Accueil de la section    Accueil du site "Islamica"    Accueil du site "Orient"   Le portail du monde musulman

<---

--->

  La foi comme vécu social: l'exemple de la pudeur et de la tenue vestimentaire

 

© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

La foi s'exprime dans le vécu social

Pour l'islam, la relation à Dieu ne peut être purement abstraite, elle a  besoin de s'exprimer dans le vécu, dans le tissu de la vie quotidienne individuelle et de la cité, sinon elle risquerait d'être vidée de toute substance. La foi est  un vécu individuel et social.

Nous partons du livre II, le Livre de la Foi (kitâb al-îmân) du Sahîh de Bukhârî, lequel se présente comme une explicitation de la foi comme praxis.

La foi n'est pas que parole, c-à-d qu'elle ne se réduit pas à la confession de foi par exemple, elle est aussi devoirs, prescriptions, limitations et pratiques recommandées (inna li l- îmâni farâ'ida wa sharâ'i'a wa hudûdan wa sunanan). Il s'agit donc de les expliciter, de les fonder et de les authentifier.

Le premier hadith ("dit" du Prophète) cité dans le "Livre de la Foi" est fort normalement celui qui énumère les cinq piliers de l'islam, donc définit implicitement la foi comme acte, puisque les quatre derniers piliers de l'islam après la confession de foi (shahâda), sont des actes rituels: la prière, l'aumône légale, le pèlerinage et le jeûne de Ramadan.

Font ainsi partie de la foi, disent les hadiths suivants:

la prière ( Bu 2.30)

le jeûne du mois de Ramadan en vue de Dieu seul (2.20)

la prière de la Nuit du Destin (2.25)

la militance (djihâd) (2.26)

les prières surérogatoires du mois de Ramadan (2.27), 

mais aussi :

la pudeur (2.2.1)

suivre un convoi funèbre (2.35.1)

éviter les combats entre les croyants (2.21)

la loyauté envers le chef de la Communauté.

 

La foi introduit dans le réseau de la solidarité sociale:

" Un homme demanda au Prophète: Quelle attitude dans le don de soi à Dieu (islâm) est la meilleure ?

C'est donner à manger, répondit le Prophète, [à ceux qui ont faim] et saluer ceux que l'on connaît comme ceux que l'on ne connaît pas ". ( Bu 2.5.1) 

Elle touche à la racine même de l'acte, en le spiritualisant, en l'intériorisant:

"Aucun d'entre vous n 'aura vraiment la foi, à moins qu 'il ne désire pour son frère ce qui 'il désire pour lui-même"  ( Bu 2.6.1) .

La notion de musulman se spiritualise:

" Le véritable musulman, c 'est celui dont les musulmans n 'ont à craindre ni la langue, ni la main . Le véritable émigrant, c 'est celui qui fuit ce que Dieu a prohibé " (Bu 2.3.1) .

Le véritable muhâdjir ("émigrant"), c'est celui qui respecte l'intégrité de son frère dans la foi, non forcément celui qui a simplement émigré géographiquement de La Mecque à Médine. La véritable émigration est une émigration intérieure, fuir le péché pour le perfectionnement intérieur.

Il y a ici une tentative de dépassement de l'horizon borné et une tension vers une formulation plus générale et plus sociale de ce qu'est le don de soi-même à Dieu (islâm).

La pudeur est une branche de la foi:

C'est ce qu'exprime un célèbre hadîth de Bukhârî (2.2.1)

" La foi, c'est soixante et quelques branches.  Et la pudeur est une branche de la foi "

Ce hadith dit deux choses: A.  la foi s'incarne dans de nombreuses branches,  B. et elle s'incarne tout particulièrement dans la pudeur.

A.   Le dénombrement des branches de la foi

Voici le dénombrement des oeuvres de la foi proposé par Ibn Hibbân (m. 354/965) . Les branches de la foi, selon lui, se subdivisent en oeuvres du coeur, de la langue et du corps.

