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   Le ciel

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

        Le ciel est le médiateur par excellence de la transcendance à cause de son caractère illimité.

Les dieux ouraniens (identifiés au ciel ou habitant le ciel, " ouranos " = le ciel en grec)

Deux choses sont à distinguer  :

- Le ciel est souvent identifié à un dieu

- Le ciel comme résidence des dieux ou de Dieu.

  1. En Babylonie, le dieu suprême est Anu (le Ciel), père et souverain des dieux. Il se trouve à la tête de la triade Anu, Enlil, Ea
  2. Les noms de Zeus et de Jupiter expriment clairement leur essence céleste. Zeus (comme Jupiter) provient de la racine indo-européenne *div- (cf. divin, diurne etc..) qui signifie " briller comme le ciel diurne ". Jupiter est Iu-piter où " piter " signifie " père et " Iu " est une réduction de la racine *div- (pronocée diw ).

    Rem. : si pour un locuteur des langues latines Dieu (Deus, Dio…) signifie " celui qui est brillant comme le ciel diurne ", pour le locuteur des langues germaniques Gott (God…) signifie " celui qui est invoqué liturgiquement ". Gott, God etc. est en effet le participe passif d’une autre racine indo-européenne : *ghau- (invoquer).

  3. En Australie, la divinité suprême des tribus du SE, Baiame habite le ciel. Baiame est assis sur un trône de cristal, le soleil et la lune sont ses fils. La tonnerre est sa voix. Il fait tomber la pluie, verdissant et fertilisant ainsi la terre entière. De même que les autres dieux ouraniens, Baiaime voit et entend tout. Rem : à cause de leur caractère céleste les dieux ouraniens sont souvent présentés comme omniscient et gardiens de la morale (cf. Varuna, en Inde, Varuna étant peut-être l’équivalent sanskrit du grec " ouranos ")
  4. Partout en Afrique on a relevé las traces d’un grand dieu céleste à peu près disparu du culte, sa place ayant été accaparée par le culte des ancêtres. Le grand dieu céleste y est devenu un deus otiosus (" dieu oisif ").
  5. Les Bo-Ilas, tribus bantoues (les Bantous habitent une immense aire entre le Cameroun et le Kénya) de la vallée de Kafue, croient en un Dieu suprême tout-puissant, créateur, qui habite au ciel et qu’ils nomment Leza. Or, Leza est un terme qui désigne aussi dans le langage courant les phénomènes météorologiques. On dit " Leza tomve " pour dire " Il pleut " (cf grec : " Zeus huei " pour dire " il pleut "). On dit aussi " Leza est furieux " pour dire " il tonne ".
  6. Pour la majorité des populations Ewé (Togo), Mawu est le nom de l’Être suprême. Mawu est aussi utilisé pour désigner le firmament et la pluie.
  7. Le Dieu de Jésus est aussi localisé dans le ciel : Notre Père qui es au cieux…

 

 Mythes et rites d’ascension

Aller vers le haut, c’est se rapprocher de Dieu.

Les mythes d’ascension

  1. L’ascension la plus commune est celle des morts. La mort est souvent vécue dans les religions comme un transcendement de la condition humaine, un passage dans l’au-delà. Dans les religions qui situent l’au-delà dans le ciel ou dans une région supérieure, on nous présente souvent ce voyage d’une manière très expressive. L’âme du mort gravit les sentiers d’une montagne ou le long d’une corde. L’expression habituelle en akkadien pour exprimer la notion de " mourir " est " s’accrocher à la montagne ". De même en égyptien " mourir " se dit " myny " c-à-d " s’accrocher ". Cf. Dans la Kaushitaki-Upanishad (texte indien du Veda, -6ème s., le mythe du voyage céleste de l’âme, que l’on trouve aussi en Iran.
  2. De leur vivant, certains hommes exceptionnels ont pu pénétrer dans le ciel. D’où le mythe des fondateurs de religion (Religionsstifter) : le Bouddha dans le ciel d’Indra à 39 ans en 519 avant JC, Mohammed à 51 ans en 621 après JC. Le cas de Jésus est exceptionnel, car son ascension s’est passée après sa mort et sa résurrection (à 33 ans en l’an 29 de notre ère).

Rites d’ascension

  1. Dans l’initiation mithriaque on faisait gravir à l’initié une échelle cérémonielle comportant 7 échelons. Chaque échelon était composé d’un métal différent et représentait une autre sphère planétaire :

1er : plomb, Saturne

2ème : étain, Vénus

3ème :bronze, Jupiter

4ème :fer, Mercure

5ème :alliage monétaire, Mars

6ème :argent, lune

7ème :or, soleil

Le 8ème échelon représente la sphère des étoiles fixes. En gravissant cette échelle cérémonielle, l’initié parcourait symboliquement les sept cieux s’élevant ainsi jusqu’à l’Empyrée (le foyer de l’énergie originelle dans le cosmos).

b) Le chamane (extatique) sibérien gravit, lui, un bouleau cérémoniel comportant 9 encoches : au 6ème ciel il vénère la lune, au 7ème le soleil. Finalement au 9ème il se prosterne devant le dieu suprême Bai Uegur. Les encoches pratiqués dans le bouleau symbolisent les sphères planétaires.

Livres célestes

 

Sources:

*   toute l'oeuvre de Mircea Eliade (voir ici § II.2) 

*  HEILER Friedrich, Ercheinunngsformen und Wesen der Religion,Kohlhammer, Stuttgart, 1979

*  VAN DER LEEUW G., La religion dans son essence et sa manifestation, Phénoménologie de la religion, Payot, Paris, 1970

*   WIDENGREN Geo., Religionsphänomenologie, Walter de Gruyter, Berlin, 1969

 

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Bibliographie

Introduction : Qu'est-ce que l'histoire des religions ?

Mircea Eliade

Hiérophanies, théophanies, espace sacré, temps sacré

La logique des hiérophanies et des théophanies

Le ciel

Le sanctuaire

Le personnel du temple: prêtres, prêtresses et prostituées sacrées

Le mythe

Souffrance, Confessions des péchés, expiation, exorcisme

La mort

L'écriture sacrée

Langue sacrée

Tabous alimentaires

Le monothéisme

 

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