Jérôme,
aux évêques Chromace et Héliodore.
«Vous
me demandez de vous faire savoir ce que je pense d'un petit livre que d'aucuns
possèdent sur la nativité de sainte Marie. Sachez donc qu'on y trouve
beaucoup, de faussetés. En effet, un certain Seleucus, auteur des Passions des
apôtres, a également compose ce petit livre-ci. Mais, de même qu'il a dit
vrai au sujet de leurs prodiges et des miracles qu'ils ont effectués, tout en
proférant de nombreux mensonges au sujet de leur doctrine, de même il a
beaucoup inventé ici de manière non véridique. Aussi m'efforcerai-je de
traduire mot à mot, d'après ce qui se trouve en hébreu, puisqu'il est clair
que le saint évangéliste Matthieu a compose ce même petit livre et qu'il l'a,
ajouté, scellé par des caractères hébraïques, en tête de son Evangile.»
Pour
la vérité de cela, je m'en remets à l'auteur de la préface et à la bonne
foi de l'écrivain. Personnellement, si je déclare que c'est sujet à doute, je
n'affirme pas que ce soit nettement faux. Voilà ce que je dis en toute liberté,
et qu'à mon avis aucun fidèle ne niera : que tout cela soit vrai ou inventé
par quelqu'un, de grands miracles ont précédé la sainte nativité de sainte
Marie et de très grands l'ont suivie, et pour cette raison ceux qui croient que
Dieu a pu accomplir cela peuvent les croire et les lire sans danger pour leur âme.
Enfin, pour autant que je puisse m'en souvenir, je suivrai le sens et non les
mots de l'écrivain. Tantôt je me lancerai sur la même voie sans suivre pour
autant les mêmes traces, tantôt je reviendrai sur la même route par quelques
détours. Ainsi, je conduirai le fil de la narration de telle façon que je ne
dirai rien d'autre que ce qui y a été écrit ou que ce qui, raisonnablement, a
pu y être écrit.
LIVRE
DE LA NATIVITÉ DE MARIE
Donc, la bienheureuse et très glorieuse Marie, toujours vierge, est
issue de la race royale et de la famille de David ; elle naquit dans la ville de
Nazareth et fut élevée à Jérusalem dans le Temple de Dieu. Son père
s'appelait Joachim, sa mère Anne. La maison paternelle était originaire de
Galilée, de la ville de Nazareth ; la famille maternelle, de Bethléem. Leur
vie était simple et honnête devant Dieu, irréprochable et charitable auprès
des hommes. Ils divisaient tout leur bien en trois parts, consacrant une partie
au Temple et aux serviteurs du Temple, donnant une autre aux pèlerins et aux
pauvres, réservant la troisième pour eux-mêmes et pour les besoins de leur
domesticité. Justes envers Dieu, charitables envers les hommes, ils vécurent
ainsi pendant vingt ans environ une vie conjugale chaste, sans procréation
d'enfants. Ils firent cependant voeu, si Dieu leur donnait un descendant, de le
consacrer au service du Seigneur. Pour cette raison, ils avaient également
coutume de fréquenter le Temple du Seigneur à chaque fête de l'année.
Or il advint qu'approcha la fête de la Dédicace. Aussi Joachim
monta-t-il à Jérusalem avec quelques-uns de sa tribu. En ce temps-là, Isachar
y était grand prêtre. Et, lorsqu'il remarqua que Joachim se trouvait lui
aussi, avec son offrande, parmi ses concitoyens, il le méprisa et dédaigna ses
dons, lui demandant pourquoi il osait prendre place parmi les féconds, lui qui
était infécond. Il lui dit que ses dons pouvaient sembler indignes à Dieu,
qui l'avait lui-même jugé indigne d'un descendant ; l'Ecriture disait qu'était
maudit tout homme qui n'avait pas engendré un enfant mâle en Israël ; en
effet, il devait d'abord se délivrer de cette malédiction par la génération
d'un enfant, et ainsi seulement il pourrait se présenter devant Dieu avec ses
offrandes. Rempli d'une grande honte par le reproche de cet opprobre, Joachim se
retira auprès des pasteurs qui gardaient ses troupeaux dans les pâturages. En
effet, il ne voulait pas retourner à la maison, de peur qu'il ne subisse la même
manifestation de mépris de la part des gens de sa tribu qui avaient également
été présents et qui avaient entendu ces mots du prêtre.
