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Le Pasteur d'Hermas
Vision
I
1.
Mon maître m'avait vendu à une certaine Rhodè à Rome. Bien des années après,
je la revis et me mis à l'aimer comme une soeur. 2. Quelque temps après, je
la vis se baignant dans le Tibre, je lui tendis la main et la sortis du
fleuve. Voyant sa beauté, je réfléchissais, me disant en mon coeur : je
serais bien heureux si j'avais une femme de cette beauté et de ce caractère.
Voilà uniquement ce que je pensai, sans aller plus loin. 3. Quelque temps après,
je marchais vers Cumes et je réfléchissais que les oeuvres de Dieu sont
grandes, remarquables et fortes : tout en marchant, je m'endormis : l'esprit
me saisit et m'emmena par une route non frayée, où l'homme ne pouvait
marcher. L'endroit était escarpé, tout déchiqueté par les eaux. Je
traversai le fleuve qui était là et arrivé dans la plaine, je m'agenouille
et me mets à prier Dieu et à lui faire l'aveu de mes péchés. 4. Pendant ma
prière, le ciel s'ouvrit et je vois cette femme que j'avais désirée : elle
me salue du ciel et me dit : " Bonjour, Hermas. " 5. Je la regarde
et lui dit : " Maîtresse, que faites-vous là ? " Et elle me répond
: " J'ai été transportée (au ciel) pour dénoncer tes péchés au
Seigneur. " 6. Je lui dis : "Vous êtes maintenant ma dénonciatrice
? - Non, dit-elle, écoute les paroles que je vais te dire : Dieu, qui habite
dans les cieux (cf. Ps. 2,4 ; 123, 1), qui du néant, a créé les êtres, les
a multipliés et les a fait croître (cf. Gn 1, 28 ; 8, 17 ; etc.) en vue de
sa sainte Église, est irrité contre toi parce que tu as commis une faute à
mon égard. " 7. Je lui réponds en ces termes : " J'ai commis une
faute à votre égard ? En quel endroit, quand vous ai-je jamais dit une
parole déplacée ? Ne vous ai-je pas toujours tenue pour une déesse ? Ne me
suis-je pas toujours comporté envers vous comme envers une soeur ? Pourquoi,
femme, m'accuser faussement de vice et d'impureté ? " 8. Elle rit et me
dit : " Le désir du vice est monté à ton coeur. Et ne te semble-t-il
pas que pour un homme juste, c'est chose vicieuse que le désir du vice monte
à son coeur ? C est une faute, et une grande, dit-elle, car l'homme juste
pense juste. C'est par ses justes pensées qu'il accroît sa réputation dans
les cieux et qu'il se rend le Seigneur indulgent pour tous ses actes. Mais
ceux dont les pensées sont mauvaises en leur coeur ne s'attirent que mort et
captivité, surtout ceux qui jouissent de cette vie-ci, s'enorgueillissent de
leurs richesses et ne s'attachent pas aux biens futurs. 9. Elles connaîtront
le repentir, les âmes de ceux qui n'ont pas d'espérance, qui ont renoncé à
eux-mêmes et à leur vie. Mais toi, prie Dieu : il guérira tes péchés (cf.
Dt 30, 3) et ceux de toute ta maison et de tous les saints. "
2
1.
Quand elle eut dit ces mots, les cieux se fermèrent et moi, j'étais tout
tremblant et affligé. Je me disais : Si ce péché est inscrit contre moi,
comment pourrai-je faire mon salut ? Comment apaiserai-je Dieu pour mes péchés
réellement accomplis ? Par quelles paroles demanderai-je au Seigneur de me
devenir favorable ? 2. Voilà quelles étaient mes réflexions et mes hésitations
lorsque je vois en face de moi un siège garni de laine, blanc comme neige et
grand. Et vint une vieille femme en habits resplendissants, tenant un livre
dans ses mains ; elle s'assit seule et me salue : " Bonjour, Hermas.
" Et moi, affligé, en pleurs, je lui dis : " Bonjour, Madame.
" 3. Et elle me dit : " Pourquoi cet air renfrogné, Hermas, toi
patient, calme, toujours souriant ? Pourquoi es-tu à ce point abattu et sans
gaieté ? " Et moi, je lui dis : " C'est parce qu'une femme
excellente dit que j'ai commis une faute à son égard. " 4. Et elle :
" Une telle chose n'arrive pas à un serviteur de Dieu ? Mais de toute façon,
un désir t'est monté au coeur à son sujet. Pour les serviteurs de Dieu, une
telle intention entraîne le péché : intention mauvaise, stupéfiante, pour
un esprit très saint et déjà éprouvé, de désirer une mauvaise action, et
surtout si c'est Hermas le continent qui s'abstient de tout mauvais désir,
qui est plein de parfaite simplicité et de grande innocence.
3
"
1. Ce n'est d'ailleurs pas pour cela que Dieu est irrité contre toi ; mais il
entend que tu ramènes à lui tes enfants qui se sont mal conduits à l'égard
du Seigneur et de vous, leurs parents. Tu aimais trop tes enfants, tu ne les
reprenais pas ; au contraire, tu les laissais se corrompre terriblement. Voilà
pourquoi le Seigneur t'en veut. Mais il guérira tous les dommages qu'a subis
ta maison, car c'est à cause de leurs péchés et de leurs fautes que tu es
ruiné dans tes affaires temporelles. 2. La grande miséricorde du Seigneur a
eu pitié de toi et de ta maison, et il te donnera la force et il t'assiéra
tans sa gloire. A toi, il te suffit de ne pas te laisser aller : aie du
courage et raffermis ta maison. Le forgeron, par le marteau, vient à bout de
l'objet qu'il veut : de même, un langage quotidien de justice vient à bout
de la pire turpitude. Ne cesse donc pas de reprendre tes enfants, car je sais
que s'ils font pénitence du fond de leur coeur, ils seront inscrits sur les
livres de la vie avec les Saints. " 3. Ce discours fini, elle me dit :
" Veux-tu m'entendre lire ? - Oui, dis-je, oui, Madame. " Elle dit :
" Fais bien attention et écoute les louanges de Dieu. " J'entendis
de grandes choses, des choses admirables, mais je n'ai pu en garder le
souvenir : toutes ces paroles donnent le frisson, l'homme n'a pas la force de
les supporter. Les dernières cependant, je me les rappelle : elles étaient
à notre portée et douces. 4. " Vois, le Dieu des Puissances (cf. Ps 58,
6 ; etc.), celui qui, par son pouvoir invisible et supérieur, par sa grande
intelligence, a créé le monde (cf. Ac 17, 24), qui, par sa glorieuse volonté,
a revêtu de charme ses créatures, qui, par son verbe puissant, a solidifié
le ciel (cf. Is 42, 5) et a assis la terre sur les eaux (cf. Ps 135, 6), qui,
par une sagesse et une prévoyance particulières, a fondé sa sainte Église
et l'a aussi bénie, vois, il déplace les cieux et les montagnes (cf. Ps 45,
3) et les monts et les mers et toute route devient unie pour ses élus ; ainsi
il accomplit la promesse qu'il leur a faite dans la gloire et la joie, si du
moins ils observent les commandements du Seigneur, qu'ils ont reçus avec une
grande foi. "
4
1.
Quand elle eut fini de lire et qu'elle se fut levée de son siège, vinrent
quatre jeunes gens qui enlevèrent le siège et s'en allèrent vers l'Orient.
2. Elle m'appelle, me touche la poitrine et me dit : " Ma lecture
t'a-t-elle plu ? " Et je lui dis : " Madame, les dernières paroles
me plaisent, mais les précédentes sont pénibles et dures. " Elle me répondit
: " Les dernières sont pour les justes, les précédentes, pour les
gentils et les apostats. " 3. Elle me parlait encore quand deux hommes
apparurent, la prirent par les bras et s'en allèrent, dans la direction du siège,
vers l'Orient. Elle eut pour partir un air joyeux et en se retirant, elle me
dit : " Sois un homme, Hermas. "
Vision
II
5.
1.
J'allais à Cumes, à la même époque que l'année précédente ; tout en
marchant, je me souvins de ma vision de l'année précédente et, de nouveau,
un esprit m'enlève et me transporte au même endroit que l'année précédente.
2. Arrivé là, je m'agenouille, me mets à prier le Seigneur et glorifier son
nom (cf. Ps 85, 9, 12 ; Is 24, 15 ; 2 Th 1, 12) de ce qu'il m'a jugé digne et
m'a fait connaître mes péchés antérieurs. 3. k m'étais relevé de ma prière
quand je vois en face de moi cette femme âgée que j'avais déjà vue l'année
précédente : elle marchait et lisait un petit livre. Et elle me dit : ~
Peux-tu annoncer ceci aux élus de Dieu ? " Je lui dis : " Madame,
je ne puis retenir tant de choses ; donnez-moi plutôt le livre, que je le
recopie " --Prends, dit-elle, et tu me le rendras. " 4. Je le pris
et allai à l'écart dans le champ, où je le recopiai tout, lettres après
lettres, car je ne distinguais pas les syllabes. Quand j'eus fini (de
recopier) les lettres du petit livre, soudain il me fut arraché de la main.
Par qui ? Je ne le vis point.
6.
1.
Après quinze jours de jeûne et beaucoup de prières au Seigneur, le sens du
texte me fut révélé. Voici ce qui était écrit : 2. " Tes fils,
Hermas, se sont révoltés contre Dieu, ils ont blasphémé le nom du Seigneur
et ont trahi leurs parents avec beaucoup de malice, et ils se sont entendus
appeler traîtres à leurs parents, et leur trahison ne leur profita pas, mais
ils ajoutèrent encore à leurs péchés la débauche et les ravages du vice
et ils ont ainsi mis le comble à leurs iniquités. 3. Fais connaître ces
paroles à tous tes enfants et à ta compagne, qui, désormais, te sera une
soeur. Car elle ne domine pas sa langue : c'est par là qu'elle pèche ; mais
après avoir entendu ces paroles, elle la dominera et obtiendra miséricorde.
4. Quand tu auras fait connaître ces paroles que le Maître m'a enjoint de te
révéler, tous les péchés antérieurs leur seront remis ainsi qu'à tous
les saints qui ont péché jusqu'à ce jour, s'ils se repentent du fond de
leur coeur et en arrachent les hésitations. 5 Car le Maître l'a juré par sa
gloire à propos des élus : si, après ce jour fixé, il se commet encore un
péché, ils n'obtiendront plus le salut. Car, pour les justes, la pénitence
a une limite, les jours de la pénitence seront révolus pour tous les saints
; mais pour les gentils, la pénitence peut se faire jusqu'au dernier jour. 6.
Tu diras donc aux chefs de l'Église de marcher droit dans les voies de la
justice, pour recevoir pleinement, avec grande gloire, ce qui leur fut promis
7. Persévérez donc, vous qui pratiquez la justice (cf. Ps 15, 2 ; He 11,
33), bannissez toute hésitation pour prendre place parmi les saints anges.
Bienheureux, vous qui endurerez l'épreuve qui arrive, la grande épreuve, et
tous ceux qui ne renieront pas leur vie ! 8. Car le Seigneur l'a juré par son
Fils : ceux qui renieront le Seigneur seront rejetés de la vie, ceux du moins
qui le renieront dans les jours qui viennent ; car ceux qui l'ont renié antérieurement,
dans sa grande miséricorde, le Seigneur leur est redevenu favorable.
7.
"
1. Et toi, Hermas, ne garde plus rancune à tes enfants, ne renvoie pas ta
s_ur : ainsi, ils se purifieront de leurs péchés antérieurs. Ils recevront
une éducation convenable, si tu abandonnes ta rancune à leur égard. La
rancune provoque la mort. Toi, Hermas, tu as subi de grandes tribulations
personnelles à cause des errements de ta maison : c'est que tu ne te souciais
pas d'elle, tu l'as négligée et tu t'es enlisé dans tes mauvaises affaires.
2. Ce qui te sauve, c'est de n'avoir pas abandonné le Dieu vivant (cf. He 3,
12) et aussi ta simplicité et ta grande continence. Voilà ce qui te sauve si
tu persévères ; voilà ce qui sauve tous ceux qui agissent ainsi et marchent
dans la voie de l'innocence et de la simplicité. Ceux-là l'emporteront sur
toute méchanceté et tiendront bon jusqu'à la vie éternelle. 3.
Bienheureux, tous ceux qui pratiquent la justice (cf. Ps 106, 3) ; ils ne périront
pas, de toute éternité. 4. Tu diras à Maxime : " Vois, une épreuve
arrive : si bon te semble, renie de nouveau. Le Seigneur est tout près de
ceux qui se convertissent, comme il est dit dans le livre d'Eldad et Modat,
qui ont prophétisé pour le peuple dans le désert. "
8.
1.