Les oeuvres du coeur (comme la foi et l'intention) peuvent être présentées en vingt-quatre articles:

  1. foi en Dieu; entrent dans ce chapitre la foi en son essence et ses attributs, en son unicité, la croyance qu'il n' y a pas d'autre comme lui et la croyance au caractère contingent de ce qui est autre que Lui,
  2. foi dans les anges,
  3. dans les Livres révélés,
  4. dans les Envoyés,
  5. dans le Décret pour le bien et le mal,
  6. dans le Jugement Dernier: interrogatoire dans le tombeau, résurrection, rassemblement de toute l'humanité, reddition des comptes, Balance eschatologique, pont Sirât, Paradis et Enfer.
  7. Amour de Dieu
  8. Aimer et détester à cause de Lui
  9. Aimer le Prophète et croire en sa grandeur
  1. suivre sa Sunna
  2. absolue sincérité et pureté dans l'adoration (ikhlâs): abandonner toute ostentation et hypocrisie
  3. revenir à Dieu
  4. craindre Dieu
  5. espérer en Dieu
  6. gratitude envers Dieu
  7. loyauté
  8. constance dans l'épreuve
  9. se satisfaire de ce qui a été prédéterminé pour nous par Dieu
  10. s'abandonner entièrement à Dieu
  11. miséricorde et compassion
  12. humilité
  13. abandonner tout orgueil
  14. abandonner toute idée de vengeance
  15. abandonner toute colère.

Les oeuvres de la langue: au nombre de sept:

  1. confesser l'unicité et l'unité absolues de Dieu
  2. réciter le Coran
  3. apprendre la Science sacrée
  4. l'enseigner
  5. l'invocation du nom de Dieu
  6. faire mémoire du nom de Dieu
  7. éviter les paroles inutiles.

Les oeuvres du corps (au nombre de trente-huit)

a) concernant les individus (quinze):

  1. pureté et purifications
  2. s'habiller décemment et couvrir la nudité
  3. prières obligatoires et surérogatoires
  4. aumône légale
  5. affranchissement des esclaves
  6. générosité (y compris donner à manger aux hôtes et les honorer)
  7. jeûnes obligatoires et surérogatoires
  8. pèlerinage majeur et pèlerinage mineur
  9. circumambulation autour de la Ka'ba
  1. retraite pieuse
  2. célébrer la Nuit du Destin
  3. émigrer à cause de la religion
  4. tenir ses voeux
  5. examiner scrupuleusement sa foi
  6. s'acquitter des expiations

b) observances familiales (six):

  1. être chaste par le mariage
  2. subvenir aux besoins de sa famille
  3. piété envers les parents y compris éviter de désobéir aux parents
  4. bien éduquer les enfants
  5. respecter les liens familiaux
  6. obéissance aux maîtres pour les esclaves et bon traitement des esclaves pour les maîtres

c)  devoirs sociaux (dix-sept):

1) user de l'autorité avec justice

  1. s'occuper de la collectivité
  2. obéir à ceux qui détiennent l'autorité
  3. réconcilier les gens (y compris combattre les Kharédjites et tous les extrémistes)
  4. aider à la piété 'y compris commander le bien et interdire le mal)
  5. faire respecter les peines de droit qui limitent l'action humaine (hudùd)
  6. la militance par le djihâd ( y compris stationner dans un couvent-forteresse, ribât).
  7. s'acquitter du quint
  8. prêter et respecter les prêts
  1. honorer les voisins
  2. avoir de bonnes relations sociales (gagner de l'argent de manière licite)
  3. dépenser son argent de manière licite sans gaspillage
  4. rendre le salut à autrui
  5. ne pas éternuer en public
  6. ne pas nuire à autrui
  7. éviter les paroles inutiles
  8. enlever les embûches du chemin d'autrui.

B. La pudeur renvoie à la question de la tenue vestimentaire en islam

Le Coran est peu prolixe sur ce sujet (voir ci-dessous). C'est dans la Sunna que le sujet est amplement traité.