Mais, alors qu'il y séjournait depuis un certain temps, un jour où il
était seul, un ange du Seigneur lui apparut dans une immense lumière. Comme il
était troublé devant cette vision, l'ange qui lui était apparu apaisa sa peur
en disant : « Ne crains pas, Joachim, ne sois pas troublé par ma vue. Je suis
en effet un ange que le Seigneur t'envoie pour t'annoncer que tes prières sont
exaucées et que tes aumônes sont montées devant lui. Il a regardé et vu ta
pudeur, et il a entendu le reproche de stérilité qui te fut adressé
injustement. Car Dieu est le vengeur du péché, non pas de la nature. Aussi,
lorsqu'il ferme un sein, il le fait pour l'ouvrir plus miraculeusement ensuite
et pour que l'on sache que ce qui naît n'est pas le fruit de la concupiscence,
mais un don divin. La première mère de votre nation, Sara, ne fut-elle pas inféconde
jusqu'à ses quatre-vingts ans ? Et pourtant, dans une vieillesse avancée, elle
a mis au monde un fils, Isaac, à qui avait été promise la bénédiction de
toutes les nations. Et Rachel, tellement agréable au Seigneur, tant aimée par
saint Jacob, fut elle aussi longtemps stérile, et elle a néanmoins donné
naissance à Joseph, non seulement seigneur d'Egypte, mais aussi libérateur de
très nombreuses nations menacées par la faim. Qui parmi les chefs fut plus
fort que Samson ou plus saint que Samuel ? Et pourtant ils ont eu tous les deux
des mères stériles. Si la raison ne te convainc pas de donner foi à mes mots,
donne au moins créance aux exemples qui montrent que les conceptions longtemps
différées et les naissances stériles sont d'habitude plus miraculeuses. Aussi
ta femme Anne enfantera-t-elle pour toi une fille, et tu lui donneras le nom de
Marie. Elle sera consacrée au Seigneur dès son enfance, comme vous l'avez
promis, et elle sera remplie du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. Elle ne
mangera ni ne boira rien d'impur, et elle ne vivra pas parmi le peuple,
au-dehors, mais dans le Temple du Seigneur, pour qu'on ne puisse rien ni dire ni
même soupçonner de méchant à son sujet. Et avec le progrès de l'âge, de même
qu'elle naîtra de façon miraculeuse d'une femme stérile, de même, vierge,
elle engendrera de façon incomparable le fils du Très-Haut, qui sera appelé Jésus
: son nom indique qu'il sera le sauveur de toutes les nations. ? Et voici le
signe de ce que je t'annonce : quand tu arriveras à la porte Dorée de Jérusalem,
tu rencontreras ta femme Anne, qui, pour l'instant pleine d'inquiétude à cause
du retard de ton retour, se réjouira alors à ta vue. » Sur ces mots, l'ange
le quitta.
Ensuite, il apparut également à sa femme Anne en disant : « Ne crains
pas, Anne, ne pense pas que c'est un fantôme que tu vois. Je suis en effet cet
ange qui a présenté vos prières et vos aumônes devant le Seigneur. Et
maintenant je suis envoyé vers vous pour vous annoncer qu'il vous naîtra une
fille, du nom de Marie, qui sera bénie pardessus toutes les femmes. Pleine de
la grâce du Seigneur dès sa naissance, elle passera les trois années de son
allaitement dans la maison paternelle. Ensuite, consacrée au service du
Seigneur, elle ne quittera pas le Temple jusqu'à l'âge de raison ; servant là
Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière, elle s'abstiendra de tout ce qui
est impur. Elle ne connaîtra jamais d'homme, mais seule, sans exemple, sans
souillure, sans corruption, sans union avec un homme, vierge elle engendrera un
fils, servante elle engendrera le Seigneur, éminente à la fois par son nom et
par son oeuvre elle engendrera le sauveur du monde. Lève-toi donc et monte à Jérusalem
et, quand tu arriveras à la porte que l'on appelle Dorée parce qu'elle est ornée
d'or, tu rencontreras là, et ce sera le signe, ton mari pour le salut duquel tu
t'inquiètes. Lorsque tout cela se sera donc passé ainsi, sache que ce que je
t'annonce va se réaliser indubitablement. »
Ainsi, selon la prescription de l'ange, ils partirent tous les deux du
lieu où ils se trouvaient et montèrent à Jérusalem. Et, lorsqu'ils arrivèrent
au lieu désigné par la prophétie angélique, ils allèrent à la rencontre
l'un de l'autre. Heureux de se revoir et rassurés par la certitude de l'enfant
promise, ils rendirent dûment grâce au Seigneur, qui élève les humbles.
