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Le sacerdoce
© Ralph Stehly, Professeur à l'Université de Strasbourg
Jésus se rendait régulièrement à la synagogue ou au Temple de Jérusalem pour y prêcher. Mais il n'était pas prêtre. Ce n'était pas non plus un ascète (contrairement à Jean-Baptiste). C'était un laïc et il n'a institué lui-même aucune forme de culte (contrairement à Mohammed qui institua très tôt la prière liturgique de l'islam). Jésus était un juif pieux qui respectait scrupuleusement les prescriptions et les interdictions de la Loi juive. Pour un juif pieux, il était inconcevable de n'être pas marié. On peut donc légitimement penser que Jésus avait aussi suivi la Loi juive sur la question du mariage. Si tel était le cas, le ministère de Jésus très court en réalité (de 6 mois à 3 ans maximum) aurait coïncidé avec un éloignement familial.
Le christianisme primitif ne connaissait pas de fonction sacerdotale, il ne connaissait que des apôtres ( disciples de Jésus qui avaient connu Jésus de son vivant) et des prophètes charismatiques, qui prêchaient en fonction de leurs dons (charismes) . Avec la disparition des apôtres et des prophètes charismatiques, le presbytérat (fonction de presbytre ou d'Ancien, du grec presbuteros « Ancien »), qui était à l'origine une charge purement honorifique (les Anciens), prit un caractère sacerdotal. Le mot français prêtre vient de presbytre.
Et petit à petit un culte spécifiquement chrétien se mit en place.
Le célibat des prêtres ne fut imposé qu'au 12ème s. Aujourd'hui encore il n'est pas universel dans les Eglises chrétiennes. Dans l'Eglise catholique il est obligatoire uniquement dans le rite latin, mais non dans les rites catholiques orientaux (maronite, melkite etc.) où les prêtres sont généralement mariés (mais non les évêques et la haute hiérarchie), avec cette nuance qu'ils ne peuvent se marier après leur ordination, mais uniquement avant. Une fois veufs, ils ne peuvent se remarier. La même discipline vaut pour les Eglises orthodoxes. Dans les confessions catholique et orthodoxe, le sacerdoce reste fermé aux femmes.
On considèrera l'exemple du célèbre islamologue Louis Massignon (1883-1962), qui demanda de passer du rite latin au rite melkite, ce qui lui permit de devenir prêtre marié et aussi de dire la messe en arabe, mais à la condition que son ordination restât secrète (voir ici) et que la messe fût dite en privé.
Dans le protestantisme, le célibat n'est pas une condition pour exercer le ministère pastoral. Les pasteurs sont généralement mariés. Mais ils peuvent tout aussi bien rester célibataires. Le ministère pastoral est d'ailleurs également ouvert aux femmes (mariées ou non) dans les Eglises issues de la Réforme, tandis que dans les confessions catholique et orthodoxe le sacerdoce est réservé aux hommes et interdit aux femmes.
Fonction principale du prêtre
La fonction principale du prêtre est la célébration de la messe. Le pendant de la messe dans le protestantisme est le culte.
La principale différence entre la liturgie de la messe catholique et la liturgie du culte protestant tient à la modalité de la présence divine.
Pour le catholicisme, la présence divine se manifeste avant tout dans le sacrement de l'Eucharistie, l'Eucharistie ( dont le prototype est le repas d'adieu que Jésus célébra, la veille de sa mort, avec ses disciples, dans la conviction qu'il célèbrerait bientôt ce même repas avec ses disciples dans le royaume de Dieu ) étant comprise comme un sacrifice, parce que Jésus lui-même a interprété sa vie dans un sens sacrificiel (voir ici). Dans l'Eucharistie, le pain et le vin se transforme réellement dans le corps et le sang du Christ, donnés en sacrifice pour le rachat de l'humanité ("la rédemption"). C'est la doctrine de la transsubstantiation.
L'Eucharistie n'est généralement pas célébrée à chaque culte protestant. Elle l'est au grandes fêtes, et aux temps ordinaires selon des intervalles variables (par exemple une fois par mois). Le sens précis à donner à ce rite varie grandement selon les confessions et les dénominations (le protestantisme étant divisé en une multitude de confessions et de dénominations).
Ce qui manifeste la présence divine dans le culte protestant, c'est la prédication du pasteur. D'où la grande importance donnée dans le protestantisme à la prédication.
D'une manière générale, le protestantisme met plus l'accent sur la liturgie de la Parole, et le catholicisme plus l'accent sur le rite de l'Eucharistie.
Histoire comparée des religions
La relation entre sacerdoce et mariage (et sexualité en général, voir ici) est très diverse dans les religions. La position la plus diamétralement opposée à celle de l'Eglise catholique de rite latin est celle de l'hindouisme: il faut être marié pour être prêtre (voir ici au § 2 le maître de maison). Ceci est tellement vrai que si un prêtre devient veuf il ne pourra plus officier, ni d'ailleurs se remarier. Dans certains cultes hindous, les femmes peuvent être prêtresses (voir l'exemple de Sârada Devî, épouse de Râmakrishna, qui était prêtresse de Kali).
Dans l'islam, l'imâm est régulièrement marié, et le mariage est quasiment une condition pour être imam. Une femme peut aussi présider la prière cultuelle, mais uniquement devant une assemblée féminine. Mais un imam n'est pas à proprement parler un prêtre, car il ne passe pas par une cérémonie d'ordination et il n'a pas de fonction médiatrice.
Les rabbins aussi sont mariés. Il y a des femmes rabbins dans le judaïsme libéral.
La religion qui se rapproche le plus de la position de l'Eglise catholique de rite latin est le bouddhisme. Ce sont les moines qui exercent les pouvoirs sacerdotaux. Mais on n'est pas moine nécessairement toute sa vie.
Voir aussi:
Le personnel du Temple: prêtres et prêtresses