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 Le Kâma-Sûtra

 

Le Kâma-sûtra fait partie de la littérature des sûtra-s, composée d'aphorismes lapidaires, faciles à mémoriser. C'est un genre littéraire qui fait partie de la smriti (la tradition transmise par la mémoire, par opposition à la śruti, la révélation védique).

Il y a donc un kâma-sûtra, comme il y a des Grhya-sûtra (traités aphoristiques sur le rituel domestique) ou des Dharma-sûtra (traités aphoristiques sur le dharma, ou la Norme universelle). Il y a aussi des Yoga-sûtra (sur le yoga). Ces recueils de sûtra-s correspondent aux  4 buts de la vie: moksha (ou libération du cycle des renaissances), dharma (ou respect de la Norme universelle), artha (ou recherche des gains matériels), kâma (désir et recherche de la jouissance).

D'après la mythologie hindoue, l'art érotique a été d'abord  formulé par le dieu créateur  Prajâpati en 100.000 chapitres, qui décrivent le commencement des choses et leur progression à travers la procréation. Cette matière a été codifiée dans un traité de 1.000 chapitres par Nandin, le taureau de Śiva, à la suite de son observation des ébats amoureux entre Śiva et son épouse Parvatî. Celui-ci révéla cette science au sage Śvetaketu, fils d'Uddalaka, qui la résuma en 500 chapitres, qu'il transmit à ses successeurs.

Parmi eux, il y  eut Śankha (le maître de l'école Śânkhâyana) dont l'oeuvre fut encore condensée par Bâbhravya, en 150 chapitres ou 7 sections.

Ces sept sections ont été chacune classiquement reprises par sept auteurs qui font autorité en la matière et dont seuls des fragments nous sont parvenus:

Cârâyana reprit le chapitre intitulé sâdhârana, ou les principes généraux de l'érotique.

Suvarnanâbha se concentra sur le samprayogika ou l'art de courtiser une femme.

Ghotakamukha se spécialisa dans l'union sexuelle ou kanyâ-samprayuktaka.

Gonardîya discute de l'amour à l'extérieur du couple marié, pour la femme c-à-d bhâryâdhikârika.

Gonikâputra écrivit une oeuvre sur l'art de séduire les femmes des autres ou pâradârika.

Dattaka publia une étude sur la prostituée ou vaiśika. Il le fit à la demande des courtisanes de Pâtaliputra.

Kucûmara est l'auteur d'un volume sur les apanishadika, ou stimulants sexuels (potions, aphrodisiaques et mantras).

Vâtsyâyana (vécut vers + 450) recueillit cette héritage et composa le Kâma-sûtra.

Selon la tradition Vâtsyâyana mena une vie de célibataire et d'ascète; il rédigea donc son oeuvre sans expérience personnelle en la matière.

Ses chapitres portent  avant tout sur l'art de faire la cour et les techniques amoureuses. Les positions sexuelles n'occupent qu'un seul chapitre.

Le principal commentaire du Kâma-sûtra est la Jaya-mangalâ de YaŚodhara (13ème s.).

Extrait du Kâma-sûtra: la lune de miel après la cérémonie nuptiale

" Après la cérémonie nuptiale, c'est un usage ancien que les jeunes mariés dorment trois nuits à même le sol. Durant ce laps de temps, il convient d'exercer une stricte retenue. On mange une nourriture sans sel et sans épices.

Après les trois premiers jours, on se livrera à des bains pendant sept jours. On fera sa toilette de manière minutieuse. Musique et chants accompagneront ces activités. On prendra les repas en présence de nombreux invités. On assistera à des pièces de théâtre et on rendra honneur à toute la parentèle.

Ce n'est qu'après cette fête nuptiale de dix jours que le marié commencera à se rapprocher de sa jeune femme. La cour qu'il lui fera pour gagner ses faveurs sera marquée par le respect le plus strict et l'attitude la plus tendre. Néanmoins il n'est pas approprié que le mari se tienne raide et muet comme une statue de fer,  comme certains le recommandent. Il pourrait en effet arriver que la jeune femme soit prise de dégoût pour lui, le prenant pour un eunuque. Il est par contre approprié de gagner son coeur en se rapprochant peu à peu d'elle. En aucun cas il ne faut se mettre à l'oeuvre de manière précipitée, car les femmes sont à l'instar des fleurs , et il faut prendre soin des fleurs avec des mains tendres. Si on fait la cour à une femme de manière fougueuse, elle risque de concevoir dans son coeur une aversion pour tout ce qui a trait à le gent masculine . Que l'homme s'approche d'abord de la femme à lui confiée en l'embrassant légèrement et brièvement. S'il doit le faire dans l'obscurité ou à la lumière d'une lampe dépend de la personnalité de la femme. Si elle n'a pas mal pris ce geste, il lui tendra de bouche à bouche des noix de bétel. Ainsi il l'habituera aux baisers..." (Kâma-sûtra, chapitre sur la lune de miel, trad. Ralph Stehly).

 

Bibliographie:

Vâtsyâyana Mallanâga, Kâmasûtra, trad. Alain Porte, 2007

Alain Daniélou, Le Kâma Sûtra, 1992

Kâmasûtra, Régles de l'amour de Vatsyayana, trad. LAMAIRESSE, 1891

Julius Evola, Le yoga tantrique, Paris, 1998

Alain Daniélou, La sculpture érotique hindoue, Paris, 1973

Anon (ed), Kalyanamalla: Ananga-Ranga, Londres, 1885

H.C. Chakladar, Studies in Vatsyayana's Kamasutra, Calcutta, 1929

K.R. Iyengar,(ed), The Rati-ratna-pradipika, Mysore, 1923

E.P. Mathers (trad), Lessons of a Bawd, 1927

R. Schmidt, The Rati-rahasya, 1903

S.C. Upadhyaya (ed), Kamasutra of Vatsyayana, Bombay, 1961

 

Voir: renoncement et sexualité selon Gandhi   Le renoncement dans les textes anciens  L'hygiène sexuelle selon la médecine arabo-islamique

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