Ensuite, après avoir adoré le Seigneur, ils retournèrent à la maison et
attendirent la promesse divine avec certitude et allégresse. Aussi Anne conçut-elle
et enfanta-t-elle une fille et, selon l'ordre angélique, les parents lui donnèrent
le nom de Marie.
Et, lorsque le cycle des trois ans se fut déroulé, et que le temps de
l'allaitement fut terminé, ils conduisirent la Vierge avec des offrandes au
Temple du Seigneur. Or il y avait autour du Temple quinze marches à monter,
conformément aux quinze psaumes des montées. Car le Temple étant construit
sur une montagne, l'autel des holocaustes, qui se trouvait à l'extérieur, n'était
accessible que par des marches. Aussi déposèrent-ils la Vierge sur la première
de celles-ci. Et, tandis qu'ils ôtaient leurs vêtements de voyage et qu'ils
mettaient des vêtements plus soignés et plus propres selon la coutume, la
Vierge du Seigneur monta toutes les marches l'une après l'autre, sans la main
de quiconque pour la guider et la soulever, de telle façon que l'on crut que,
sur ce point du moins, rien ne manquait à sa maturité. En effet, déjà dans
l'enfance de la Vierge, le Seigneur accomplit un grand acte et montra d'avance
par le signe de ce miracle quelle grandeur elle atteindrait. Lorsqu'ils eurent
donc célébré le sacrifice selon la coutume de la Loi et qu'ils eurent
accompli leur voeu, ils laissèrent la Vierge dans l'enceinte du Temple avec les
autres vierges qui devaient être élevées en ce même lieu, et eux-mêmes
retournèrent à la maison.
Or, en avançant en âge, la Vierge du Seigneur progressait également
chaque jour dans les vertus. Et, parce que, selon les mots du psalmiste, « son
père et sa mère l'abandonnèrent, Dieu l'accueillit » Chaque jour, en effet,
elle était fréquentée par des anges, chaque jour elle jouissait de la vision
divine, qui la préservait de tous les maux et lui donnait aussi tous les biens
en abondance. Elle atteignit sa quatorzième année de telle façon que non
seulement les méchants ne pouvaient rien trouver à lui reprocher, mais
qu'aussi tous les bons qui la connaissaient jugeaient dignes d'admiration sa vie
et sa conduite. Alors, le grand prêtre ordonna publiquement aux vierges qui étaient
instruites dans le Temple et qui avaient accompli cette période de leur
jeunesse de rentrer à la maison, de se préparer au mariage, selon la coutume
de la nation et la maturité de leur âge. Tandis que les autres obéissaient
docilement à cet ordre, seule Marie, la Vierge du Seigneur, répondit qu'elle
ne pouvait faire cela, puisque ses parents l'avaient consacrée au service du
Seigneur et qu'en plus elle avait elle-même voué au Seigneur sa virginité,
qu'elle ne pourrait jamais outrager en s'unissant à un homme.