Une révélation, frères, me fut faite quand je dormais, par un jeune homme
très beau qui me dit : " La femme âgée de qui tu obtins le petit
livre, qui est-elle, à ton avis ? " Moi, je dis : " La Sibylle. -
Tu fais erreur, dit-il, ce n'est pas elle. - Qui donc est-ce ? dis-je. - L'Église
", dit-il. Je repartis : " Et pourquoi est-elle si âgée ? - Parce
que dit-il, elle fut créée avant tout (le reste). Voilà pourquoi elle est
âgée ; c'est pour elle que le monde a été formé. " 2. Ensuite, j'eus
une vision chez moi. La femme âgée vint et me demanda si j'avais déjà donné
le petit livre aux presbytres. Je dis que non. " Tu as eu raison,
dit-elle. J'ai certains mots à ajouter. Quand j'aurai achevé l'ensemble, tu
le feras connaître à tous les élus. 3. Tu feras donc deux copies du petit
livre et tu en enverras une à Clément, l'autre à Grapté. Et Clément
l'enverra aux autres villes : c'est sa mission. Grapté, elle, avertira les
veuves et les orphelins. Toi, tu le liras à cette ville, en présence des
presbytres qui dirigent l'église. "
Vision
III
9.
1.
La vision que je vis, frères, la voici. 2. J'avais jeûné souvent et demandé
au Seigneur de m'accorder la révélation qu'il avait promis de me faire par
l'entremise de cette femme âgée ; la nuit même, je la vis et elle me dit :
" Puisque tu as un désir si vif de tout connaître, viens dans le champ
où tu cultives de l'épeautre, et vers la cinquième heure, je t'apparaîtrai
et te montrerai ce qu'il te faut voir. " 3. Je lui demandai : "
Madame, à quel endroit du champ ? - Où tu veux ", dit-elle. Je choisis
un bel endroit écarté. Mais avant que je lui réponde et lui indique
l'endroit, elle me dit : " Je viendrai là où tu veux. " 4. J'allai
donc, frères, dans le champ et je comptais les heures ; j'arrivai à
l'endroit où je lui avais dit de venir et j'aperçois un banc en ivoire et
sur le banc, un coussin de lin et au-dessus, une fine gaze de lin déployée.
5. De voir ces objets sans aucun être humain à cet endroit, je fus frappé
de stupeur et comme un tremblement me prit et mes cheveux se dressèrent. Et
une sorte de frisson me saisit, d'être ainsi tout seul. Mais je rentrai en
moi-même, je me souvins de la gloire de Dieu, je repris courage : je
m'agenouillai et de nouveau, comme antérieurement, je fis au Seigneur l'aveu
de mes fautes. 6. Et elle vint, avec six jeunes gens que j'avais vus
auparavant, s'approcha de moi, m'écouta prier et avouer mes fautes au
Seigneur. Et me touchant, elle me dit : " Hermas, cesse de prier
seulement pour tes fautes ; prie aussi pour la justice, afin d'en obtenir un
peu pour ta maison. " 7. Alors, de la main, elle me relève, me conduit
près du banc et dit aux jeunes gens : " Allez-vous en construire (la
tour). " 8. Les jeunes gens se retirèrent, nous laissant seuls ; elle me
dit : " Assieds-toi ici. " Je lui réponds : " Madame, faites
d'abord asseoir les presbytres. - Assieds-toi, dit-elle, comme je le dis
" 9. Je voulus alors m'asseoir à droite, mais elle ne me le permit pas
et me fit signe de la main de m'asseoir à gauche. Je réfléchissais et
m'affligeais de ce qu'elle ne m'avait pas permis de m'asseoir à droite, quand
elle me dit : " Tu t'affliges, Hermas ? A droite, c'est le lieu réservé
à d'autres, à ceux qui ont déjà plu au Seigneur et qui ont souffert à
cause du Nom. Il s'en faut encore de beaucoup que tu puisses t'asseoir avec
eux. Mais persévère, comme jusqu'ici, dans la simplicité et tu t'assiéras
avec eux et aussi tous ceux qui feront ce qu'ils ont fait et subiront ce
qu'ils ont subi. "
10.
1.
" Et qu'ont-ils subi ? " dis-je. " Écoute, dit-elle : les
coups, la prison, de grandes catastrophes, la croix, les fauves, à cause du
Nom. C'est pour cela que leur est réservé le côté droit du lieu saint, à
eux et à quiconque souffre pour le Nom. Les autres ont le côté gauche. Mais
pour les deux catégories --qu'ils soient assis à gauche ou à droite-- ce
sont les mêmes dons, les mêmes promesses ; seulement, ceux-là sont assis à
droite et jouissent d'une certaine gloire. 2. Toi, tu désires t'asseoir à
droite avec eux, mais tes défauts sont nombreux. Tu devras être purifié de
tes défauts et tous ceux qui n'auront pas hésité seront purifiés de tous
leurs péchés jusqu'à ce jour. " 3. Après ces paroles, elle voulut
s'en aller. M'étant jeté à ses pieds, je la suppliai par le Seigneur de
m'accorder la vision qu'elle m'avait promise. 4. Elle, de nouveau, me saisit
la main, me relève et me fait asseoir à gauche. Elle-même s'assit à
droite. Elle lève un bâton éclatant et dit : " Vois-tu une grande
chose ? - Madame, je ne vois rien, dis-je. - Tiens, dit-elle, tu ne vois pas
en face de toi une grande tour bâtie sut les eaux avec de brillantes pierres
carrées ? " 5. Elle était bâtie en carré par les six jeunes gens
venus avec elle. Des myriades d'autres hommes apportaient des pierres, les
uns, du fond (de l'eau), les autres, de la terre, et ils les passaient aux six
jeunes gens. Eux, les recevaient et bâtissaient. 6. Ils plaçaient telles
quelles dans la construction toutes les pierres retirées du fond de l'eau,
car d'avance, elles s'agençaient et s'emboîtaient parfaitement aux jointures
avec les autres pierres ; elles se soudaient si bien entre elles qu'on ne
voyait pas les joints. La construction paraissait bâtie d'un seul bloc. 7.
Parmi les pierres qu'on amenait de la terre ferme, on rejetait les unes, on
utilisait les autres ; on en brisait d'autres encore et on les jetait loin de
la tour. 8. Beaucoup d'autres pierres gisaient autour de l'édifice ; on ne
les utilisait pas à la construction : les unes étaient effritées, d'autres,
fêlées, d'autres, mutilées ; d'autres encore, blanches et rondes, ne
pouvaient s'emboîter dans la construction. 9. Je voyais d'autres pierres jetées
loin de la tour, tombant sur la route et sans s'y arrêter, roulant dans des
endroits impraticables ; d'autres tombaient dans le feu et brûlaient,
d'autres tombaient près de l'eau et ne parvenaient pas à y rouler, malgré
leur désir.
11.
1.
Après m'avoir montré cela, elle voulut s'en aller. Je lui dis : "
Madame, quelle utilité pour moi de voir ces choses, si je n'en connais pas le
sens ? " Elle me répond : " Tu t'acharnes à vouloir connaître ce
qui concerne la tour. - Oui, dis-je, Madame, pour l'annoncer aux frères, les
rendre joyeux et par ce récit, leur faire connaître Dieu dans toute sa
gloire. " 2. Elle me dit : " Beaucoup l'entendront. Mais après
l'avoir entendu, les uns se réjouiront, d'autres, en revanche, pleureront ;
mais même ces derniers, s'ils y font attention et se repentent, se réjouiront
eux aussi. Écoute donc les paraboles de la tour. Car je te dévoilerai tout ;
seulement, ne me harcèle plus dorénavant à propos de révélations : elles
ont un terme. Mais tu ne cesseras pas de m'en demander : tu es insatiable. 3.
La tour que tu vois construire, c'est moi, l'Église, que tu as vue maintenant
et auparavant. Demande ce que tu veux à propos de la tour : je te le dévoilerai
pour que tu te réjouisses avec les saints. " 4. Je lui dis : "
Madame, puisque vous m'avez jugé digne de toutes révélations, faites-les
moi. " Et elle me dit : " Ce qu'il convient de te révéler te sera
révélé. Seulement, que ton coeur soit tourné vers Dieu et ne doute de rien
de ce que tu verras. " 5. Je lui demandai : " Pourquoi la tour
est-elle bâtie sur les eaux, Madame ? - Je t'ai dit auparavant, dit-elle, que
tu es curieux des Écritures et que tu recherches avec soin. Et en cherchant,
tu trouves la vérité. Écoute pourquoi la tour a été construite sur les
eaux : parce que votre vie a été sauvée par l'eau et qu'elle le sera
encore. La tour a été érigée par la parole du Nom tout-puissant et
glorieux, et elle est maintenue par la force invisible du Maître. "
12.
1.
Je lui dis en réponse : " Madame, la chose est grande et admirable. Et
les jeunes gens qui travaillent, qui sont-ils, Madame ? - Ce sont les saints
anges de Dieu, les premiers créés à qui le Seigneur a confié toute la création
à développer, à bâtir, à gouverner. C'est par eux donc que sera achevée
la construction de la tour. 2. - Et les autres qui amènent les pierres, qui
sont-ils ? - Ce sont aussi des saints anges de Dieu. Mais les six premiers
leur sont supérieurs. Quand donc la construction de la tour sera achevée,
tous ensemble, ils se réjouiront autour d'elle et glorifieront le Seigneur de
ce qu'elle sera achevée. " 3. Je lui demandai : " Madame, je
voudrais connaître la destination et la signification des pierres. "
Elle me répondit : " Ne va pas croire que tu sois entre tous digne de
cette révélation, car d'autres sont avant toi et meilleurs que toi ; c'est
à eux que devraient être révélées ces visions. Mais pour que soit glorifié
le nom du Seigneur (Ps 86, 9, 12), tu as reçu et recevras encore ces révélations,
pour les hésitants, ceux qui se demandent en leur coeur si tout cela est réel
ou non. Dis-leur que tout cela est vrai, que rien de tout cela n'est en dehors
de la vérité, mais que tout est sûr, solide et bien fondé.
13.
"
1. Écoute maintenant ce qui concerne les pierres qui entrent dans la
construction. Les pierres carrées blanches, s'agençant bien entre elles, ce
sont les Apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres qui ont marché
selon la sainteté de Dieu et qui ont exercé leur ministère d'évêque, de
docteur, de diacre avec pureté et sainteté, pour les élus de Dieu ; les uns
sont morts, les autres vivent encore. Et toujours ils se sont accordés entre
eux, ont maintenu la paix entre eux et se sont écoutés mutuellement : c'est
pour cela que dans la construction de la tour leurs joints sont bien agencés.
2. - Les pierres qu'on tire du fond de l'eau, qu'on pose sur la construction
et qui s'agencent bien par leurs joints aux autres déjà utilisées, qui
sont-elles ? - Ce sont ceux qui ont souffert pour le nom de Dieu. 3. - Et les
autres, celles qu'on apporte de la terre ferme, je voudrais savoir qui elles
sont, Madame. " Elle dit : " Celles qui entrent dans la construction
sont équarries, ce sont ceux que le Seigneur a approuvés, parce qu'ils ont
marché dans la voie droite du Seigneur et qu'ils ont respectés parfaitement
ses commandements. 4. - Et celles qu'on amène et qu'on place dans la
construction, qui sont-elles ?--Des nouveaux venus à la foi, et fidèles ;
les anges leur rappellent de faire le bien et on n'a trouvé en eux aucun mal.
5. - Et celles qu'on repoussait et qu'on rejetait, qui sont-elles ? - Ce sont
ceux qui ont péché et qui veulent faire pénitence ; c'est pourquoi on ne
les a pas rejetés très loin de la tour : ils seront utiles à la
construction s'ils se repentent. Ceux donc qui sont enclins au repentir, s'ils
font pénitence, seront fermes dans la foi, à la condition qu'ils se
repentent maintenant, pendant que la tour est encore en construction. Quand
elle sera achevée, il n'y aura plus de place pour eux : ils seront rejetés ;
il ne leur restera qu'une faveur : celle de rester près de la tour.
14.
