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Le djihâd

 © Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Les premiers versets relatifs au djihâd apparaissent lors de la période médinoise du Prophète (donc à partir de 622): Coran 2.190-191, 2.216, 61.4.

Il s'agissait pour les musulmans de se doter d'une base géographique minimale.

Le djihâd était mené avec les armes de l'époque: arc, lance, sabre, à pied ou à cheval (le dromadaire ne servant qu'aux transports à longue distance) et était soumis aux règles très strictes de l'éthique de la guerre héritées de l'Arabie pré-islamique.

La règle essentielle consistait à adresser à l'ennemi une sommation préalable, l'invitant à se convertir ou à s'apprêter au combat. Pour l'idolâtre, c'est la mort en cas de défaite, à moins que, réduit en captivité, il ne consente à embrasser l'islam pour échapper à l'exécution, tandis qu'aux Gens du Livre  (juifs, chrétiens, zoroastriens) l'alternative est laissée entre la capitulation et la capitation d'une part, ou le combat jusqu'à ce que mort s'ensuive. S'ils acceptent la capitulation et la capitation, ils ont droit à la tolérance de l'islam, qui était une sorte d'autonomie interne pour les communautés juives et chrétiennes notamment (voir ici). Rappelons que dans les siècles qui suivirent les musulmans en Europe ne bénéficièrent jamais d' un statut équivalent (voir ici ).

 

Exemple de la conquête de l'Iran

L'armée musulmane de Sa'd ben Abî Waqqâs (30.000 hommes) affronta l'armée iranienne ,dirigée par le chah Yezdegerd III à al-Qâdisiyya, en 636.

Le calife donna l'ordre à Sa'd d'envoyer au chah d'Iran une délégation ayant pour mission de l'appeler à l'islam. Cet appel devait devait être transmis directement au chah lui-même. Une délégation de 14 personnes est formée. Voici les termes de l'ultimatum, tels que les rapporte l' historien musulman Tabarî (9ème s.):

"Dieu s'est montré compatissant envers nous. Il nous a envoyé un Messager qui nous a indiqué la voie du bien et nous a ordonné de le pratiquer; il nous a fait connaître le mal et nous a fait défense de le commettre. Il nous a annoncé que si nous suivons son enseignement, nous en recevrons la récompense, en cette vie comme dans l'autre. Chacune des tribus à qui il a adressé cet appel s'est divisée en deux fractions, l'une qui l'a écouté et l'autre qui s'est éloignée de lui. Ne fit, au début, profession de sa religion qu'une minorité. Le Prophète s'est mis ainsi dans un état d'attente pendant tout le temps que Dieu a voulu. Puis, il a donné l'ordre d'attaquer tous ceux des Arabes qui s'étaient détournés de lui. Il a commencé avec eux; ils ont tous fini par se ranger à ses côtés, les uns sous l'empire de la contrainte et ils en furent heureux, et les autres par conviction, et leur bonheur n'en fut que plus profond. Nous avons de la sorte tous reconnu la supériorité du message qu'il a apporté, par rapport à notre état antérieur, fait d'inimitiés et de pauvreté (..).

Il (notre Prophète) nous a ensuite ordonné de commencer par appeler à la vérité les nations voisines. C'est pourquoi, nous vous pressons d'embrasser notre religion; c'est une religion qui a rendu le bien meilleur que ce qu'il était et stigmatisé le mal en sa plénitude. Si vous refusez, vous avez le choix entre deux maux dont le moindre est le paiement d'un tribut, et le pire, en cas de refus, la guerre. Si vous consentez à adhérer à notre religion, nous vous remettrons le Livre de Dieu [=le Coran] et vous confierons la mission d'en être les dépositaires, d'en appliquer les préceptes. Nous reculerons dès lors et vous laisserons libres dans votre pays. Et si pour éviter que nous vous attaquions, vous choisissez de nous payer tribut, nous acceptons et vous protégerons. Sinon, c'est la guerre."

Mais le djihâd s'arrêta bien vite et la notion devint caduque dès le 9ème s. (voir ici ). Les soufis intérioriseront cette notion en parlant de djihâd intérieur, le djihâd mené en soi-même contre ses propres passions. C'est le djihâd al-akbar (le djihâd majeur) par opposition au djihâd al-asghar  (le djihâd mineur). Même à l'époque coloniale le calife n'appela jamais au djihâd contre l'Europe.

Attention: "djihâd" ne signifie pas "guerre sainte", mais tout simplement "militance".

Copyright Ralph Stehly. Reproduction autorisée uniquement à des fins non commerciales, et à la condition de citer l'auteur et le site.

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Bibliographie

1) Perspectives historiques

      La périodisation

       La vision islamique du monde à l'époque classique

       L'islam des origines et le christianisme:

               - le Prophète et les chrétiens

            le traitement légal des juifs et des chrétiens (le verset princeps, la mubâhala, les juifs, les dhimmi-s, le djihâd )

2) Perspectives théologiques: 

          Saint Jean Damascène 

         Textes bibliques annonçant la venue de Mohammed selon les théologiens musulmans

          Louis Massignon (sa vie, sa vision de l'islam, Vatican II, Bibliographie massignonienne )

          Le dialogue aujourd'hui:

                   -  Rappel historique

                   -   Les grandes phases

                    -   Le concile oecuménique de Vatican II (1962-1964)

                   -   Le Conseil oecuménique des Eglises (COE)

                   - L'Organisation de la conférence islamique (OCI)

                    - Le Groupe de recherches islamo-chrétien (GRIC)

                    -  Mohammed Talbi

                     - Le CERES (Tunis) (inspiration et révélation différences phénoménologiques et doctrinales entre la Bible et le Coran)

3) Perspectives comparées:

Langue sacrée

Tabous alimentaires           

 

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