Le grand prêtre était dans la détresse, parce qu'il pensait que, l'on
ne devait pas violer une promesse en s'opposant à l'Ecriture qui dit : «
Faites des voeux et acquittez-vous-en », et parce qu'il n'osait pas non plus
introduire une coutume étrangère à la nation. Aussi prescrivit-il qu'à la fête
qui était imminente tous les notables de Jérusalem et des lieux voisins soient
présents, afin qu'il sache, grâce à leur conseil, ce qu'il fallait faire dans
un cas si douteux. C'est ce qui fut fait, et tous décidèrent en commun que le
Seigneur devait être consulté à ce sujet. Et, alors que les autres se
prosternaient pour prier, le grand prêtre alla faire la consultation selon la
coutume. Et, sans tarder, une voix venant de l'oracle et du lieu du
propitiatoire se fit entendre à tous, disant qu'il fallait avoir recours à la
prophétie d'Isaie pour savoir à qui la Vierge devait être confiée et accordée
en mariage. Isaïe a dit : « Un rameau sortira de la racine de Jessé, et une
fleur poussera de sa racine, et sur elle reposera l'esprit du Seigneur, esprit
de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de
connaissance et de piété, et l'esprit de crainte du Seigneur la remplira. »
Ainsi donc, selon cette prophétie, tous les membres de la maison et de la
famille de David en état de se marier et non mariés apporteraient leur rameau
à l'autel ; et, si un petit rameau fleurissait après l'offrande et si sur sa
pointe prenait place l'Esprit du Seigneur sous la forme d'une colombe, ce serait
à son possesseur que la Vierge devait être confiée et accordée en mariage.
Parmi les personnes présentes se trouvait Joseph, un homme de la maison
et de la famille de David, dont la femme était défunte et qui avait des
enfants déjà jeunes gens. Comme il lui semblait inconvenant d'épouser une
fille d'un âge si tendre, alors qu'il avait des fils plus âgés, il fut le
seul à retenir son rameau alors que les autres apportaient le leur selon
l'oracle. Et, comme, par conséquent, il n'apparaissait rien de conforme à la
voix divine, le grand prêtre pensa qu'il fallait consulter une nouvelle fois le
Seigneur. Celui-ci répondit que le seul de tous les désignés à ne pas avoir
apporté son rameau était celui à qui la Vierge devait être accordée en
mariage. Ainsi découvert, Joseph apporta son rameau; et, lorsque celui-ci
fleurit aussitôt et qu'une colombe venant du ciel prit place sur sa pointe, il
fut clair aux yeux de tous que c'était à lui que la Vierge devrait être
accordée en mariage. Donc, après la célébration coutumière du rite de
mariage, Joseph resta dans la ville de Bethléem pour organiser sa maison et
pour se procurer ce qui était nécessaire au mariage, tandis que Marie, la
Vierge du Seigneur, retourna à la maison de ses parents en Galilée avec sept
autres vierges de son âge et élevées avec elle, qu'elle avait reçues du prêtre.
En ces jours, c'est-à-dire au premier temps de son arrivée en Galilée,
l'ange Gabriel fut envoyé vers elle par Dieu pour lui faire savoir la
conception du Seigneur et lui en exposer le déroulement ou la manière. C'est
ainsi qu'en entrant chez elle il remplit la chambre où elle se trouvait d'une
immense lumière et, la saluant avec beaucoup de joie, il lui dit : « Je te
salue Marie, vierge très agréable au Seigneur, vierge pleine de grâce, le
Seigneur et avec toi, tu es bénie par-dessus toutes les femmes, bénie
par-dessus tous les êtres humains qui sont nés jusqu'à présent. » La
Vierge, qui connaissait déjà bien les visages des anges et n'était pas
inaccoutumée à la lumière céleste, ne fut ni effrayée par la vision de
l'ange, ni stupéfaite de l'intensité de la lumière. Mais elle fut troublée
par sa seule parole et elle se mit à penser à ce que pouvait signifier cette
salutation si insolite, ce qu'elle cachait, à quel but elle mènerait. L'ange,
divinement inspiré, répondit à sa pensée en disant : « Ne crains pas,
Marie, que cette salutation cache quelque chose de contraire à ta chasteté. En
effet, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Parce que tu as choisi la chasteté
