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                              L'organisation sociale de l'Arabie pré-islamique

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

 Entre les différentes tribus, les relations étaient le plus souvent pacifiques, mais comme partout ailleurs parfois c'était la guerre. La misère obligeait certaines tribus à pratiquer la razzia, dont les règles étaient codifiées par le droit coutumier. On raflait les biens, mais sans causer de mort d'homme, autant qu'il était possible. C'est que l'homicide entraînait une vendetta (tha'r) sans fin, à moins que l'on ne payât le prix du sang.

On distingue les nomades (ahl al-wabar) des sédentaires (ahl al-madar).

A la base de la société, il y a la famille élargie avec les collatéraux.

Un certain nombre de familles forment un clan, qui porte le nom de l'ancêtre commun. L'ensemble des clans apparentés forment une tribu.

La famille était rassemblée dans une tente (nomades) ou une maison 'sédentaires) . Dans chaque tente, le chef de famille rassemblait autour de lui sa femme, d'ordinaire unique, ses enfants et ses esclaves. Les tentes voisines étaient celles des proches. La tribu se groupit autour de la demeure du chef en un cercle de tentes ou chez les sédentaires en un quartier.

Hors de la tribu, toute vie était impossible. Une solidarité très forte ('asabiyya) liait les membres d'une même tribu.

 La justice pénale était régie par la loi du talion ("œil pour œil, dent pour dent") et la vendetta solidaire de clan à clan.

L'art de la parole

Dans l'Arabie du centre et du nord, il n'y avait qu'un seul art, celui de la parole. Les Arabes admiraient, hier comme aujourd'hui, les hommes éloquents, qui savaient donner une répartie fine à un argument embarrassant, l'homme qui savait faire adopter ses vues dans les discussions.

La poésie était l'art le plus estimé. Et celle de l'époque anté-islamique (la djâhiliyya) était de toute beauté. Le poète était redouté à l'égal d'un magicien, parce qu'il pratique l'alchimie des mots et des sons, et on le supposait inspirait par un djinn. Des joutes oratoires étaient organisées où l'on vantait sa tribu et où l'on vilipendait la tribu adverse. Les Arabes ont toujours été des maîtres de la poésie satirique (hidjâ').

Dans les cabarets de La Mecque, les chanteuses composaient et chantaient des chansons satiriques contre Mohammed. Le Prophète s'exprimait par le Coran. C'était un affrontement entre deux discours.

La vertu que l'on prisait le plus chez l'homme était la muruwwa, la forme de la virilité idéale chez les Bédouins, une combinaison de vaillance, de loyauté, d'astuce au service du clan, de générosité et d'hospitalité ostentatoire. Chez la femme, c'est l'aptitude à la vie de famille qui était prisée.

Les cadres de la tribu

1. Le chef de la tribu

La tribu était dirigée par un chef (cheikh ou sayyid), dont l'autorité dépendait strictement de son prestige personnel. Il fallait qu'il le maintienne intact à tout moment. Il devait déborder de qualités, se conserver une clientèle par ses largesses et son affabilité, faire preuve de modération, suivre la volonté secrète de ceux qu'il entend commander.

Il est élu par les chefs de famille, souvent parmi les membres d'une famille privilégiée. Son rôle n'est pas de commander, mais d'arbitrer les différends conformément à la coutume (arabe: sunna) .

2. Devins (kâhin), sorciers ('arrâf) et prêtres

Les prêtres de la religion traditionnelle arabe (celle d'avant l'islam) étaient les interprètes de la divinité, pour prononcer les oracles et dire le sort. Le prêtre de la divinité Hubal lançait ainsi sept flèches pour interpréter l'avenir.

Les devins arabes se livraient à des interprétations en se fondant sur le vol des oiseaux. Mohammed supprimera cette superstition, mais à son mariage avec Aïcha, les femmes n'en crièrent pas moins Khayr Tayr ("bon oiseau, bon augure").

Le devin (kâhin) vaticinait en une sorte d'extase. Il connaissait les herbes qui lui dévoilaient les secrets de la nature. Les extases de Mohammed apparaîtront à ses détracteurs comme étant du même ordre, et on viendra les consulter pour retrouver l'identité de son père ou une chamelle égarée.

Le 'arrâf était un devin doué d'une science supérieure. Il était informé par l'un de ces djinns qui savaient monter jusqu'au bord du ciel inférieur et y surprendre les secrets de la divinité. C'était aussi un magicien qui savait retrouver le coupable d'un crime par des procédés magiques.

Les djinns étaient censés susciter des songes, qui, correctement interprétés, livraient la clé du destin. Ces djinns étaient appelés hâtif ("parlant à voix basse").

3. Le guérisseur

Le guérisseur (ar. tabîb), de là vient le mot français "toubib"), savait annuler l'effet des nœuds que les djinns nouaient pour créer des maladies.

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Géographie de l'Arabie, organisation sociale, situation religieuse (la religion arabe traditionnelle, Juifs et Chrétiens)

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