"
1. Tu veux connaître les pierres qu'on brise et qu'on jette bien loin de la
tour ? Ce sont les fils d'iniquité ; ils n'ont eu qu'une foi hypocrite et ne
se sont pas dépouillés de tout mal. C'est pourquoi ils n'obtiennent pas le
salut : ils sont inutiles à la construction a cause de leurs vices ; ils ont
donc été brisés et rejetés au loin, par la colère du Seigneur, car ils
l'avaient irrité. 2. Parmi les autres que tu as vues joncher le sol sans
entrer dans la construction, celles qui sont effritées sont ceux qui ont
connu la vérité, mais qui ne persévèrent pas en elle et qui ne fréquentent
pas assidûment les saints : d'où leur inutilité. 3. - Et celles qui ont des
fêlures, qui sont-elles ? - Ce sont ceux qui, dans leur coeur, gardent une
rancune mutuelle et ne font pas régner la paix entre eux (1 Th 5, 13 ; cf. Mc
9, 50), tout en gardant un masque de paix. Et quand ils se séparent, leurs
vices persistent dans leur coeur : voilà les fêlures que présentent ces
pierres 4. Les pierres mutilées, ce sont ceux qui ont la foi et qui pour
l'essentiel s'en tiennent à la justice, mais en qui subsistent des restes
d'iniquité : c'est pourquoi elles sont mutilées et tronquées. 5. - Et les
pierres blanches, rondes, qui ne peuvent s'adapter à la construction, qui
sont-elles, Madame ? " Elle me répondit : " Jusques à quand
faudra-t-il que, par stupidité et balourdise, tu demandes tout sans rien
comprendre par toi-même ? Ce sont ceux qui possèdent la foi, mais aussi les
richesses de ce monde. Et quand arrive l'épreuve, à cause de leurs richesses
et de leurs affaires, ils renient leur Seigneur. " 6. Je lui dis en réponse
: " Madame, quand seront-ils donc utilisables pour la construction ? -
Quand, dit-elle, on aura rogné la richesse qui les entraîne, alors, ils
seront utilisables. Une pierre ronde, sans être taillée, sans rejeter un
morceau d'elle-même, ne peut devenir carrée : de même, les riches de ce
monde, si on ne rogne pas leurs richesses, ne peuvent être utiles au
Seigneur. 7. Instruis-toi d'abord d'après toi-même : lorsque tu étais
riche, tu étais inutile ; c'est maintenant que tu es tout à fait utilisable
pour la vie. Devenez utilisables pour Dieu ! Car toi-même tu as été une de
ces pierres.
15.
"
1. Les autres pierres que tu as vues jetées loin de la tour, tombant sur le
chemin et roulant dans des endroits impraticables, ce sont ceux qui ont eu la
foi, mais qui, à cause de leurs doutes, abandonnent la voie de vérité. Ils
se figurent trouver une meilleure voie, ils errent et ils se traînent
lamentablement par des chemins non frayés. 2. Celles qui tombent dans le feu
et brûlent, ce sont ceux qui à jamais se sont écartés du Dieu vivant (Hé.
3, 12) et l'idée de la repentance n'est plus montée à leur coeur : ils
n'ont plus que le goût de la débauche et des turpitudes qu'ils ont commises.
3. Et celles qui tombent près des eaux, mais qui ne parviennent pas à rouler
dans l'eau, tu veux savoir qui elles sont ? Ce sont ceux qui ont entendu la
parole de Dieu (Mc 4, 18 ; Mt 13, 20, 22) et qui veulent être baptisés au
nom du Seigneur (Ac 19, 5 ; cf. 2, 38 ; 10, 48). Seulement, lorsqu'ils se
rappellent la sainteté qu'exige la vérité, ils changent d'avis et se
mettent de nouveau à la remorque de leurs passions mauvaises " (Qo 18,
30). 4. Elle avait fini l'explication de la tour. 5. Je m'enhardis et lui
demandai si toutes ces pierres rejetées et impropres à la construction
pouvaient faire pénitence et trouver place dans la tour. " Elles
peuvent, dit-elle, faire pénitence, mais non pas s'agencer dans cette tour.
6. Elles s'agenceront dans un autre lieu beaucoup plus petit, et cela,
lorsqu'elles auront été éprouvées et auront expié leurs péchés pendant
le temps fixé. Et ils seront délivrés pour avoir eu part à la Parole de
Justice. Et cette délivrance leur arrivera au sortir de leurs épreuves,
quand montera à leur coeur la pensée des turpitudes qu'ils ont commises.
Sinon, ils ne seront pas sauvés, vu la dureté de leur coeur. "
16.
1.
Quand j'eus fini de lui poser toutes ces questions, elle me dit : "
Veux-tu voir autre chose ? " Moi, très désireux de voir, j'en fus fort
réjoui. 2. Me fixant des yeux, elle me sourit et me dit : " Tu vois sept
femmes autour de la construction ? - Oui, dis-je, Madame. - La tour est
supportée par elle, sur l'ordre du Seigneur. 3. Écoute maintenant leurs
fonctions. La première, qui de ses mains domine (les autres), s'appelle la
Foi ; c'est par elle que sont sauvés les élus du Seigneur. 4. La suivante,
qui a une ceinture et un air viril, s'appelle Continence : c'est la fille de
la Foi. Quiconque s'attache à elle est heureux pendant sa vie, parce qu'il
s'abstient de toute mauvaise action, car il a confiance que, s'il s'abstient
de tout désir pervers, il héritera de la vie éternelle. 5. - Et les autres,
Madame, quelles sont-elles ? Elles sont filles l'une de l'autre et s'appellent
Simplicité, Science, Innocence, Sainteté, Charité. Si tu accomplis toutes
les oeuvres de leur mère, tu pourras vivre. 6. - Je voudrais savoir, dis-je,
Madame, quel est le pouvoir de chacune d'elles. - Écoute, dit-elle, quels
sont leurs pouvoirs. 7. Il sont subordonnés les uns aux autres et se suivent
selon l'ordre de naissance de chacune. De la Foi naît Continence ; de
Continence, Simplicité ; de Simplicité, Innocence ; d'Innocence, Sainteté ;
de Sainteté, Science ; de Science, Charité. Leurs oeuvres sont pures,
saintes, divines. 8. Quiconque se fait leur serviteur et a la force de persévérer
dans leurs oeuvres aura sa demeure dans la tour avec les saints de Dieu.
" 9. Je lui demandai au sujet des temps, si c'était déjà la fin. Mais
elle s'écria d'une voix forte : " Insensé, ne vois-tu pas que la tour
est encore en construction ? Dès qu'elle sera achevée, ce sera la fin. Et
elle sera vite achevée. Ne me demande plus rien : il vous est suffisant, à
toi et aux saints, de vous rappeler cela et de renouveler vos esprits. 10.
Mais ce n'est pas pour toi seul que tout cela a été révélé : tu dois le
faire connaître à tous, dans trois jours ; 11. tu dois en effet d'abord réfléchir
toi-même. Je t'enjoins premièrement, Hermas, de répéter à la lettre pour
les saints toutes les paroles que je vais te dire, pour qu'après les avoir écoutées
et observées. ils soient purifiés de leurs péchés et toi avec eux.
17.
"
1. Écoutez-moi, mes enfants. C'est moi qui vous ai élevés en toute
simplicité, innocence et sainteté, par la miséricorde du Seigneur, qui a
fait tomber sur vous goutte à goutte la justice pour vous justifier et vous
sanctifier de tout vice et de toute perversité. Mais vous, vous ne voulez pas
vous corriger de vos vices. 2. Maintenant donc, écoutez-moi et faites la paix
entre vous (1 Th 5, 13), rendez-vous visite et secourez-vous les uns les
autres (cf. Ac 20, 35) et n'accaparez pas pour vous seuls les biens que Dieu a
créés, mais donnez-en aussi en abondance aux indigents. 3. Car les uns, à
force de ripailles, finissent par affaiblir leur corps et miner leur santé.
D'autres, qui n'ont pas à manger, voient leur santé ruinée par
l'insuffisance d'aliments, et leur corps dépérit. 4. Cette intempérance
vous est nuisible, à vous qui possédez et qui ne donnez rien aux indigents !
5. Voyez le jugement qui arrive. Vous qui avez de trop, cherchez ceux qui ont
faim, tandis que la tour n'est pas encore achevée ; car après son achèvement,
même si vous voulez faire le bien, vous n'aurez plus l'occasion. 6. Faites
donc en sorte, vous qui tirez orgueil de vos richesses, que les indigents
n'aient pas à se lamenter (Lc 5, 4), que leurs lamentations ne montent pas
jusqu'au Seigneur et qu'avec tous vos biens, vous ne trouviez fermée la porte
de la tour. 7. Je m'adresse maintenant aux chefs de l'Église et à ceux qui
occupent les premiers rangs. Ne vous rendez pas semblables aux empoisonneurs :
eux, ils portent leurs poisons dans des boîtes ; vous, votre poison et votre
venin, vous les avez dans le coeur. 8. Vous êtes endurcis et vous refusez de
purifier votre coeur et de réaliser l'accord de votre pensée, dans la pureté
du coeur pour obtenir miséricorde du grand Roi (Ps 47, 3 ; etc.). 9. Veillez
donc, mes enfants, à ce que ces divisions ne vous privent pas de la vie. 10.
Comment prétendez-vous former les élus du Seigneur, sans avoir vous-mêmes
de formation? Formez-vous donc les uns les autres et faites la paix parmi vous
(1 Tb 5, 13), afin que moi aussi, me tenant joyeuse en face du Père, je
puisse rendre de vous tous à votre Seigneur un compte favorable. "
18.
1.
Quand elle eut fini de causer avec moi, arrivèrent les six jeunes gens occupés
à la construction : ils l'emportèrent près de la tour et quatre autres
enlevèrent le banc et l'emportèrent aussi près de la tour. Je ne vis pas
leur visage, car ils me tournaient le dos. 2. Comme elle se retirait, je lui
demandai de me faire une révélation au sujet des trois formes sous
lesquelles elle m'était apparue. Elle me répondit : " À ce sujet,
c'est à un autre qu'il faut demander une révélation. " 3. Je l'avais
vue, frères, dans la première vision de l'année précédente, très âgée
et assise dans un fauteuil. 4. Dans la suivante, elle avait l'aspect plus
jeune, mais le corps et les cheveux (encore) vieux, et elle me parlait debout
; elle était plus joyeuse qu'auparavant. 5. Lors de la troisième vision,
elle était entièrement jeune et très belle : d'une vieille, elle n'avait
plus que les cheveux ; elle fut extrêmement joyeuse et était assise sur un
banc. 6. Ces détails, j'étais fort intrigué de les comprendre par la révélation
promise. Et la nuit, je vois en vision la femme âgée qui me dit : "
Toute demande exige l'humilité. Fais donc jeûne et tu obtiendras ce que tu
demandes au Seigneur. " 7. Je fis donc jeûne un jour et la nuit même
m'apparut un jeune homme qui me dit : " Pourquoi demandes-tu
continuellement des révélations dans ta prière ? Prends garde, en demandant
trop, de nuire à ton corps. 8. Les révélations précédentes doivent te
suffire. Es-tu capable de supporter des révélations plus fortes que celle
que tu as déjà eues? ~ 9. Je lui réponds : " Seigneur, je ne demande
qu'un détail, concernant les trois formes de la femme âgée, pour compléter
la révélation. " Il me répond : " Jusqu'à quand serez-vous
insensés ? Hélas ! Ce qui vous rend insensés, c'est de douter et aussi de
ne pas tourner votre coeur vers le Seigneur. " 10. Je lui réponds de
nouveau : " Mais par vous, Seigneur, nous connaîtrons ces points plus
exactement. "
19.
1
" Écoute, dit-il ; voici ce que tu cherches à propos des trois formes.
2. Dans la première vision, pourquoi la femme âgée t'est-elle apparue âgée
et assise dans un fauteuil ? Parce que votre esprit était déjà vieilli, déjà
flétri et sans force, de par votre mollesse et vos doutes. 3. Les vieillards,
parce qu'ils n'ont plus l'espoir de rajeunir, ne s'attendent plus à rien
autre qu'à la mort : de même, vous, amollis par les affaires du siècle,
vous vous êtes laissés aller à l'abattement et vous ne vous en êtes pas
remis de vos soucis au Seigneur (Ps 54, 23 ; cf. 1 P. 5. 7) ; aussi votre
coeur a été brisé et les chagrins vous ont vieillis 4. - Pourquoi était-elle
assise dans un fauteuil ? Je voudrais le savoir, Seigneur. Parce que tout
homme faible, à cause de sa faiblesse, est obligé de s'asseoir pour réconforter
son corps débile. Voilà le sens général de la première vision.
20.
"
1. Lors de la seconde vision, tu la vis debout, l'air plus jeune et plus gai
qu'auparavant, mais avec le corps et les cheveux d'une vieille. Écoute,
dit-il, la comparaison suivante. 2. Un vieillard qu'ont déjà conduit au désespoir
la faiblesse et l'indigence, n'attend plus rien que le dernier jour de sa vie
; mais voici que brusquement lui échoit un héritage ; à cette nouvelle, il
s'est levé et tout à la joie, il s'est revêtu de force. Il n'est plus couché,
mais debout ; son esprit déjà flétri par ses peines antérieures, rajeunit
; il n'est plus toujours assis, mais agit en homme : il en va de même pour
vous, une fois entendue la révélation que le Seigneur vous a faite. 3. Il a
eu pitié de vous, il a rajeuni votre esprit ; vous, vous avez rejeté votre
mollesse et la force vous est revenue et vous vous êtes affermis dans la foi.
