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Krishnamurti: Mieux comprendre la mort  (vendredi 30 mars 1984, Dernier journal, p.160-162, Editions du Seuil, 1997)

 

 (...) Les enfants sont doués d'une extraordinaire curiosité. Si vous comprenez la nature de la mort, vous n'aurez pas à indiquer que tout meurt, que la poussière retourne à la poussière, mais, sans aucune peur, vous leur expliquerez doucement la mort. Vous leur ferez sentir que vivre et mourir ne font qu'un, ne sont qu'un seul mouvement qui ne commence pas à la fin de la vie après cinquante, soixante ou quatre-vingt-dix ans, mais que la mort est comme cette feuille. Voyez les hommes et les femmes âgés, comme ils sont décrépits, perdus, malheureux, comme ils sont laids. Serait-ce qu'ils n'ont pas compris ce que signifie vivre ou mourir ? Ils ont utilisé la vie, s'en sont servis, l'ont gaspillée dans le conflit sans fin qui ne fait qu'exercer et fortifier la personne, le moi, l'ego. Nous passons nos jours en conflits et malheurs de toutes sortes, parsemés d'un peu de joie et de plaisir, mangeant, buvant, fumant, dans les veilles et le travail incessant. Et, à la fin de notre vie, nous nous trouvons face à cette chose qu'on appelle la mort et dont on a peur. Et l'on pense qu'elle pourra toujours être comprise et ressentie en profondeur. L'enfant, avec sa curiosité, peut être amené à comprendre que la mort n'est pas seulement l'usure du corps par l'âge, la maladie, ou quelque accident inattendu, mais que la fin de chaque jour est aussi la fin de soi-même.

Il n'y a pas de résurrection, c'est là une superstition, une croyance dogmatique. Tout ce qui existe sur terre, sur cette merveilleuse terre, vit, meurt, prend forme, puis se fane et disparaît. Il faut de l'intelligence pour saisir tout ce mouvement de la vie, et ce n'est pas l'intelligence de la pensée, des livres ou du savoir,  mais l'intelligence de l'amour, de la compassion avec  sa sensibilité. Nous sommes tout à fait certains que si l'éducateur comprend la signification de la mort et sa  dignité, l'extraordinaire simplicité de mourir — s'il la  comprend, non pas intellectuellement mais en profondeur — il parviendra alors à faire saisir à l'étudiant ou à l'enfant que mourir, finir, n'a pas à être évité car cela fait partie de notre vie entière. Ainsi, quand l'étudiant ou l'enfant grandira, il n'aura jamais peur de sa fin. Si tous les humains qui nous ont précédés, de génération en génération, vivaient encore sur cette terre, ce serait terrible. Le commencement n'est pas la fin.

Et nous voudrions aider — non, ce n'est pas le mot juste — nous aimerions, dans l'éducation, donner à la mort une certaine réalité factuelle, non pas la mort d'un autre, mais la nôtre. Jeunes ou vieux, nous devrons inévitablement lui faire face. Ce n'est pas une chose triste, faite de larmes, de solitude, de séparation. Nous tuons si facilement, non seulement les animaux destinés à notre alimentation, mais encore ceux que nous massacrons inutilement, par divertissement — on appelle cela un sport. Tuer un cerf, parce que c'est la saison, équivaut à tuer son voisin. On tue les animaux parce que l'on a perdu contact avec la nature, avec les créatures qui vivent sur cette terre. On tue à la guerre au nom de tant d'idéologies romantiques, nationalistes ou politiques. Nous avons tué des hommes au nom de Dieu. La violence et la tuerie vont de pair

Et devant cette feuille morte dans toute sa beauté, sa couleur, peut-être pourrions-nous être conscients au plus profond de nous-mêmes, saisir ce que doit être notre propre mort, non pas à la fin ultime, mais au tout début de notre vie. La mort n'est pas une chose horrible, une chose à éviter, à différer, mais plutôt une compagne de chaque jour. De cette perception naît un immense sens de l'immensité.

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