Mais, paradoxalement, ce n'est pas tellement dans le chapitre libâs ("manière de se vêtir") qu'il est question des problèmes de tenue vestimentaire. On y trouve en effet des questions du genre suivant: a-t-on le droit de porter de la soie, une bague en or, des vêtements avec des dessins d'animaux .... ?

Il faut chercher dans les chapitres sur la prière, où l'on définit la tenue liturgique de l'homme et de la femme

Mais que vient faire la tenue liturgique dans le problème de la tenue vestimentaire de la vie de tous les jours ?

C'est que pour l'islam il n'y a pas de différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne, c'est de permettre, et même de faciliter l'accomplissement de la prière:pour l'islam il y a un continuum entre la vie quotidienne et la vie liturgique; on passe de l'une à l'autre, cinq fois par jour (la prière constitue en effet comme la colonne vertébrale de l'existence, son axe), et le vêtement doit faciliter ce passage.

Il n'y a donc pas de vêtement qui soit à la fois musulman et profane. Le vêtement doit s'adapter à la prière: or cette prière n'est pas une prière purement mentale. Elle implique l'homme tout entier, corps et âme, elle engage le corps, puisqu'elle est enchaînement de mouvements et de postures (depuis la position debout jusqu'à la prosternation complète). Le vêtement doit donc pouvoir épouser les mouvements du corps. C'est pour cela que dans tous les pays musulmans, le costume traditionnel se distingue par son ampleur. Il doit aussi permettre les ablutions.

Le costume européen est sur bien des points à l'opposé du costume musulman traditionnel: il rend difficile les ablutions prescrites par le Coran et empêche directement, par ses plis rigides, les gestes et les positions de la prière canonique.

En outre, le vêtement européen souligne la forme du corps. Le vêtement musulman, lui, voile les formes du corps, non pas pour les nier, mais pour les reléguer au rang des choses qui ne doivent se dévoiler que dans l'intimité et qui à cause de cela doivent demeurer cacher aux yeux de la foule.

En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre: on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions (la transition n'est pas marquée par le changement de vêtements comme chez les prêtres chrétiens). Toutes ces observations doivent être gardées à l'esprit quand on aborde la problématique du voile féminin.

En Occident, après tout, il y a aussi des femmes voilées. Nul ne s'en offusque d'ailleurs, on les tient même en haute considération, ce sont les religieuses des divers ordres monastiques. Même les diaconesses protestantes portent le voile. Personne ne songerait d'ailleurs, ne serait-ce qu'un instant que ce serait le signe d'une oppression quelconque, voire d'une humiliation. Ce serait même plutôt un élément valorisant dans l'inconscient de l'homme occidental.

Par contre, quand l'Occidental se trouve en face d'une musulmane voilée, fonctionnent d'autres réflexes, des associations d'idées exactement inverses: on verra dans le voile, quand il est porté par une musulmane, comme le signe d'une oppression, d'une humiliation ou d'une condition inférieure.

Les Occidentaux supportent très bien le voile des religieuses chrétiennes, car il se situe à l'intérieur d'une distinction entre le profane et le sacré qui leur est habituelle. Par contre, ils ne supportent pas le voile des musulmanes, car il brouille ou efface des frontières qui leur sont habituelles.

En islam, toute femme adulte peut être voilée, le voile n'est pas spécifique d'une catégorie de "religieuses", catégorie qui n'existe pas en islam, tout simplement parce que la distinction vie religieuse / vie profane qui justifie et valorise à nos yeux le voile des religieuses chrétiennes, n'est pas pertinente dans l'islam: toute vie profane est religieuse, en particulier toute vie féminine, ou pour l'exprimer autrement par une formule qui fait un peu formule-choc: l'islam est un couvent laïc, un couvent, parce que, comme dans les monastères chrétiens, les femmes sont voilées, les sexes strictement séparés; "laïc", dans ce sens que les sexes se rencontrent cependant pour une vie sexuelle normale. L'islam déteste le célibat ou le réprouve.