Et voyant votre force, le Seigneur s'est réjoui ; c'est pourquoi il vous a
montré la construction de la tour et il vous fera encore d'autres révélations,
si du fond du coeur vous faites la paix entre vous (1 Th 5, 13).
21.
"
1. Lors de la troisième vision, tu la vis plus jeune, belle, gaie, d'un
physique charmant. 2. Si un affligé reçoit une bonne nouvelle, tout de suite
il oublie ses misères antérieures ; il n'est plu sensible qu'à cette
nouvelle, et il reprend force désormais pour le bien et, par la joie éprouvée,
son esprit redevient jeune. Il en va de même pour vous : la vue de ces biens
a rajeuni vos esprits. 3. Quant au fait que tu l'as vue assise sur un banc,
c'est là une position stable, puisque le banc a quatre pieds et qu'il tient
ferme. Le monde aussi est soutenu par quatre éléments. 4. Ceux qui auront
fait pénitence seront complètement rajeunis et raffermis - ceux du moins qui
du fond du coeur auront fait pénitence. Tu as reçu ainsi la révélation
complète. Ne demande plus dorénavant de révélations : si tu en as besoin,
tu en recevras une. "
Vision
IV
22.
1.
Voici la vision que j'eus, frères, à vingt jours de la précédente, préfiguration
de l'épreuve qui arrive. 2. Je m'en allais par la voie Campanienne à ma
propriété de campagne située à peu près à dix stades de la voie
publique. Le chemin est cependant facile. 3. Marchant seul, je demande au
Seigneur de parfaire les révélations et visions qu'il m'a envoyées par sa
sainte Église, pour m'affermir et accorder pénitence à ses serviteurs pris
au piège : ainsi sera glorifié son nom sublime (Ps 86, 9, 12 ; cf. 99, 3) et
glorieux, puisqu'il m'a jugé digne de me montrer ses merveilles. 4. Je le
glorifiais et lui rendais grâces, quand un bruit de voix me répondit :
" Rejette le doute, Hermas. " Je me mis alors à réfléchir et me
dis : " Quelles raisons aurais-je de douter, moi qui ai été affermi à
ce point par le Seigneur et qui ai vu ces merveilles ? " 5. Et je m'avançai
un peu, frères, et voilà que je vois un nuage de poussière qui a l'air de
monter au ciel. Je me dis : " Serait-ce un troupeau qui approche et soulève
la poussière ? " C'était éloigné de moi d'un stade à peu près. 6.
Mais il grandissait de plus en plus et j'y devinai quelque chose de divin. Le
soleil parvint a percer quelque peu et voilà que jc vois une bête énorme
comme une baleine et de sa gueule sortaient des sauterelles de feu. Le monstre
avait bien cent pieds de long et sa tête avait le calibre d'une grosse jarre
7. Je me mis à pleurer et à demander au Seigneur de me délivrer du monstre.
Et je me souvins de la parole entendue : " Rejette le doute, Hermas !
" 8. Alors, frères, je me remplis de la foi du Seigneur, me rappelai son
enseignement sublime, et dans un accès de courage, je me livrai au monstre.
Il s'avançait avec un ronflement à anéantir une ville. 9. Je m'avance tout
près de lui et voilà cette énorme bête qui s'étend à terre et ne
projette plus rien que sa langue : elle ne fit plus aucun mouvement jusqu'à
ce que je fusse passé. 10. Le monstre avait sur la tête quatre couleurs :
noir, puis feu et sang, puis or et puis blanc.
23.
1.
J'avais dépassé la bête et m'étais avancé d'environ trente pas et voilà
que vient à ma rencontre une jeune fille parée comme si elle sortait de la
chambre nuptiale (Ps 19, 5 ; Ap 21, 2), tout en blanc, avec des souliers
blancs, voilée jusqu'au front et avec un bonnet comme coiffure. Elle avait
les cheveux blancs. 2. Je sus, d'après mes visions, que c'était l'Église et
mon contentement s'en accrut. Elle me salue ainsi : " Bonjour, l'homme.
" Et moi, je lui rendis son salut : " Bonjour, Madame. " 3.
Elle me répond : " Tu n'as rien rencontré ? - Madame, lui dis-je, j'ai
rencontré un monstre tel qu'il pourrait anéantir des peuples ! Mais par la
puissance du Seigneur et sa miséricorde, je lui ai échappé. 4. - Tu as eu
le bonheur d'échapper, dit-elle, parce que tu t'en es remis à Dieu de tes
soucis (Ps 55, 23), que tu as ouvert ton coeur au Seigneur (Ps 62, 7) et que
tu as cru ne pouvoir être sauvé que par son nom grand et glorieux. Voilà
pourquoi le Seigneur t'a envoyé celui de ses anges qui a charge des bêtes
sauvages. Son nom est Thegri : il lui a fermé la gueule pour éviter qu'il te
fasse du mal (Dn 6, 23 ; Hé 11, 33). Tu as échappé à une grande
catastrophe par ta foi : la vue d'un tel monstre ne t'a pas ébranlé. 5.
Maintenant donc, retire-toi et va expliquer à ses élus les exploits glorieux
du Seigneur et dis-leur que ce monstre est la préfiguration de la grande épreuve
qui arrive. Si vous vous y préparez et que, du fond d'un coeur repentant,
vous reveniez vers le Seigneur, vous pourrez y échapper, mais il faut que
votre coeur soit pur et irréprochable et que le reste de vos jours, vous
serviez le Seigneur sans mériter de blâme. Vous vous en êtes remis de vos
soucis au Seigneur (Ps 55, 23) et il les dissipera. 6. Croyez au Seigneur,
vous qui doutez : il peut aussi bien détourner sa colère de vous que vous
envoyer des châtiments, à vous qui doutez. Malheur à ceux qui ont entendu
ces paroles sans les comprendre. Il vaudrait mieux pour eux n'être pas nés
" (Mt 26, 24 ; Mc 14, 21).
24.
1.
Je lui posai une question sur les quatre couleurs que la bête avait sur la tête.
Elle me répondit : " De nouveau cette minutie déplacée pour de tels
sujets ! - Il est vrai, dis-je, Madame ; mais faites-moi savoir ce que c'est
2. - Écoutez, dit-elle. Le noir, c'est ce monde où vous habitez ; 3. Le feu
et le sang veulent dire que le monde doit périr par le feu et le sang ; 4. la
partie dorée, c'est vous, qui avez fui ce monde (2 P 2, 20). En effet, l'or
est éprouvé par le feu (1 P 1, 7 ; cf. Qo 2, 5 ; Pr. 17, 3 ; Jb 23, 10) et
devient par là utilisable ; c'est ainsi que vous êtes éprouvés, vous qui
habitez avec les gens d'ici. Vous qui aurez tenu bon et subi de leur part l'épreuve
du feu, vous serez purifiés. L'or rejette ainsi ses scories ; de même, vous
rejetterez toute affliction et toute angoisse, vous serez purifiés et
utilisables pour la construction de la tour. 5. La partie blanche, c'est le
monde qui arrive, où habiteront les élus du Seigneur : car ils seront sans
tache et purs, les élus de Dieu pour la vie éternelle. 6. Toi donc, ne cesse
pas d'en parler aux saints. Vous tenez là la préfiguration de la grande épreuve
qui vient. Mais si vous le voulez, elle ne sera rien. Rappelez-vous ce qui fut
écrit antérieurement. " 7. Sur ce, elle s'en alla et je ne vis pas par
où elle était partie : car il y eut un nuage et moi, je fis demi-tour, pris
de peur : j'avais l'impression que le monstre revenait.
Révélation
V
25.
1.
J'avais prié dans ma maison et je m'étais assis sur le lit quand je vis
entrer un homme d'apparence glorieuse, en costume de berger, enveloppe d'une
peau de chèvre blanche, une besace sur les épaules et un bâton à la main.
Il me salua et je lui rendis son salut. 2. Tout de suite, il s'assit près de
moi et me dit : " J'ai été envoyé par le plus vénérable des anges,
pour habiter avec toi tout le reste de tes jours. " 3. Il me sembla qu'il
était là pour m'éprouver et je lui dis : " Mais toi, qui es-tu ? Car
moi, dis-je, je sais bien à qui j'ai été confié. " Il me dit : "
Tu ne me reconnais pas ? - Non, dis-je. - Je suis, dit-il, le Pasteur à qui
tu as été confié. " 4. Il parlait encore que son aspect changea et
alors je le reconnus : c'était bien celui à qui j'avais été confié ; et
tout de suite, rempli de confusion, la peur me saisit et la douleur m'accable
: ne lui avais-je pas répondu de façon méchante, insensée ? 5. Mais il me
répondit : " Ne te trouble pas ; au contraire, raffermis-toi dans les préceptes
que je vais te donner. Car j'ai été envoyé, dit-il, pour te montrer encore
une fois tout ce que tu as vu précédemment, les principaux points qui vous
sont utiles. Toi donc, prends note tout d'abord des Préceptes et des
Similitudes. Le reste, tu l'écriras comme je te l'indiquerai ; si je
t'ordonne, dit-il, d'écrire d'abord les Préceptes et les Similitudes, c'est
pour que, les ayant sous la main, tu puisses les lire et les observer. "
6. J'ai donc écrit les Préceptes et les Similitudes, comme il me l'avait
ordonné. 7. Et si vous les écoutez, si vous les observez, si vous marchez
dans cette voie et les mettez en pratique avec un coeur pur, vous obtiendrez
du Seigneur tout ce qu'il vous a promis. Mais si, après les avoir entendus,
vous ne faites pas pénitence, si vous ajoutez encore à vos péchés, vous
recevrez du Seigneur tout le contraire. Voici tout ce que m'a ordonné d'écrire
le Pasteur, l'ange de la pénitence.
Précepte
I
26.
1.
" Premier point entre tous : crois qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui
a tout créé et organisé (Ep 3,9), qui a tout fait passer du néant à l'être
(2 M 7,28 ; cf. Sg 1,14), qui contient tout et qui n'est pas contenu. 2. Crois
donc en lui et crains-le, et, et par cette crainte, sois continent. Observe
ces préceptes et tu rejetteras de toi toute dépravation, tu revêtiras toute
vertu de justice et tu vivras pour Dieu - si du moins tu observes ce
commandement. "
Précepte
II
27.
1.
Il me dit : " Maintiens-toi dans la simplicité, l'innocence, et tu seras
comme les petits enfants qui ignorent le mal destructeur de la vie des hommes.
2. Et d'abord, ne dis du mal de personne et ne prends pas de plaisir à écouter
le médisant (cf. Jc 4,11) ; sinon, tu auras part, toi qui l'écoutes, au péché
du médisant, si du moins tu ajoutes foi à la médisance entendue. Car en y
ajoutant foi, tu seras, toi aussi, hostile à ton frère, et c'est ainsi que
tu auras part au péché de médisance. 3. La médisance est mauvaise, c'est
un démon agité, jamais en paix, il ne se plaît que dans les discordes.
Tiens-toi donc bien loin de lui et tes rapports avec tout le monde seront
toujours parfaits. 4. Revêts-toi de gravité : avec elle, point
d'achoppement, mais rien que des chemins unis et de l'allégresse. Fais le
bien et du produit du labeur que Dieu t'accorde, donne à tous les indigents
avec simplicité, sans t'inquiéter (de savoir) à qui tu donneras et à qui
tu ne donneras pas : donne à tous ; car Dieu veut qu'on fasse profiter tout
le monde de ses propres largesses. 5. Ceux qui reçoivent rendront compte à
Dieu du motif et de la destination de ce qu'ils auront reçu : ceux qui
recevront dans le besoin ne seront pas jugés, mais ceux qui trompent pour
recevoir seront punis. 6. Celui qui donne, lui, est irréprochable, car, comme
il a reçu du Seigneur ce ministère à remplir, il l'a rempli avec simplicité
: sans examiner à qui donner et à qui ne pas donner. Et le ministère qui
s'est ainsi achevé dans cette simplicité est glorieux devant Dieu. Celui
donc qui s'acquitte ainsi de son service vivra pour Dieu. 7. Observe donc ce
précepte comme je te l'ai dit, pour que ta pénitence et celle de ta maison
soient trouvées simples, pures, innocentes et incorruptibles. "
Précepte
III
28.
1.
