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La conception du monde des Upanishads et plus spécialement des Upanishads du Yoga

 

© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

L'hindouisme en général, et le yoga en particulier, ne se comprendrait pas, si l'on oubliait qu'aux yeux des hindous, ce monde-ci n'est pas le seul, mais fait partie d'un immense complexe qu'on appelle le Sarvam en sanskrit, que l'on peut traduire par "univers".

Cet univers n'est pas seulement peuplé d'autres planètes et d'autres étoiles, mais comprend toutes les choses visibles et invisibles, d'abord tout ce qui relève des sens et de la perception, mais au-delà également, tout ce qui n'en relève pas, parce qu'il s'agit de choses qui sont au-delà de la perception.

L'idée centrale est qu'il existe une hiérarchie des mondes (loka). On distingue en général 4 loka.

Les quatre loka ou les quatre mondes

1) Le bhûr-loka est le monde où nous vivons, avec les végétaux et les animaux, tout ce qui est accessible à nos sens, tout de ce qui relève de la vue, de l'ouïe, du toucher, de l'odorat et du goût.

2) Le bhuvar-loka est au-dessus de la terre (ceci doit s'entendre hiérarchiquement, et non spatialement). C'est le monde intermédiaire (par rapport au nôtre qui lui est inférieur et au suivant qui lui est supérieur). C'est le domaine des esprits et des génies, bons ou mauvais. C'est un lieu, aussi, plus avantagé que nôtre: on y vit plus longtemps. Les Gandharva et les Apsara y subsistent pendant des centaines de siècles. On y jouit de facultés sensorielles et motrices supérieures aux nôtres: les génies voient n'importe quel point de ce monde-ci et s'y déplacent aussi vite que l'éclair. C'est le monde des deva-s, des divinités mineures (les divinités à karman). Sur les différentes sortes de divinités, voir ici (en bas de page).

3) Le svar-loka ou le svarga-loka. C'est le monde des dieux, séjour  de béatitude où brille la lumière perpétuelle. C'est le Ciel, le Para-deça  ("l'Autre Pays" ou "le Pays Suprême", le terme a donné Pardes en vieil-iranien et en hébreu, paradeison en grec et Paradis en français). C'est là que cohabitent les âmes vertueuses et les divinités qu'elles ont servies leur vie durant

4) Le Brahma-loka. L'ensemble des 3 mondes (bhûr, bhuvar, svar) est transcendé par un quatrième: c'est le Brahma-loka (monde du Brahman) qui est au-delà de toute définition. Il est en-dehors du temps et de l'espace, au-delà de l'être et du non-être, et bien entendu ne connaît aucune limitation . Il est permanent, alors que les trois autres sont transitoires: le Ciel même sera détruit avec les dieux qui s'y trouvent à la fin du cycle cosmique. Immuable, alors qu'ils évoluent, ferme alors qu'ils sont instables, le Brahma-loka est évidemment le monde idéal vers lequel doivent tendre les efforts de "ceux qui savent".

Notre corps et sa transfiguration

Notre corps fait partie du bhûr-loka. Ce corps éphémère, périssable, limité à tout point de vue, c'est pourtant sur lui que le yoga va travailler, de façon à réaliser pleinement ses potentialités, à aller jusqu'au bout de ses virtualités, pour le transformer ptogressivement par l'intérieur. Toutes les Upanishads du Yoga en parlent. Mais  la Yoga-tattva-Upanishad décrit peut-être encore plus minutieusement que les autres la transformation progressive de l'homme, atome après atome, chaque atome grossier remplacé par quelque chose de plus subtil, un corps transformé par le prânâyama en quelque chose de plus fin, de plus ténu, dans lequel les siddhi-s (les pouvoirs extra-ordinaires) qui sont à l'état latent en chacun d'entre nous pourront prendre leur essor.

C'est donc à un véritable travail alchimique sur nous-mêmes que nous sommes invités.