de la virginité, tu concevras sans péchés, tu enfanteras un fils. Il sera
grand parce qu'il régnera de la mer jusqu'à la mer et du fleuve jusqu'aux
confins de la terre, et il sera appelé le Fils du Très-Haut, parce que celui
qui naît sur terre dans l'humilité règne au ciel avec le Père dans la
grandeur. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera
sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin. Lui-même,
en effet, est Roi des rois et Seigneur des seigneurs, et son trône subsiste
dans les siècles des siècles. » A ces paroles de l'ange, la Vierge répondit,
non qu'elle fût incrédule, mais parce qu'elle voulait connaître la manière :
«Comment cela pourra-t-il se faire ? En effet, puisque moi-même, selon mon
voeu, je ne connaîtrai jamais un homme, comment puis-je concevoir sans suivre
les usages humains, ou enfanter sans le secours d'une semence virile ? » A cela
l'ange répondit : « Ne pense pas, Marie, que tu concevras de manière humaine
; en effet, c'est sans union avec un homme que vierge tu concevras, vierge tu
enfanteras, vierge tu nourriras. En effet, le Saint-Esprit viendra sur toi et la
puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre contre toutes les ardeurs de
la passion. C'est pourquoi aussi l'être qui naîtra de toi ? seul saint puisque
seul conçu et né sans péché ? sera appelé Fils de Dieu. » Alors Marie, les
mains étendues et les yeux levés au ciel, dit : « Voici la servante du
Seigneur ? en effet je ne suis pas digne du nom de mère ? qu'il m'advienne
selon ta parole. »
Il serait trop long de vouloir insérer dans cet opuscule tous les événements
dont nous avons lu qu'ils ont précédé ou qu'ils ont suivi la naissance du
Seigneur. Omettons donc ce qui est écrit de manière plus complète dans
l'Evangile et passons au récit de ce qui s'y trouve moins amplement.
Donc
Joseph, rentrant de Judée en Galilée, avait l'intention de prendre pour femme
la Vierge qui était sa fiancée. Déjà, en effet, trois mois s'étaient écoulés,
et le quatrième venait de commencer, depuis le temps où elle lui avait été
fiancée. Dans l'intervalle, comme le sein de celle qui allait enfanter
grossissait peu à peu, l'enfant commença à se manifester. Et cela ne put
rester caché à Joseph. Car, entrant chez la Vierge plus librement, comme il en
est pour des fiancés, et parlant avec elle plus familièrement, il s'aperçut
qu'elle était enceinte. Aussi commença-t-il à être bouleversé et troublé,
parce qu'il ignorait ce qu'il convenait le mieux de faire. En effet, il ne
voulait ni la dénoncer, parce qu'il était juste, ni la diffamer par le soupçon
de fornication, parce qu'il était pieux. Il pensa donc à dissoudre secrètement
le mariage et à la répudier sans bruit. Mais, alors qu'il avait formé ce
dessein, voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : «
Joseph, fils de David, tu ne dois pas craindre, nourrir un soupçon de
fornication envers la Vierge, ou penser quelque chose de fâcheux à son sujet,
et ne crains pas de la prendre pour femme. En effet, le fruit en elle, qui te
tourmente le coeur en cet instant, et! l'oeuvre non pas d'un homme, mais du
Saint-Esprit. Or, seule parmi toutes les femmes, elle, une vierge, enfantera un
fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, c'est-à-dire Sauveur. Car c'est lui
qui sauvera son peuple de ses péchés. » Alors Joseph prit la Vierge pour
femme, selon l'ordre de l'ange. Cependant, il ne la connut pas, mais il veilla
sur elle et la garda dans la chasteté. Et déjà arriva le neuvième mois
depuis la conception, quand Joseph, ayant pris avec lui sa femme et tout ce qui
était nécessaire, se dirigea vers la ville de Bethléem, dont il était lui-même
originaire. Or il advint, comme elle était là, que les jours furent accomplis
où elle devait enfanter, et, comme l'ont enseigné les saints évangélistes,
elle enfanta son premier-né, notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne
jusqu'aux siècles des siècles. Amen.
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