Il me dit de nouveau : " Aime la vérité, qu'elle seule puisse sortir de
ta bouche ; de la sorte, l'esprit que Dieu a logé dans ta chair sera trouvé
authentique aux yeux de tous les hommes et ainsi sera glorifié le Seigneur,
qui habite en toi, car le Seigneur est vrai en toutes ses paroles et il n'y a
en lui aucun mensonge. 2. Les menteurs renient donc le Seigneur et le dépouillent,
puisqu'ils ne lui rendent pas le dépôt qu'il leur a confié. Car ils ont reçu
de lui un esprit qui ne ment pas ; s'ils le lui rendent mensonger, ils violent
le commandement du Seigneur et se font spoliateurs. " 3. En entendant
cela, je fondis en larmes. Il me voit pleurer et me dit : " Pourquoi
pleures-tu ? --Parce que, Seigneur, dis-je, je ne sais pas si je puis être
sauvé. --Pourquoi ? dit-il --C'est que dans ma vie, Seigneur, je n'ai pas
encore dit une parole vraie, mais depuis toujours, j'ai vécu de fourberie
envers tous et j'ai fait passer mes mensonges pour la vérité aux yeux de
tout le monde. Personne ne m'a jamais contredit : on a eu confiance en mes
paroles. Comment donc puis-je vivre, Seigneur, après ces vilenies ? 4.--Tu
penses bien et juste, dit-il. Car tu aurais dû, comme serviteur de Dieu,
marcher dans la vérité, ne pas faire cohabiter en toi une mauvaise
conscience avec l'esprit de vérité, ne pas affliger un esprit auguste et véridique.
--Jamais, Seigneur, dis-je, je n'ai entendu parler de règles si précises. 5.
Maintenant donc, dit-il, tu les entends. Observe-les : ainsi, même les
mensonges que tu faisais antérieurement dans tes affaires obtiendront créance,
puisqu'on trouvera vrai ton langage d'aujourd'hui ; car ils peuvent aussi
obtenir créance. Si m observes ces préceptes et qu'à partir de maintenant
tu ne dises plus que la vérité, tu pourras acquérir la vie et quiconque
observera ce commandement et s'abstiendra du mensonge, ce grand vice, celui-ci
vivra pour Dieu.
Précepte
IV
29.
"
1. Je t'ordonne, dit-il de garder la chasteté et que ne monte pas à ton
coeur le désir d'une autre femme (que la tienne), ni d'une quelconque
fornication, ni d'aucun autre vice semblable. Car ce faisant, tu commettrais
un grand péché. Souviens-toi toujours de ta femme et tu ne pécheras jamais
2. Si ces désirs montent à ton coeur, tu pécheras et si ce sont d'autres
pensées aussi mauvaises, tu commets un péché. Car ce désir, pour un
serviteur de Dieu, est un grand péché. Mais si on accomplit cet acte
vicieux, c'est la mort qu'on se prépare. 3. Veilles-y donc, abstiens-toi de
ce désir, car là où habite la sainteté, au coeur d'un homme juste,
l'iniquité ne devrait pas monter. " 4. Je lui dis : " Seigneur,
permettez-moi de vous poser quelques questions.-Parle, dit-il. -Seigneur,
dis-je, si quelqu'un a une femme qui croit au Seigneur, et qu'il découvre
qu'elle est adultère, est-ce qu'il commet un péché à vivre avec elle ?
5.--Tout le temps qu'il l'ignore, dit-il, il ne commet pas de péché ; mais
s'il apprend le péché de sa femme et qu'elle, au lieu de se repentir,
persiste dans l'adultère, à vivre avec elle le mari partage sa faute et
participe à l'adultère. 6.-Que fera donc le mari, Seigneur, dis-je, si la
femme persiste dans cette passion ? --Qu'il la renvoie, dit-il, et qu'il reste
seul. Mais si, après avoir renvoyé sa femme, il en épouse une autre, lui
aussi alors, il commet l'adultère (Mc 10, 11 ; Mt 5, 32 ; 19, 9 ; cf. 1 Co 7,
11). 7.-Et si, Seigneur, dis-je, après avoir été renvoyée, la femme se
repent et veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l'accueillir ?
8.-Certes, dit-il. Si le mari ne l'accueille pas, il pèche, il se charge d'un
lourd péché, car il faut accueillir celui qui a péché et qui se repent,
mais non beaucoup de fois. Pour les serviteurs de Dieu, il n'y a qu'une pénitence.
C'est en vue du repentir que l'homme ne doit pas se remarier. Cette attitude
vaut d'ailleurs aussi bien pour la femme que pour l'homme. 9. L'adultère,
dit-il, ne consiste pas uniquement à souiller sa chair : celui-là aussi
commet l'adultère, qui vit comme les gentils. Donc, si quelqu'un persiste
dans cette conduite sans se repentir, écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui
; sinon tu as part à sa faute. 10. Si on vous a enjoint de ne pas vous
remarier, homme ou femme, c'est parce que, dans de tels cas, la pénitence est
possible. 11. Donc, dit-il, mon intention n'est pas de faciliter
l'accomplissement de tels péchés, mais t'empêcher que le pécheur retombe.
Pour ce qui est du péché antérieur, il y a quelqu'un qui peut apporter remède
: c'est celui qui a le pouvoir de tout faire. "
30.
1.
Je continuai à le questionner : " Puisque le Seigneur m'a jugé digne de
vous avoir toujours dans ma maison, supportez encore quelques paroles de moi,
car je ne comprends rien et mon coeur s'est endurci (Mc 6, 52) par mes méfaits
passés. Instruisez-moi, car je suis tout à fait dépourvu d'intelligence et
je ne comprends absolument rien. " 2. Il me dit en réponse : " Je
suis, moi, dit-il, préposé à la pénitence et à tous ceux qui se
repentent, je donne l'intelligence. Ne te semble-t-il pas, dit-il, que le fait
de se repentir est lui-même de l'intelligence ? Le repentir, dit-il, est un
acte de grande intelligence ; car le pécheur comprend qu'il a fait le mal
devant le Seigneur (Jg 2, 11 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 6 ; 13, 1 ; etc.) et l'acte
qu'il a commis lui remonte au coeur et il se repent et il ne commet plus le
vice ; au contraire, il met tout son zèle à faire le bien, humilie son âme
et l'éprouve, puisqu'elle a péché. Tu vois donc que le repentir est un acte
de grande intelligence. 3. -Voici pourquoi, Seigneur, dis-je, je vous demande
tout cela avec autant de minutie. C'est d'abord que je suis un pécheur, que
je veux savoir ce que je dois faire pour pouvoir vivre, car mes péchés sont
nombreux et divers. 4.-Tu vivras, dit-il, si tu observes mes commandements et
si tu marches dans leur voie, et quiconque sera attentif à ces commandements
et les observera, vivra pour Dieu. "
31.
1.
" Seigneur, dis-je, j'ajouterai encore une question. - Parle, dit-il. -
J'ai entendu certains docteurs dire qu'il n'y a pas d'autre pénitence que
celle du jour où nous descendîmes dans l'eau et où nous reçûmes le pardon
de nos péchés antérieurs. " 2. Il me dit : " Ce que tu as entendu
est exact. Il en est ainsi. Celui qui a reçu le pardon de ses péchés ne
devrait, en effet, plus pécher, mais demeurer en sainteté. 3. Mais puisqu'il
te faut toutes les précisions, je t'indiquerai ceci aussi, sans donner prétexte
de pécher à ceux qui croiront ou à ceux qui se mettent maintenant à croire
au Seigneur, car les uns comme les autres n'ont pas à faire pénitence de
leurs péchés : ils ont l'absolution de leurs péchés antérieurs. 4. C'est
donc uniquement pour ceux qui ont été appelés avant ces tout derniers jours
que le Seigneur a institué une pénitence. Car le Seigneur connaît les
coeurs, et sachant tout d'avance, il a connu la faiblesse des hommes et les
multiples intrigues du diable, qui fera du tort aux serviteurs de Dieu et
exercera contre eux sa malice. 5. Dans sa grande miséricorde, le Seigneur
s'est ému pour sa créature et a institué cette pénitence et il m'a accordé
de la diriger. 6. Mais je te le dis, reprit-il : si, après cet appel
important et solennel, quelqu'un, séduit par le diable, commet un péché, il
dispose d'une seule pénitence ; mais s'il pèche coup sur coup, même s'il se
repent, la pénitence est inutile à un tel homme : il aura bien de la peine
à jouir de la vie. " 7. Je lui dis : " Seigneur, je reviens à la
vie après ces renseignements détaillés. Car je sais que si je n'ajoute plus
à mes péchés, je serai sauvé. - Tu seras sauvé, dit-il, et tous ceux qui
feront ainsi. "
32.
1.
Je le questionnai de nouveau : " Seigneur, puisque pour une fois vous tolérez
mes (questions), indiquez-moi encore ceci. - Parle, dit-il. - Si une femme,
Seigneur, dis-je, ou un homme meurt et que le conjoint se remarie, ce dernier
commet-il une faute en se remariant ? 2. - Non, dit-il, mais s'il reste seul,
il s'acquiert auprès du Seigneur un honneur, une gloire supplémentaire (cf.
1 Co 7, 38-40). Mais s'il se remarie, il ne pèche point. 3. Observe donc
scrupuleusement la chasteté et la sainteté, et tu vivras pour Dieu. Tout ce
que je te dis et te dirai, observe-le à partir de ce jour où tu m'es confié
et j'habiterai dans ta maison. 4. De tes fautes passées, tu auras rémission,
si tu observes mes commandements. Et tous auront rémission, s'ils observent
mes commandements et s'ils marchent dans cette chasteté.
Précepte
V
33.
"
1. Sois patient, dit-il, et prudent, et tu triompheras de toutes les
turpitudes et tu réaliseras toute justice. 2. Si tu es patient, l'Esprit-Saint
qui habite en toi sera pur de n'être pas obscurci par un autre esprit
mauvais. Trouvant un large espace libre, il sera content, il se réjouira avec
le vase 73 qu'il habite et servira Dieu avec grande allégresse, puisqu'il
aura en lui la plénitude. 3. Mais si arrive un accès de colère, tout de
suite l'Esprit-Saint, qui est délicat, se trouve à l'étroit, sans espace
pur, et il cherche à quitter ce lieu : il est étouffé par l'esprit mauvais,
il n'a plus l'espace où servir Dieu comme il veut, souillé qu'il est par la
colère. Car le Seigneur habite dans la patience et le diable dans la colère.
4. Que ces deux esprits habitent ensemble est donc un grand malheur pour
l'homme en qui ils habitent 5. Si tu prends une toute petite goutte d'absinthe
et que tu la verses dans un pot de miel, n'est-il pas vrai que tout le miel
est perdu, que tant de miel est gâté par si peu d'absinthe, qu'elle corrompt
la douceur du miel qui n'a plus le même charme pour le maître, puisqu'il est
devenu amer et a perdu son utilité ? Mais si on ne jette pas d'absinthe dans
le miel, on le trouve doux et le maître peut l'utiliser. 6. Tu le vois donc :
la patience surpasse le miel en douceur, elle est utile au Seigneur et il
habite en elle ; en revanche, la colère est amère et inutilisable. Si donc
on mêle la colère et la patience, la patience en est souillée et Dieu n'a
que faire de sa prière. 7. - je voudrais, Seigneur, dis-je, connaître les
effets de la colère, pour m'en bien garder. - Certes, dit-il, si tu ne t'en
lardes pas, toi et ta maison, tu anéantis tous tes espoirs. Garde-toi d'elle,
car je suis avec toi. Et ils se garderont d'elle, tous ceux qui feront pénitence
du fond de leur coeur ; car je serai avec eux et je les protégerai,
puisqu'ils ont été justifiés par l'ange le plus vénérable.
34.
"
1. Écoute, dit-il, quels sont les effets de la colère, comment elle est
mauvaise, comment par sa puissance elle pervertit mes serviteurs, comment elle
les détourne de la justice. Elle ne détourne pas, il est vrai, ceux qui sont
entiers dans leur foi, elle ne peut rien sur eux, car ma puissance est avec
eux ; elle n'égare que les gens vides de leur foi et hésitants. 2. Quand
elle voit de telles gens tranquilles, elle s'insinue en leur coeur. alors,
pour un rien, l'homme ou la femme se laissent gagner par l'aigreur, à propos
de détails de la vie quotidienne, de nourriture, d'une chicane, d'un ami,
d'un cadeau donné ou reçu ou de toute autre niaiserie pareille : tout cela
est fou, vain, insensé, funeste aux serviteurs de Dieu. 3. La patience, elle,
a de la grandeur de la force, une énergie vigoureuse et solide qui s'épand
largement ; elle est gaie, réjouie, sans souci ; elle glorifie le Seigneur à
toute occasion (Tb 4, 19 ; Ps 34, 2). Rien en elle n'est amer : en tout, elle
reste douce et calme. La patience habite avec ceux qui ont la foi entière. 4.
