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Ralph Stehly

Un traité d'éthique islamique: le Kitâb al-Kabâ'ir de Shams al-dîn al-Dhahabî (17)

Chapitre troisième

Les fautes graves contre les fondements de la religion (usûl ad-dîn)

 

deuxième châtié. Mais qu'en est-il de celui chez qui sont mélangées les deux tendances ? Si c'est le mobile religieux (bâ'ith dînî) qui l'emporte, il mérite récompense, par contre si c'est le mobile psychique ('ith nafsî) qui prédomine, l'acte mérite châtiment.

Si les deux se contrebalancent, il n'y a ni récompense, ni châtiment. A l'objection de Coran 18. 110 Ghazâlî répond qu'il concerne le cas où le mobile psychique est seul présent. Dans ce cas, effectivement, il y a annulation de la rétribution. Mais de toutes façons, il est impossible à l'homme de connaître lequel des deux mobiles a le dessus.

Le culte pur (ikhlâs)

Le pendant du ri' c'est l'ikhlâs , le culte pur et sincère. Son summum est de ne pas aimer la louange des gens, selon un hadîth d'Abû Ya'qûb al-Makfûf. Quand au mukhlis (celui qui s'adonne au culte pur), c'est qui cèle les bonnes actions de la même manière qu'il cèle les mauvaises. Dhahabî s'en tient donc, pour ce qui concerne l'ikhlâs, à une pure définition sociologique qui ne le situe que par rapport à l'opinion des gens. C'est une tendance générale dans le hadîth, d'ailleurs, que de définir l'ikhlâs par rapport au regard d'autrui posé sur l'orant.

 

On trouve cependant des hadîth qui définissent l'ikhlâs comme une intimité exclusive avec Dieu. Ainsi Dieu, dit-il, de l 'ikhlâs dans un hadîth de Hasan al-Bas

"c'est un Mien secret que Je confie au coeur de celles de Mes créatures que J'aime". (4)

 

C'est dans cette voie que Ghazâlî s'est engagée.

L'ikhlâs est,  pour lui, dépouiller le désir de se rapprocher de Dieu de tous les éléments adventices qui pourraient l'entacher (shâ'iba) Far exemple: jeûner en vue de Dieu seul, et non par hygiène, affranchir un esclave en vue de Dieu seul et non à cause de son mauvais  caractère.  C'est: "suivre la Voie Droite selon ce qui t'a été ordonné, ne pas adorer ni tes passions, ni ta personne (nafs),  n'adorer que ton Seigneur, suivre la Voie Droite dans son Culte, comme il t'a été ordonné. C'est couper de la trajectoire du regard tout ce qui n'est pas Dieu".

.

La magie et la créance ajoutée au devin et à l'astrologue

Fondement coranique: Coran 2.96/102

"Mais les démons furent infidèles . Ils enseignèrent aux hommes la sorcellerie. Ceux-ci (4) n'instruisaient personne avant de [lui ]dire :  "Nous sommes seulement une tentation.  Ne sois pas impie !". Les Démons apprenaient de [Hârout et Mârout] ce qui sème la désunion entre le mari et son épouse.[Les Démons]ne se trouvent nuire à personne, par cela, sauf avec la permission de Dieu, ils apprenaient ce qui ne leur nuisait ni leur était profitable. [Les Fils d'Israël] apprirent que ceux qui ont acheté [l'art de tenter autrui] n'ont nulle part (khalâq) en la Vie Dernière"

 

La magie est non seulement strictement défendue (harâm),  elle est impiété Le magicien lui-même est impie.

Sont assimilés à la magie l'alchimie (sîmyâ') berceau de la magie, tout rituel secret destiné à semer la désunion ou au contraire un rapprochement des époux. Car on y utilise des mots  cryptés dont la plupart sont de 1'associationnisme. De même, la sorcellerie par incantation (ruqya), l'usage d'amulettes ( tamîrna) et de sortilèges ( tawla) , parce que ceux qui pratiquent ces rites croient pouvoir influer sur la toute-puissance de Dieu. Mais si les incantations se font à l'aide de versets coraniques (1) ou de noms de Dieu, c'est un adiaphoron (mubah)".

La magie fait partie des sept mûbîqât. Son châtiment est la mort, car  elle est impiété au sens plein du terme, ou en présente les traits majeurs.  De nombreux hadîth l'attestent dont le suivant:

  " Le châtiment du magicien, c'est l'exécution par le sabre".

Quant à la condamnation de la créance ajoutée au devin (kâhin) et à l' astrologue,  elle se fonde sur  Coran 17. 38/36 s

"Ne suis point ce dont tu n'as pas connaissance: l'ouïe, la vue , le coeur, de tout cela il te sera demandé compte"

et

" Il sait [seul] l'Inconnaissable et il ne met personne au fait de cet Inconnaissable "

Même aux prophètes, Dieu  n'a fait que révéler ce qu'il voulait bien révéler de  cet Inconnaissable., Quiconque prétend donc que les astres donnent des indications sur l'Inconnaissable est un impie, car il prétend se mettre à la place de Dieu.

"Qui ajoute créance à un devin (kâhin) ou à un voyant  ('arrâf) nie (kafara) la Révélation faite à Muhammad" (3)

"Qui ajoute foi à un 'arrâf, sa prière ne sera pas agréée pendant 40 jours" (4)     -->

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Copyright Ralph Stehly. Reproduction autorisée uniquement à des fins non commerciales, et à la condition de citer l'auteur et le site.

 

 

(Notes non encore construites !)

(1) "Que quiconque espère rencontrer son Seigneur, accomplisse

oeuvre pie et qu'il n'associe personne au culte de son Seigneur"•

(2) Sur l'ihlâç voir Gunya IIf 7 3-7 5

~^ ~ Ifcyà" I\ , 362-368

H. LAOUST, La politique de Gazâlî, p. 286.

Bahya ibn Paqûda, Hldâya, p. 228-229 (Trad. Chouraqi)•

  1. Il s'agit évidemment du mystique al-Hasan al-Basrî"
  2. In ôunyat loc" cit.
  3.  
    1. Ibyâ<
    2. Faute grave n° 3, p. 14-16 Aro as~sifyr.
    3. Faute grave n° 46? p. 163-166 Ar" tasdîq al-kâhin wa-l~munag-girru
    4. C-à-d Hârout et Mârout.
    5. Sur la magie s Ifayâ' I 15, 27

    Umm I 226-227 MuÇnî VII.: 123-155 Tafsîr I 334-353 Mafâtifr I 427-440 Profession pe 155-156.

     

     

    (1) C'est aussi l'opinion d5Ibn Oudama (loc" cit")9 qui ajoute

    qu'elles sont bénéfiqueso Le jurisconsulte hanbalite (né à Jérusalem en 541/1146 et mort à Damas en 620/1223) autorise, en outre, Uexorcisme (ta"zîm)o

    1. Cfl che II de notre travail®
    2. Hadît d'Abû Hurayra.
    3. Hadît In. Muslirru Ibn Qudâma distingue ainsi le kâhin du aarrâfg le kâhin est possédé (ra'iyy) par un djinn qui lui apporte

    des informations, tandis que le *arrâf conjecture (fradasa) et devine (tamarrasa)@