Le tantrisme

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Le Vajrayâna

 

© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Le vajra est le foudre, originellement le foudre de la divinité hindoue Indra, sceptre émettant des éclairs. Dans le bouddhisme tantrique, le vajra désigne l'illumination intérieure  par laquelle l'homme se rend compte de sa vacuité essentielle, autrement dit de sa bouddhéité. C'est aussi l'instrument rituel du culte du moine vajrayâna, qui comme l'éclair d'Indra, détruit les ténèbres de l'ignorance.

Pour le Vajrayâna, le monde n'est qu'une représentation de l'esprit.

Ainsi chaque objet du cosmos possède une nature individuelle qui se laisse exprimer par une "semence verbale" (bîja-mantra). Quiconque, en tant qu'initié, connaît le bîja-mantra d'un bouddha transcendant ou d'un bodhisattva, peut, par la prononciation de cette formule et sa concentration sur elle, le faire apparaître dans sa conscience.

Dans l'hindouisme déjà, il était entendu que dans le processus de l'adoration d'une divinité, il fallait que l'adorant s'élève au  même plan que la divinité, et devienne en quelque sorte lui-même un dieu, selon la formule sanskrite  "quiconque ne se change pas en dieu ne peut devenir un dieu " (na adevo devam arcayet)  (sur l'application de ce principe dans l'hindouisme voir ici ) .

Dans le processus de méditation tantrique, il s'agit aussi en quelque sorte de devenir un dieu ou plutôt une divinité tutélaire (yi dam) qui s'avère être un bouddha ou un bodhisattva.

Le méditant part d'une formule de méditation qui décrit l'aspect et les symboles des diverses divinités, puis il se concentre sur une particularité déterminée, choisie par lui. Il crée un espace-temps en lui que la divinité viendra occuper. Il transforme dans son esprit le lieu où il se trouve en un paradis jusqu'à ce que celui-ci se tienne effectivement devant lui. Au milieu de celui-ci un palais divin. En son milieu un lotus blanc, s'il s'agit de dieux lumineux bienveillants, un lotus rouge dans le cas de divinités effrayantes. Il contemple sur ce lotus la syllabe magique génératrice, symbole sonore représentant l'essence de la divinité concernée (bîja-mantra).

Si par ex. P'yag (pr ja) na rdo rje doit être évoqué, le méditant se concentre sur la syllabe hûm dans son coeur, jusqu'à ne faire qu'un avec cette divinité sous son aspect particulier évoqué par lui. Une telle transformation s'appelle dam ts'ig sems dpa' ( skt samaya-sattva).

Catharsis

On attribue à chaque individu sa divinité protectrice (yi dam lha), la forme du divin avec laquelle il est en harmonie et qui en vertu de cette attache mène dans la bonne voie la réalisation de sa catharsis.

Le but des exercices mystiques du vajrayâna est en effet une espèce de catharsis. Il ne s'agit point de réprimer les faiblesses humaines, les passions, mais de les transférer sur un plan supérieur. Les passions ne doivent pas être réprimées, elles sont inhérentes à notre nature. Il convient de les sublimer en les purifiant graduellement, ce faisant on en fait l'instrument de leur propre abolition. " L'homme tel qu'il vit dans le monde est né à cause des passions, mais au moyen de la passion elle-même il redevient libre " (rDo rge gur).

Le but de la liturgie et des exercices mystiques est d'élever le sems (l'énergie spirituelle du corps inné), il devient sgyu lus (corps subtil), ye she lus (corps de conscience sublimée). Il s'agit de transformer le moi précipité dans la structure espace-temps en un moi délivré de la structure espace-temps.

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