La colère est tout d'abord sotte, légère, stupide ; ensuite, de la stupidité,
naît l'aigreur, de l'aigreur, l'irritation, de l'irritation, la fureur, de la
fureur, le ressentiment. Et ce ressentiment, né de tant de maux, devient un péché
énorme et incurable. 5. Lorsque tous ces esprits viennent habiter un même
vase où habite déjà l'Esprit-Saint, le vase ne peut plus tout contenir, et
déborde. 6. Donc l'esprit délicat, qui n'a pas l'habitude de demeurer avec
un mauvais esprit ni avec la dureté, s'éloigne d'un tel homme et cherche à
habiter avec la douceur et le calme. 7. Mais quand il s'éloigne de l'homme,
en qui il habitait, cet homme se vide de l'esprit juste et désormais plein
des esprits mauvais, il s'agite dans tous ses actes, tiraillé en tous sens
par les esprits mauvais et il devient complètement aveugle, loin de la droite
réflexion. Voilà ce qui arrive à tous les colériques. 8. Abstiens-toi donc
de la colère, cet esprit si mauvais! Revêts-toi de patience, résiste à la
colère, à l'aigreur et tu seras trouvé en compagnie de la sainteté qu'aime
le Seigneur. Veille à ne pas négliger ce commandement, car si tu parviens à
l'observer, tu pourras garder aussi les autres commandements que je vais
t'imposer. Aie de la force, de l'énergie à leur propos, et qu'ils en aient
aussi, tous ceux qui veulent marcher dans cette voie.
Précepte
VI
35.
"
1. je t'ai ordonné, dit-il, dans le premier Précepte, de garder la foi, la
crainte et la continence. - Oui, Seigneur, dis-je. - Maintenant, dit-il, je
veux te montrer leurs vertus, pour que tu comprennes quels sont leur force et
leurs effets respectifs. Leurs effets sont de deux sortes : ils ont rapport au
juste et à l'injuste. 2. Toi, aie confiance au juste, mais non à l'injuste ;
car la justice suit une voie droite, l'injustice, une voie tortueuses. Suis
donc la voie droite et unie, laisse la voie tortueuse. 3. La voie tortueuse
n'est pas frayée, mais impraticable, pleine d'obstacles, rocailleuse, épineuse.
Elle est funeste à ceux qui la prennent ; 4. Mais ceux qui prennent la voie
droite marchent sur un terrain uni et sans obstacles, car elle n'est ni
rocailleuse, ni épineuse. Tu vois donc qu'il est plus avantageux de la
prendre. 5. - Il me plaît, Seigneur, dis-je, de la prendre. - Tu la prendras,
dit-il, et quiconque du fond du coeur se tournera vers le Seigneur (Jr 24, 5 ;
Jl 2, 12 ; cf. Ps 22, 9 ; 51, 15) la prendra.
36.
"
1. Écoute maintenant, dit-il, ce qui concerne la foi. Il y a deux anges avec
l'homme : l'un, de justice, l'autre, du mal. 2. - Comment donc, Seigneur,
dis-je, distinguerai-je leur action, si les deux anges habitent avec moi ? 3.
- Écoute, dit-il, et comprends. L'ange de justice est délicat, modeste,
doux, calme. Quand c'est lui qui monte à ton coeur, d'emblée, il te parle de
justice, de chasteté, de sainteté, de tempérance, de tout acte juste, de
toute vertu noble. Quand tout cela te monte au coeur, sache que l'ange de
justice est avec toi, car ce sont là les oeuvres de l'ange de justice ; aie
confiance en lui et en ses oeuvres. 4. Vois maintenant les oeuvres de l'ange
du mal. Et tout d'abord, il est colérique, amer, insensé ; et ses oeuvres
mauvaises corrompent les serviteurs de Dieu. Quand donc il monte à ton coeur,
connais-le d'après ses oeuvres, 5. - Comment je le distinguerai, Seigneur,
dis-je, je l'ignore. - Écoute, dit-il. Quand la colère s'empare de toi, ou
l'aigreur, sache qu'il est en toi ; de même les désirs d'activité dispersée,
les folles dépenses en festins nombreux, en boissons enivrantes, en orgies
incessantes, en raffinements variés et superflus, la passion des femmes, de
la grande richesse, l'orgueil exagéré, la jactance et tout ce qui y
ressemble : si cela te monte au coeur, sache que l'ange du mal est en toi. 6.
Puisque donc tu connais ses oeuvres, éloigne-toi de lui, ne crois pas en lui,
car ses oeuvres sont mauvaises et funestes aux serviteurs de Dieu. Voilà
quelle est l'action des deux anges. Comprends-la et mets ta confiance dans
l'ange de justice. 7. Éloigne-toi de l'ange du mal puisque son enseignement
est mauvais en tout. Car si quelqu'un est très fidèle et que le désir de
cet ange monte à son coeur, il est inévitable que celui-là, homme ou femme,
commette le péché. 8. Qu'un homme ou une femme, au contraire, soit tout à
fait dépravé et que les oeuvres de l'ange de justice montent à son coeur,
il est inévitable qu'il fasse le bien. 9. Tu vois donc qu'il est bon de
suivre l'ange de justice et de renoncer à l'ange du mal. 10. Ce commandement
indique ce qui concerne la foi, pour que tu aies foi dans les oeuvres de
l'ange de justice et en les accomplissant, tu vivras pour Dieu. Crois aussi
que les oeuvres de l'ange du mal sont funestes ; en les évitant, tu vivras
pour Dieu.
Précepte
VII
37.
"
1. Crains, dit-il, le Seigneur, et garde ses commandements (Qo 12, 13). En
gardant les commandements de Dieu, tu seras fort en toute action et ta façon
d'agir sera incomparable. Car en craignant le Seigneur, tu feras tout bien.
C'est cette crainte-là qu'il te faut avoir, et tu seras sauvé. 2. Le diable,
ne le crains pas. En craignant le Seigneur, tu triompheras du diable, car il
n'a pas de pouvoir. Et qui n'a pas de pouvoir n'inspire pas de crainte. Mais
celui dont le pouvoir est renommé, (celui-là) se fait craindre. Car
quiconque a du pouvoir inspire de la crainte ; celui qui n'en a pas est méprisé
de tous. 3. Crains les oeuvres du diable, parce qu'elles sont mauvaises. Et en
craignant le Seigneur, tu craindras les oeuvres du diable et loin de les
accomplir, tu les éviteras. 4. Il y a deux sortes de crainte : si tu veux
faire le mal, crains le Seigneur, et tu ne le feras pas. Mais si tu veux faire
le bien, crains (encore) le Seigneur, et tu le feras". Tant la crainte du
Seigneur est puissante, grande, glorieuse. Crains donc le Seigneur et tu
vivras pour lui. Et tous ceux qui le craindront et observeront ses
commandements, vivront pour Dieu. 5. - Pour. quoi, Seigneur, dis-je, avez-vous
dit (seulement) de ceux qui observent ses commandements : " Ils vivront
pour Dieu " ? - Parce que, dit-il, toute la création craint le Seigneur,
mais elle ne garde pas toute ses commandements Ce sont donc ceux qui le
craignent et qui gardent ces commandements qui vivent auprès de Dieu. Mais
ceux qui ne les gardent pas n'ont pas la vie en eux.
Précepte
VIII
38.
1.
Je t'ai dit, reprit-il, que les créatures de Dieu sont de deux sortes ; la
tempérance aussi est de deux sortes. Car il est des choses dont il faut
s'abstenir et des choses dont il ne le faut pas. 2. - Faites-moi connaître,
Seigneur, dis-je, ce dont je dois et ce dont je ne dois pas m'abstenir. - Écoute,
dit-il. Abstiens-toi du mal et ne le fais pas ; mais ne t'abstiens pas du bien
: fais-le, au contraire. Car si tu t'abstiens de faire le bien, tu commets un
grand péché ; en revanche, si tu t'abstiens de faire le mal, tu commets un
grand acte de justice. Abstiens-toi donc de tout mal, et fais le bien. 3. -
Quels sont, Seigneur, dis-je, les vices dont il faut nous abstenir ? - Écoute,
dit-il : l'adultère, la fornication, les excès de boisson, la mollesse
coupable, les festins multipliés, le luxe que permet la richesse,
l'ostentation, l'orgueil, la jactance, le mensonge, la médisance,
l'hypocrisie, la rancune et tout méchant propos. 4. Voilà de loin les plus
mauvaises actions dans la vie des hommes De ces actions, le serviteur de Dieu
doit s'abstenir ; car celui qui ne s'en abstient pas ne peut vivre pour Dieu.
Écoute donc les vices qui s'ensuivent. 5. - Il y a encore, Seigneur, dis-je,
d'autres mauvaises actions ? - Et beaucoup, dit-il, dont le serviteur de Dieu
doit s'abstenir : le vol, le mensonge, la spoliation, le faux témoignage, la
cupidité, la passion mauvaise, la tromperie, la vaine gloire, la vantardise
et tous les vices semblables. 6. Ne te semble-t-il pas que tout cela est mal ?
- C'est très mal, dis-je, pour les serviteurs de Dieu. - De tout cela, il
faut que le serviteur de Dieu s'abstienne. Abstiens-toi donc de tout cela,
afin de vivre pour Dieu et d'être inscrit avec ceux qui s'en abstiennent.
Voilà ce dont tu dois t'abstenir. 7. Ce dont il ne faut pas s'abstenir, ce
qu'il faut faire, le voici. Ne t'abstiens pas du bien, fais-le au contraire.
8. - Montrez-moi, Seigneur, dis-je, la puissance des bonnes actions, pour que
je suive leur voie, que je les serve afin de pouvoir être sauvé en les
accomplissant. - Écoute, dit-il, les oeuvres du bien qu'il te faut accomplir
et non éviter. 9. En tout premier lieu, la foi, la crainte du Seigneur, la
charité, la concorde, la parole de justice, la vérité, la résignation : il
n'y a rien de meilleur dans la vie humaine. Si quelqu'un les observe, loin de
s'en abstenir, il est bienheureux dans sa vie. 10. Et voici les suites de ces
vertus : assister les veuves, visiter les orphelins et les indigents, racheter
de l'esclavage les serviteurs de Dieu, être hospitalier (car dans
l'hospitalité se rencontre parfois l'occasion de faire le bien), ne s'opposer
à personne, être calme, se faire l'inférieur de tout le monde, honorer les
vieillards, pratiquer la justice, garder la fraternité, supporter la
violence, être patient, n'avoir pas de rancune, consoler les âmes affligées,
ne pas rejeter ceux qui sont inquiets dans la foi, mais les convertir, leur
rendre du coeur, reprendre les pécheurs, ne pas accabler les débiteurs et
les indigents, et autres actions semblables. 11. Ne te semble-t-i-1 pas que ce
soient là de bonnes actions ? reprit-il. - Qu'y a-t-il de mieux, Seigneur ?
dis-je. - Marche donc dans cette voie, dit-il, ne t'en abstiens pu et tu
vivras pour Dieu. 12. Observe ce commandement ; si tu fais le bien au lieu de
t'en abstenir, tu vivras pour Dieu et tous vivront pour Dieu, qui agiront
ainsi. Et je le répète : si tu ne fais pas le mal, si tu t'en abstiens, tu
vivras pour Dieu et vivront pour Dieu tous ceux qui garderont ces préceptes
et marcheront dans leur voie. "
Précepte
IX
39.
1.
Il me dit : " Enlève de toi le doute et n'hésite pas le moins du monde
à demander quelque chose à Dieu, ans te dire : " Comment pourrais-je
demander quelque chose à Dieu et l'obtenir, après avoir commis de si grands
péchés à son égard ? " 2. Ne raisonne pas ainsi, mais plutôt, du
fond du coeur, tourne-toi vers le Seigneur (Jr 24, 7 ; Jl 2, 12) et prie-le
avec confiance et tu connaîtras sa grande miséricorde : il n'aura garde de
t'abandonner ; au contraire, il comblera la prière de ton âme. 3. Car Dieu
n'est pas comme les hommes rancuniers : il ne connaît pas la rancune et il a
compassion de sa créature. 4. Toi donc, purifie ton coeur de toutes les vanités
de ce monde et de ce que je t'ai dit auparavant ; prie le Seigneur et tu
obtiendras tout ; aucune de tes prières ne sera repoussée, si toutefois tu
pries le Seigneur avec confiance. 5. En revanche, si tu doutes en ton coeur,
tu n'obtiendras rien de tes prières ; car ceux qui doutent de Dieu sont des
irrésolus et ils n'obtiennent rien de ce qu'ils demandent. 6. Au contraire,
ceux dont la foi est entière, demandent tout avec pleine confiance dans le
Seigneur (Ps 2, 13 ; etc.) et ils sont exaucés, parce qu'ils prient avec foi,
sans incertitude. Tout homme incertain, s'il ne fait pénitence, sera bien
difficilement sauvé. 7. Purifie donc ton coeur de tout doute, te. vêts-toi
de foi, car elle est forte ; aie confiance que Dieu exaucera toutes tes prières.