Les textes: le Kitâb al-Mughnî d'Ibn Qudâma (1146-1213)

La tenue vestimentaire en islam repose plus sur une tradition sociale qui se transmet de génération en génération que sur des textes sacrés explicites. Le Coran en parle très peu. Il faut chercher dans les ouvrages de la Sunna ou dans les manuels de fiqh.

Les manuels de fiqh (charia) ont beaucoup de mal à justifier leurs conceptions vestimentaires ou leur conception de la décence par des textes sacrés explicites.

Nous allons maintenant résumer l'argumentation d'un ouvrage qui fait autorité en la matière, le Kitâb al-Mugnî d'Ibn Qudâma (né à Jérusalem en 1146, mort à Damas en 1213). C'est aussi un ouvrage qui a l'avantage de donner un tableau quasi exhaustif des positions en présence.

Il y a dans ce genre d'ouvrage une définition légale de la nudité: la 'awra. Cette définition n'est évidemment pas la même pour les deux sexes.

Pour l'homme, la nudité légale, c'est la partie du corps comprise entre le nombril et les genoux. On nous dira donc qu'il convient que l'homme couvre cette partie du corps. Ibn Qudâma précise qu'il y a consensus à ce sujet entre les fondateurs des quatre grandes écoles sunnites: Ahmad b. Hanbal, Mâlik, Châfi'î et Abû Hanîfa.

Cette zone ainsi délimitée, il convient de la couvrir avec quelque chose qui cache la couleur de l'épiderme, même si c'est léger.

Il faut également se couvrir les épaules. Ibn Qudâma cite à ce propos une parole du Prophète (Bukhârî 8.5.1): "Aucun d'entre vous ne priera vêtu d'une simple tunique (thawb), s'il n'a pas quelque chose sur les épaules ".

Pour la femme, le voilement du corps est la règle.

Le chapitre est rédigé de telle manière que le voilement du corps de la femme n'est pas une brimade, mais un droit de la femme à la discrétion et au caractère privé de son corps, qui n'a pas à être offert au regard public: "La femme n'a pas à découvrir quoi que ce soit de son corps, à part le visage et les paumes de la main. La femme peut donc prier le visage découvert [ sous-entendu: cela n'entame pas la validité de la prière]".

Peut-elle aussi découvrir ses pieds ? Selon Ahmad b. Hanbal, oui, car les pieds ne font pas partie de la nudité légale Ils ont même statut que le visage.

Ces règles fondent un principe de droit musulman qui est le suivant: "la femme tout entière est nudité, sauf son visage et les paumes de sa main" (principe énoncé par Mâlik, Awzâ'î et Châfi'î). En dehors de ces parties du corps, le corps doit être entièrement couvert.

Ibn Qudâma justifie ce principe notamment par les  considérations suivantes:

1) Il invoque un commentaire fait par un célèbre compagnon du Prophète, Ibn 'Abbâs, de Coran 24.31 (voir ci-dessous) " Dis aux croyantes de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît". "Ce qui en paraît", c'est selon Ibn 'Abbâs, le visage et les paumes de la main.

2) IQ invoque un ordre du Prophète. Le Prophète a interdit à la femme mariée de porter des gants et le voile sur le visage (niqâb). Si le visage et les paumes de la main, dit IQ, était compris dans la nudité légale, le Prophète n'aurait pas interdit de les couvrir. C'est notamment parce que les nécessités de la vie exigent un visage découvert et des paumes découvertes (par exemple dans les transactions commerciales, les paumes de la main sont nécessaire pour prendre et donner). 

Le Coran et le voile

Coran 24.30-31:

  1. Dis aux Croyants qu'ils baissent leurs regards et soient chastes. Ce sera plus décent pour eux. Dieu est bien informé de ce qu'ils font.
  2. Dis aux Croyantes de baisser leurs regards, d'être chastes, de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu'elles rabattent leurs voiles sur leurs gorges ! Qu'elles montrent seulement leurs atours à leurs époux, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs époux, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs époux, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou à leurs femmes, ou à leurs esclaves, ou à leurs serviteurs mâles que n'habite pas le désir [charnel], ou aux garçons qui ne sont pas [encore] au fait de la conformation des femmes. Que [les Croyantes] ne frappent point [le sol] de leurs pieds pour montrer les atours qu'elles cachent ! Revenez tous à Dieu ô Croyants ! Peut-être serez-vous bienheureux.

