie sumérienne
on parle des noces d'Inana
(= akkadien Ishtar) et de Dumuzi (= akk. Tammuz). On sait par les
hymnes qui nous sont parvenus que le roi de Babylone, au Nouvel An,
s'unissait avec la grande prêtresse d'Ishtar par un hieros
gamos (= "relations sexuelles sacrées"). La grande
prêtresse représentait Ishtar et le roi (agissant en tant que grand
prêtre) Tammuz. C'était un rite de fécondité qui devait garantir
le renouvellement des énergies dans la nature et dans l'Etat, à
l'aube de la nouvelle année. Autre interprétation: Ishtar possédait
une force magique numineuse le "me" qui garantit l'ordre du
monde et qu'elle transmet au roi lors du hieros gamos. Il s'agissait
donc pour le roi de recueillir la force qui fonde sa royauté.
Autre exemple: à Ur, au
temple de Nanna (ou Sîn, la divinité lunaire), il y avait des hiérodules
(sumérien nin-dingir, akk. entum) considérées comme
les épouses du dieu Nanna/Sîn, représenté en fait par le roi.
Le roi n'était pas le
seul à pouvoir bénéficier de relations avec les prostituées sacrées.
On sait qu'il y avait des hiérodules accessibles au commun des
mortels, dans la plupart des temples babyloniens. Elles portaient des
noms divers: nadîtum, qadishtum, isharîtum.
La
prostitution cultuelle en Inde
Dans le Veda (-1500 à
-600) est absente toute allusion à une forme quelconque de
prostitution sacrée. La première devadâsî à être signalée
l'est dans une inscription du 2ème s. après JC en Inde
centrale, dans la grotte de Jogîmârâ, près de Râmgarh.
Les devadâsî-s
sont attestées massivement en Inde à partir du 6ème s
après JC. Elles avaient pour fonction les danses sacrées, le chant,
la musique et la prostitution sacrée.
Les devadâsî-s étaient
consacrées aux dieux, c-à-d à leurs représentants, les prêtres,
et souvent accessibles aussi aux simples fidèles. Les relations
sexuelles auxquelles elles se prêtaient étaient considérées comme
un rite sacré de fécondité, qui devait servir à augmenter la fécondité
des gens, des animaux et de la terre, car dans les civilisations
anciennes la fécondité n'est pas un donné, elle vient des dieux.
A certaines époques le
nombre de devadâsî-s semble avoir été considérable.
Le temple de Somanatha hébérgeait
350 devadâsî-s au moment de sa destruction par le conquérant
turco-mongol Mahmûd de Ghazni en l'an 1026.
Le voyageur chinois
Chao-Ju-Kua rapporte en 1226 que le Gujarat comportait 4000 temples
avec 20.000 devadâsî-s.
Leur existence est également
rapportée par le récit de Marco Polo (1254-1324).
Au 19ème et
au,20ème s. l'influence de la morale britannique de l'époque
eut pour conséquence l'interdiction de la prostitution sacrée à
Madras et à Bombay.
Dans
la Thora
La femme du prophète Osée
était une prostituée sacrée des cultes cananéens de la fécondité
(cf. Osée 1.2, 4.13-14).
Symbolique
sexuelle
La symbolique et le rituel
sexuels sont importants dans beaucoup de religions.
La conception
"immaculée" (sans relations sexuelles) est affirmée dans
le cas de la divinité iranienne Mithra (sous la forme d'un esprit
entrant dans le corps d'une vierge) , du Bouddha (sous
la forme d'un petit éléphant blanc entrant dans le corps de la mère
du Bouddha, les parents du Bouddha vivant dans la continence) et
de Jésus. La conception sans relations sexuelles signifiant
qu'il y a une dimension autre dans la naissance de certains êtres que
la seule dimension biologique.
Dans la statuaire hindoue,
Shiva est souvent représenté enlaçant sa partenaire féminine la Shakti.
Cette représentation n'a d'autre sens que l'Absolu se situe au-delà
des dualités, symbolisée ici par l'une d'entre elle, la polarité
entre le masculin et le féminin. Vichnou,
quant à lui, est souvent représenté comme ayant trois têtes
(le Vichnou tricéphale): une tête masculine, une tête féminine, et
une tête neutre qui transcende le masculin et le féminin.
Sur d'autres exemples de
relation entre religion et sexualité, cliquer ici.
Sources:
* toute l'oeuvre de Mircea Eliade (voir
ici §
II.2)
* HEILER Friedrich, Ercheinunngsformen und Wesen
der Religion,Kohlhammer, Stuttgart, 1979
* VAN DER LEEUW G., La religion dans son essence
et sa manifestation, Phénoménologie de la religion, Payot,
Paris, 1970
* WIDENGREN Geo., Religionsphänomenologie,
Walter de Gruyter, Berlin, 1969
* Janine FAVRE-SAADA, La
sorcellerie en Normandie
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