Et si un jour tu as demandé quelque chose au Seigneur et qu'il tarde à te
l'accorder, ne sois pas ébranlé de ce que la prière de ton âme n'a pas été
exaucée tout de suite : de toute façon, c'est en vue d'une épreuve ou à
cause d'une faute que tu ignores, que tu tardes à être exaucé. 8. Ne cesse
donc pas de demander ce que ton âme souhaite et tu l'obtiendras. Mais si en
priant, tu tombes dans le découragement et le doute, n'accuse que toi et non
celui qui te donne. 9. Vois ce doute : il est mauvais, insensé, et il déracine
de la foi bien des gens, même des gens très fidèles et fermes, Car le doute
est le fils du diable et il fait beaucoup de mal aux serviteurs de Dieu. 10. Méprise
donc le doute, triomphes-en en tout ; revêts-toi dans ce but d'une foi ferme
et puissante. C'est la foi qui promet tout, qui accomplit tout ; le doute,
(lui n'a même pas confiance en lui-même, échoue dans tout ce qu'il
entreprend. 11. Tu vois, dit-il, que la foi vient d'en haut, du Seigneur, et
qu'elle a grande puissance ; le doute, lui, n'est qu'un esprit terrestre qui
vient du diable ; il n'a aucune puissance. 12. Sers donc la foi qui a la
puissance, et éloigne-toi du doute, qui n'en a pas, et tu vivras pour Dieu,
et tous ceux qui pensent ainsi, vivront pour Dieu.
Précepte
X
40.
"
1. Éloigne de toi, dit-il, la tristesse, car elle est soeur du doute et de la
colère. 2. - Comment, Seigneur, dis-je, est-elle leur soeur ? Il me semble
que la colère est une chose, le doute, une autre chose, et la tristesse, une
autre encore. - Tu n'es pas un homme intelligent, dit-il ; ne comprends-tu pas
que la tristesse est le plus méchant de tous les esprits et le plus
redoutable pour les serviteurs de Dieu et que plus que tous les esprits, elle
ruine l'homme, chasse l'Esprit-Saint et puis le sauve (cf. 2 Co. 7, 10) ? 3. -
Il est vrai, Seigneur, dis-je, je ne suis pas intelligent et je ne comprends
pas ces paraboles. je ne vois pas comment elle peut chasser, puis sauver. 4. -
Écoute, dit-il Ceux qui n'ont jamais fait de recherche au sujet de la vérité,
de la divinité, qui se sont bornés à croire, enfoncés dans les affaires,
la richesse, les amitiés païennes et dans de nombreuses autres occupations
de ce monde, tous ceux qui ne vivent que pour cela ne peuvent comprendre les
paraboles concernant la divinité. Ces divertissements les obscurcissent, les
perdent, et ils se dessèchent. 5. Les bons vignobles, s'ils viennent à
manquer de soins, sont desséchés par les chardons et les herbes de toute espèce
: de même, les hommes qui ont embrassé la foi et qui se perdent dans ces
multiples activités dont j'ai parlé, s'égarent loin de leur bon sens et ne
comprennent plus rien à la justice : même lorsqu'on leur parle de la divinité
et de la vérité, leur esprit est tout à leurs affaires et ils ne
comprennent rien. 6. Mais ceux qui craignent Dieu, qui s'inquiètent de la
divinité et de la vérité, qui tiennent leur coeur (tourné) vers le
Seigneur, ceux-là saisissant et comprennent plus vite tout ce qu'on leur dit,
car ils ont en eux la crainte du Seigneur (cf. Ps 111, 10 ; Pr 1, 7, etc.) ; là
où habite le Seigneur, se trouve aussi la complète intelligence. Attache-toi
donc fermement au Seigneur et tu saisiras et comprendras tout.
41.
1.
Écoute donc, dit-il, esprit borné, comment la tristesse chasse l'Esprit-Saint
et puis sauve (2 Co 7, 10). 2. Quand un hésitant entreprend une action et
qu'il échoue à cause de son hésitation, la tristesse s'insinue en lui et
attriste l'Esprit-Saint et le chasse. 3. Ensuite, lorsqu'à son tour la colère
s'empare d'un homme à propos de quoi que ce soit et l'aigrit, de nouveau la
tristesse s'insinue dans le coeur de l'homme qui s'est laissé aller à la colère
; il s'attriste sur ce qu'il a fait et il se repent d'avoir fait le mal. 4.
Donc, cette tristesse semble apporter le salut, puisque celui qui a fait le
mai s'est repenti. Ces deux attitudes attristent l'esprit : le doute, parce
qu'il échoue dans ce qu'il entreprend, la colère, parce qu'elle fait le mal.
Tous les deux, le doute et la colère, sont affligeants pour l'Esprit-Saint.
5. Éloigne donc de toi la tristesse et n'étouffe par l'Esprit-Saint (Ep 4,
30) qui habite en toi, de peur qu'il ne prie Dieu contre toi et ne s'éloigne
de toi. 6. Car l'Esprit de Dieu qui a été donné à ta chair ne supporte ni
la tristesse ni le manque d'espace.
42.
1.
" Revêts-toi donc de la gaieté (Qo. 26, 4) qui plaît toujours à Dieu
et qu'il accueille favorablement : fais-en tes délices. Tout homme gai fait
le bien, pense le bien et méprise la tristesse. 2. L'homme triste fait
toujours le mal. D'abord, il fait le mal parce qu'il attriste l'Esprit-Saint
donné joyeux à l'homme ; ensuite, en attristant l'Esprit-Saint, il commet
l'iniquité en ne priant pas le Seigneur et en ne lui avouant pas ses péchés.
Car jamais la prière de l'homme triste n'a la force de monter à l'autel de
Dieu. 3. - Pourquoi, dis-je, la prière d'un homme triste ne monte-t-elle pas
à l'autel ? - Parce que, dit-il, la tristesse siège dans son coeur. Mêlée
à la prière, la tristesse ne lui permet pas de monter pure à l'autel. Le
vinaigre et le vin, mêlés, n'ont plus le même agrément : de même la
tristesse, mêlée à l'Esprit-Saint, n'est pas capable de la même prière-
4. Purifie-toi donc de cette tristesse mauvaise et tu vivra pour Dieu, et ils
vivront pour Dieu, ceux qui rejetteront loin d'eux la tristesse et se revêtiront
de la seule joie. "
Précepte
XI
43.
1.
Il me montra des hommes assis sur un banc et un autre homme assis dans une
chaire. Et il me dit : " Tu vois les gens assis sur le banc? - je vois,
dis-je, Seigneur. - Ceux-là, dit-il, sont fidèles, et celui qui est assis
dans la chaire est un faux prophète : il corrompt le jugement des serviteurs
de Dieu, mais de ceux qui doutent, non des fidèles. 2. Ceux qui doutent
viennent à lui comme à un devin et le questionnent sur leur avenir 81. Et ce
faux prophète, sans avoir en lui aucune puissance d'esprit divin, leur répond
selon leurs questions et leurs désirs du vice, et il remplit leurs âmes de
ce qu'ils souhaitent. 3. Car étant vain lui-même, il donne des réponses
vaines à des hommes vains. Quelle que soit la question, il répond selon la
vanité de son interlocuteur. Il y ajoute cependant quelque vérité, car le
diable le remplit de son esprit, dans l'espoir de briser quelque juste. 4. Or,
ceux qui sont forts dans la foi du Seigneur, revêtus de vérité, ne
s'attachent pas à de tels esprits, mais se gardent d'eux ; ceux, en revanche,
qui sont hésitants et qui constamment changent d'avis, consultent les devins
comme les gentils et se chargent du péché plus grand encore de l'idolâtrie
: en effet, celui qui questionne un faux prophète sur quelque affaire, est
idolâtre, vide de vérité et insensé. 5. Car tour esprit donné par Dieu
n'a pas besoin d'être questionné, mais possédant la puissance de la divinité,
il dit tout spontanément, puisqu'il vient d'en haut (Jc 3, 15), de la
puissance de l'Esprit divin. 6. Mais un esprit qu'on doit questionner et qui
parle selon les désirs des hommes, est terrestre et léger, puisqu'il n'a pas
de puissance ; et il ne dit mot, s'il n'est questionné. 7. - Mais comment,
Seigneur, dis-je, saura-t-on qui parmi eux est le vrai et qui est le faux
prophète ? - Voici, dit-il, au sujet des deux sortes de prophètes, et c'est
d'après ce que je vais te dire que tu éprouveras le vrai et le faux prophète.
Éprouve l'homme qui détient l'Esprit divin d'après sa vie ! 8. D'abord,
celui qui détient l'Esprit divin venant d'en haut, est doux, calme, modeste ;
il s'abstient de tout mal, de tout vain désir de ce monde ; il se fait l'inférieur
de tous et ne répond à aucune question de qui que ce soit ; il ne se parle
pas en particulier et ce n'est pas lorsque l'homme a envie de parler que parle
l'Esprit-Saint : il parle lorsque Dieu veut qu'il parle. 9. Quand donc l'homme
qui détient l'Esprit divin entre dans une assemblée d'hommes justes qui ont
foi en l'Esprit divin, et que cette assemblée fait une prière à Dieu, alors
l'ange de l'Esprit prophétique qui est près de lui remplit cet homme et
celui-ci, rempli de l'Esprit-Saint, parle à la foule comme le veut le
Seigneur. 10. Voilà comment se manifestera l'Esprit de la divinité ; telle
est la puissance du Seigneur sur l'Esprit de la divinité. 11. Écoute
maintenant, dit-il, ce qui concerne l'esprit terrestre, vain, sans puissance,
insensé. 12. D'abord, cet homme qui croit posséder l'Esprit s'exalte lui-même,
il veut obtenir le premier rang et le voilà tout de suite effronté,
impudent, bavard ; il se vautre dans de multiples raffinements et de multiples
autres illusions et il accepte des rémunérations pour ses prophéties ; s'il
n'en reçoit pas, il ne prophétise pas. Est-ce qu'un Esprit divin peur
accepter un salaire pour prophétiser ? Il n'est pas possible qu'un prophète
de Dieu agisse ainsi : l'esprit de tels prophètes est terrestre. 13. Ensuite,
il n'approche pas du tout d'une assemblée d'hommes justes : il les fuit. Il
s'attache aux hésitants pleins de vanité, c'est dans les coins qu'il leur
fait des prophéties et il les trompe en ne leur disant que des choses vaines,
conformes à leurs désirs : car c'est à des gens vains qu'il répond. Un pot
vide ajouté à d'autres pots vides ne se brise pas ; ils font (seulement) le
même bruit. 14. Quand le faux prophète entre dans une assemblée pleine
d'hommes justes qui détiennent l'Esprit de divinité, s'ils se mettent à
prier, cet homme se vide et l'esprit terrestre, pris par la peur, s'enfuit de
lui et l'homme est atteint de mutisme, et tout brisé, il ne peut plus parler.
15. Si tu serres à la réserve du vin ou de l'huile et que tu mettes au
milieu un pot vide, quand tu voudras débarrasser la réserve, le pot que tu y
as mis vide, tu le retrouveras vide. De même les prophètes vides, quand ils
reviennent parmi les esprits des justes, tels ils sont venus, tels on les
retrouve. 16. Voilà la vie des deux genres de prophètes. Éprouve donc d'après
ses actes et sa vie, l'homme qui se dit porteur de l'Esprit. 17. Toi, aie
confiance en l'Esprit qui vient de Dieu et qui a de la puissance, mais n'aie
pas du tout confiance en l'esprit terrestre et vide, car il n'y a pas de
puissance en lui : il vient du diable. 18. Écoute la comparaison que je vais
te faire. Prends une pierre et jette-la vers le ciel : vois si tu peux
l'atteindre ! Ou bien prends une seringue et lance un jet vers le ciel : vois
si tu peux percer le ciel! 19. - Comment, Seigneur, dis-je, cela pourrait-il
arriver ? Ce sont deux choses impossibles! - Autant elles sont impossibles,
dit-il, autant les esprits terrestres sont impuissants et débiles. 20. Prends
donc la force qui vient d'en haut : la grêle est un très petit grain, mais
quand elle tombe sur la tête d'un homme, quel mal elle fait ! Ou bien prends
la goutte qui du toit tombe à terre et perce la pierre. 21. Tu vois ainsi que
les plus petites choses qui tombent d'en haut sur la terre ont une grande
force ; de même, l'esprit divin qui vient d'en haut est puissant". Aie
donc confiance en cet esprit et éloigne-toi de l'autre. "
Précepte
XII
44.
1.