Ces deux versets établissent une distinction entre:   1) ce que les femmes peuvent exhiber en public et ce qu'elles doivent cacher. Elles doivent rabattre leurs voiles (khumur)   2) entre les personnes  en présence desquelles elles peuvent se découvrir et les autres. Mais ces versets n'ont pas de sens obvie et évident: que signifie, par exemple, exactement l'expression "que ce qui en paraît".

Il y a là incontestablement une police du regard: les femmes comme les hommes sont invités à baisser le regard devant l'autre sexe.

Ces prescriptions sont aussi en rapport avec la notion de pureté (traduit ici par "chasteté"). Qui suivra ces prescriptions pourra atteindre un certain état de pureté.

Coran 33.59:

O Prophète !, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des
Croyants de serrer sur elles leurs voiles ! Cela sera le plus simple
moyen qu'elles soient reconnues et qu'elles ne soient point offensées. Dieu est absoluteur et miséricordieux.

Il y a ici deux thèmes:

1) Dans ce verset,  il n' y a aucune indication sur ce qui doit être caché, ni non plus en présence de qui. Il est seulement question d'offense, c-à-d d'éviter le manque de respect et l'insulte, c-à-d une souillure d'ordre verbal ou moral. Les croyantes sont invitées à s'envelopper dans leurs voiles (djalâbîb, singulier djilbâb c-à-d "djellaba") pour éviter cela. Le voile empêche l'offense, c'est un signal du caractère tabou de la femme. Dans ce cas, le voile signifie que la femme qui se protège grâce à lui prend statut d'objet interdit, donc sacré. Le voile est donc un discours à l'adresse des autres hommes, des étrangers et des non-parents.

2) Le vêtement est un signe distinctif. Dans ce sens, le voile ne signifie pas un interdit, mais il doit distinguer les musulmanes des autres femmes.. Le groupes des femmes est donc divisé en deux: 1) les femmes des croyants 2) les femmes de qui ? Les exégètes donnent traditionnellement deux réponses: les femmes des esclaves, ou les femmes des Gens du Livre, c-à-d des juifs et des chrétiens.

Coran 33.53:

O vous qui croyez !, n'entrez dans les appartements du Prophète que [quand] il vous est donné permission pour un repas ! [N'entrez point alors] sans attendre le moment de [ce repas] ! Quand toutefois vous êtes invités, entrez ! Dès que vous avez pris le repas, retirez-vous sans vous abandonner, familiers, à un discours. Cela offense le Prophète et il a honte de vous. Mais Dieu n'a pas honte de la vérité.

Quand vous demandez un objet aux [épouses du Prophète], demandez-le de derrière un voile ! Cela est plus décent pour vos cœurs et leurs cœurs. Il n'est pas [licite] à vous d'offenser l'Envoyé de Dieu, ni d'épouser jamais ses épouses, après lui. C'est, au regard de Dieu, [péché] immense.

C'est le fameux verset du voile. Mais ici, comme on le voit, voile (hidjâb) ne signifie pas le voile de la femme, mais le rideau qui divisait en deux la chambre du Prophète, délimitant ainsi la partie publique de la partie privée. Les visiteurs doivent présenter leur demande de derrière ce rideau et ne pas s'immiscer dans le domaine privé du Prophète.    

Sources:

Titus Burckhardt, L'art de l'islam

Mohammed H. Benkheira, L'amour de la Loi, Essai sur la normativité en islâm, PUF, 1997

Copyright Ralph Stehly. Reproduction autorisée uniquement à des fins non commerciales, et à la condition de citer l'auteur et le site.  
 

  Francité