L'âme et le cycle des renaissances

L'âme appartient au brahmaloka. Elle est captive du corps, comme un oiseau dans une cage; l'image aura une fortune considérable, elle sera reprise dans la littérature iranienne chiite chez 'Attâr et Sohravardî (1155-1198) (dans Le récit de l'exil occidental, p. 274), dans la littérature juive intertestamentaire ("l'âme à l'étroit"), dans la gnose ("sôma sêma" c-à-d "le corps est une tombe").

Mais dans le coeur de l'homme la divinité elle-même, le Seigneur, Îçvara peut lui-même habiter. Souvent ce Seigneur qui habite au fond de nous-même est appelé Vichnou Nârâyana ("celui qui est venu dans l'homme"). Il peut donc activer le désir de délivrance de l'intérieur, par sa grâce (prasâda), en permettant à l'âme de se rendre compte de sa condition de captive. A ce moment-là le manas prendra le relais. Au manas reviennent toutes les opérations purement humaines qui vont permettre la Délivrance de l'âme: études préliminaires, recherche d'un savoir supérieur à celui que contiennent les livres, choix d'un gourou, maîtrise du corps pour lui permettre d'accomplir les gestes nécessaires.

Le prânâyama  (pour plus de détail sur ce sujet, voir ici ) et le corps subtil

Dans ces gestes, le contrôle du souffle tient une place essentielle. C'est dans la Yoga-tattva-up. que cette méthode est décrite avec le plus de précision et de minutie à partir du § 32, et surtout de § 36 à 45 et au § 65, où on nous donne la signification de la rétention du souffle: on retient l'air pour permettre au prâna de diffuser dans tout le corps (appelé "la jarre").

Le corps subtil y est également décrit: notamment les dî Îdâ et Pingalâ (§44) et la nâdî centrale Sushumnâ ( § 82), ainsi que les cakra-s.

Les centres énergétiques ou cakra-s:

mulâdhâra-cakra(= base, racine): entre l'orifice anal et les organes génitaux, en rapport avec le souffle apâna

  • svâdhishtâna-cakra (=qui se tient par lui-même): à la base des organes génitaux, en rapport avec le souffle prâna
  • manipûra-c. (=cité du joyau): à la hauteur du nombril, siège du souffle samâna
  • anâhata-c. (= non battu): dans la région du coeur, siège du prâna
  • viçuddha-c. (cakra de la pureté): région de la gorge, siège du souffle udâna
  • âjnâ-c.  (cakra du commandement): siège des facultés cognitives

* saharsrâra-padma-c. (cakra du lotus aux mille pétales): au
sommet de la tête, figuré sous la forme d'un lotus renversé à
mille pétales (le chiffre mille correspondant à toutes les
articulations possibles de l'alphabet sanskrit 50 x 20).

La Katha-Upanishad

La Maitry-Upanishad

La Svetâshvatara-Upanishad

La Yogatattva-Upanishad

Les plus anciennes attestations littéraires du yoga

Les Upanishads

 

Bibliographie  Le système philosophico-religieux du yoga 

Yoga et sâmkhya  Le yoga de Patanjali  Les huit degrés du yoga La littérature du yoga

Les plus anciennes attestations littéraires du yoga

Les Upanishads du yoga (leur conception du monde, Katha-upanishad, Maitry-upanishad, Shvatashvâtara-upanishad )

 

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Les Ecritures: Le Veda  (hymne à Agni, hymne cosmogonique), Les Upanishads

La Bhagavad-Gîtâ: la problématique, violence et non-violence, le message, chant 2, chant 4, Krishna Vichnou 

Notions védiques fondamentales: les quatre classes, les quatre buts de la vie, les quatre étapes de la vie, les  3 naissancesla quadruple dette

La réincarnation Les Darshanas: le sâmkhya, le yoga, le vedânta: Shankara

Grands maîtres contemporains: Shrî Râmakrishna, Shrî Aurobindo, Krishnamurti Gandhi

Le temple La Kumbh Melâ Langues de l'hindouisme

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