Il me dit. " Écarte de toi tout désir mauvais ; revêts-toi du désir
bon et saint. Car revêtu de ce désir, tu haras le désir mauvais, tu lui
mettras un frein comme tu voudras, 2. Le désir mauvais est sauvage et bien
difficile à apprivoiser. Il est terrible et, par sa sauvagerie, il perd
beaucoup d'hommes. Mais surtout le serviteur de Dieu, s'il tombe dans ce désir
et qu'il manque de discernement, est perdu par lui d'horrible façon. Il
provoque aussi la perte de ceux qui ne sont pas revêtus du bon désir et qui
se laissent ballotter par ce siècle. Ceux-là, il les livre à la mort. 3. -
Quelles sont, Seigneur, dis-je, les oeuvres du mauvais désir qui livrent les
hommes à la mort? Faites-les moi connaître, pour que je m'en éloigne. - Écoute,
dit-il, par quelles oeuvres le mauvais désir fait mourir les serviteurs de
Dieu.
45.
"
1. Avant tout autre, le désir d'une autre femme, d'un autre homme, le luxe
que permet la richesse, les festins multipliés et vains, l'ivresse et les
mille autre voluptés insensées ; car toute volupté est insensée et vaine
pour les serviteurs de Dieu. 2. Ces désirs sont mauvais, ils tuent les
serviteurs de Dieu, car ce désir mauvais est fils du diable ; il faut donc
s'abstenir des désirs mauvais, pour que, par cette abstention, vous viviez
pour Dieu. 3. Tous ceux qui sont dominés par eux n'y résistent pas, mourront
finalement : car ces désirs sont mortels. 4. Quant à toi, revêts-toi du désir
de justice et cuirassé de la crainte du Seigneur, résiste-leur (Ep. 6, 13) ;
car la crainte de Dieu habite dans le bon désir. Le désir mauvais, s'il te
voit cuirassé de la crainte de Dieu et offrant de la résistance, fuira loin
de toi (Jc 4, 7) et tu ne le verras plus : il craindra tes armes. 5. Et toi,
vainqueur et couronné pour sa défaite, va auprès du juste désir, offre-lui
le prix que tu as reçu et sers-le selon ses volontés. Si tu sers le bon désir
et te soumets à ses ordres, tu pourras triompher du mauvais désir et lui
commander comme tu voudras. "
46.
1.
" je voudrais savoir, Seigneur, dis-je, de quelle façon je dois servir
le bon désir. - Écoute, dit-il. Pratique la justice (Ps 15, 2 ; Ac 10, 35)
et la vertu, la vérité et la crainte du Seigneur, la foi, la douceur et tout
ce qui est semblable. En les pratiquant, tu plairas au service de Dieu et tu
vivras pour lui. Et quiconque sera au service du bon désir, vivra pour Dieu.
" 2. Il avait achevé les douze commandements et il me dit : " Tu
possèdes maintenant ces préceptes ; marche dans cette voie et exhorte ceux
qui les entendront à faire une pénitence purificatrice le reste des jours de
leur vie. 3. Ce ministère dont je te charge, remplis-le scrupuleusement : tu
feras ainsi une grande oeuvre. Car tu trouveras bon accueil auprès de ceux
qui se disposent à faire pénitence et ils croiront en tes paroles. Moi, je
serai avec toi et je les forcerai à te croire. " 4. Je lui dis : "
Seigneur, ces préceptes sont grands, beaux, glorieux et ils peuvent réjouir
le coeur de l'homme (Ps 19, 9 ; 104, 15) qui sera capable de les observer.
Mais je ne sais, Seigneur, si ces préceptes peuvent être gardés par un
homme, car ils sont très durs. " 5. En réponse, il me dit : " Si
tu te mets en tête qu'ils peuvent être gardés, tu les garderas facilement
et ils ne seront pas durs ; mais si te monte déjà au coeur l'idée qu'ils ne
peuvent être gardés par un homme, tu ne les garderas pas. 6. Mais je te
l'affirme : si tu ne les gardes pas, si tu les négliges, tu n'obtiendras pas
le salut, ni tes enfants, ni ta maison, car tu te condamnes toi-même par ton
sentiment que ces préceptes ne peuvent être gardés par un homme. "
47.
1.
Et il me dit cela d'une façon si indignée que j'en fus tout bouleversé et
qu'il me fit grand peur. Son extérieur avait changé au point qu'un homme
n'aurait pu soutenir sa colère. 2. Me voyant tout troublé et bouleversé, il
se mit à me parler d'une façon plus posée et plus sereine ; il me dit :
" (Homme) insensé, inintelligent, hésitant, tu ne saisis pas combien la
gloire de Dieu est grande (Ps 21, 6 ; 57, 12 ; 108, 6 ; 113, 4), forte,
admirable, qu'il a créé le monde pour l'homme (Ps 8, 7), qu'il a soumis
toute la création à l'homme, qu'il lui a donné l'empire absolu sur tout ce
qui est sous le ciel ? 3. Si donc, dit-il, l'homme est seigneur de toutes les
créatures de Dieu et qu'il les domine toutes, ne peut-il pas aussi dominer
ces préceptes ? Certes, dit-il, il peut tout dominer, y compris ces préceptes,
l'homme qui a le Seigneur dans son coeur. 4. En revanche, pour ceux qui ne
l'ont que sur le bout des lèvres, dont le coeur endurci est loin de Dieu, ces
préceptes sont durs et impraticables. 5. Vous donc, les hommes vains et légers
dans la foi, mettez le Seigneur dans votre coeur et vous connaîtrez qu'il n'y
a rien de plus facile que ces préceptes, ni de plus doux, ni de plus humain.
6. Convertissez-vous, vous qui suivez les préceptes du diable, préceptes
difficiles, amers, brutaux, impudiques, et ne craignez plus le diable, car il
n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence qui triomphe du
diable, je serai avec vous. Il peut faire peur, le diable, mais cette peur
manque de force. Ne le craignez donc pas et il vous fuit "
48.
1.
Je lui dis : " Seigneur, écoute encore quelques mots. - Dis ce que tu
veux, dit-il. - L'homme, Seigneur, dis-je, a le désir de garder les préceptes
de Dieu et il n'est personne qui ne demande au Seigneur de l'affermir dans ses
préceptes et de l'y soumettre. Mais le diable est dur et il domine les
hommes. 2. - Il ne peut, dit-il, dominer les serviteurs de Dieu, si du fond du
coeur, ils espèrent en lui. Le diable a le pouvoir de lutter, il n'a pas
celui de triompher. Si donc vous lui opposez de la résistance, vaincu il vous
fuira tout honteux (Jc 4, 7). Mais tous ceux qui sont vides, dit-il, craignent
le diable comme s'il avait du pouvoir. 3. Un homme a rempli de bon vin tout un
assortiment d'amphores et parmi ces amphores, quelques-unes ne sont pas tour
à fait pleines. S'il vient voir ses amphores, il ne s'occupe pas des pleines,
car il sait qu'elles sont pleines. Il s'occupe de celles qui ne le sont pas,
car il craint qu'elles ne s'aigrissent - les amphores non remplies
s'aigrissent vite et le vin perd son agrément. 4. De même, le diable : il
vient éprouver tous les serviteurs de Dieu (1 P 5, 8). Tous ceux qui sont
entiers dans leur foi lui résistent énergiquement et lui, faute de trouver
l'endroit par où entrer en eux, les quitte. Il va alors vers ceux qui ne sont
pas bien remplis (de la foi), il trouve de la place et entre en eux : il fait
en eux ce qu'il veut ; ils deviennent pour lui des esclaves.
49.
"
1. Et moi, l'Ange de la pénitence, je vous le dis - ne craignez pas le
diable, car j'ai été envoyé, dit-il, pour être avec vous qui faites pénitence
du fond du coeur et pour vous affermir dans la foi. 2. Ayez donc confiance en
Dieu, vous qui, à cause de vos péchés, désespériez de la vie, qui
ajoutiez à vos péchés, qui alourdissiez votre vie, puisque, si vous vous
convertissez au Seigneur du fond de votre coeur (Jr 24, 7 ; Jl, 2, 12), si
vous pratiquez la justice (Ps 14, 2 ; Ac 10, 35 ; He 11, 3) le reste des jours
de votre vie, si vous le servez convenablement selon sa volonté, il vous guérira
de vos péchés passés et vous donnera le pouvoir de triompher des oeuvres du
diable. La menace du diable, ne la craignez pas du tout : il est sans force,
comme les nerfs d'un mort. 3. Écoutez-moi donc et craignez celui qui peut
tout, sauver et perdre (Jc 4, 12 ; Mt 10, 28 ; Lc 6,9 ; etc.), et observez ses
commandements et vous vivrez pour Dieu. " 4. Je lui dis : "
Seigneur, je suis maintenant affermi dans tous les commandements de Dieu,
parce que vous êtes avec moi. Et je sais que vous abattrez toute la puissance
du diable et nous, nous le dominerons et nous l'emporterons sur toutes ses
oeuvres. Et j'espère que, le Seigneur me donnant la force, je pourrai garder
les préceptes que vous m'avez ordonnés. 5. - Tu les garderas, dit-il, si ton
coeur purifié se tourne vers le Seigneur, et tous les garderont qui se
purifieront le coeur des vains désirs de ce monde, et ils vivront pour Dieu.
"
Similitudes
qu'il m'exposa : Similitude I
50.
1.
Il me dit : " Vous savez que vous habitez sur une terre étrangère, vous
les serviteurs de Dieu. En effet, votre cité est loin de celle-ci. Si donc
vous connaissez, dit-il, votre cité, celle que vous devez habiter (un jour),
pourquoi vous procurer ainsi des champs, des installations coûteuses, des édifices,
des demeures inutiles ? 2. Celui qui se procure ces choses dans cette cité ne
s'attend donc pas à retourner dans sa propre cité. 3. Insensé, inconstant,
malheureux ! Ne comprends-tu pas que tout cela est étranger et au pouvoir
d'un autre ? Car le maître de cette cité dira : " je ne veux pas que tu
habites dans ma cité ; va-t'en de cette cité, puisque tu n'obéis pas à mes
lois. " 4. Toi donc, qui possèdes des champs, des maisons et beaucoup
d'autres biens, expulsé par lui, que feras-tu de ton champ, de ta demeure et
de tout le reste que tu t'étais préparé? Car le maître de ce pays te parle
justement : " Ou bien obéis à mes lois, ou bien sors de mon pays.
" 5. Que feras-tu donc, toi qui suis la loi de ta propre cité ? A cause
de tes champs et du reste de tes biens, renieras-tu tout à fait ta loi et
marcheras-tu selon la loi de cette cité-ci ? Prends garde qu'il ne soit
dangereux de renier ta loi, car si tu veux retourner dans ta cité, crains
qu'on ne t'y accueille plus, pour avoir renié la loi de ta cité, et que tu
en sois exclu. 6. Veilles-y donc : puisque tu habites sur une terre étrangère,
ne te réserve rien de plus que le strict nécessaire et sois prêt : ainsi,
lorsqu'il plaira au maître de cette cité de t'expulser pour opposition à
ses lois, tu sortiras de sa cité, tu rejoindras la tienne et tu vivras selon
ta loi, sans dommage, dans la joie. 7. Veillez-y donc, vous qui servez le
Seigneur et l'avez dans votre coeur ; faites les oeuvres de Dieu, vous
souvenant de ses commandements (Ps 103, 18) et des promesses qu'il a faites,
ayez confiance qu'il les tiendra si ses commandements sont observés. 8. Au
lieu de champs, rachetez donc des âmes éprouvées, dans la mesure de vos
moyens, et visitez les veuves et les orphelins (Jc 1, 27), ne les méprisez
pas : votre richesse et toutes vos installations, dépensez-les à des champs
et des demeures de ce genre, puisque vous les avez reçues de Dieu. 9. Car le
maître vous a enrichis pour que vous lui rendiez ces services. Il vaut
beaucoup mieux acheter des champs, des biens, des maisons de ce genre : tu les
retrouveras dans ta cité quand tu y retourneras. 10. Cette richesse-là est
noble et sainte, elle n'entraîne ni chagrin, ni crainte, mais de la joie. Ne
recherchez pas les richesses des païens, c'est dangereux pour vous, les
serviteurs de Dieu. 11. Ayez vos richesses propres, qui puissent vous réjouir.
Ne faites pas de fraude, ne touchez pas au bien d'autrui, ne le désirez pas.
Il est mal de désirer les biens d'autrui. Accomplis ta tâche et tu seras
sauvé. "
Autre
similitude [II]
51.
1.
Je marchais vers mon champ et remarquant un ormeau et une vigne, je réfléchissais
à ces arbres et à leurs fruits : m'apparaît le Pasteur, qui me dit : "
Que penses-tu en toi-même de l'ormeau et de la vigne ? - je pense, Seigneur,
dis-je, qu'ils se conviennent parfaitement l'un à l'autre. 2. - Ces deux
arbres, dit-il, sont mis là comme modèle pour les serviteurs de Dieu. - je
voudrais savoir, dis-je, le modèle que peuvent offrir les arbres dont tu
parles. Tu vois, dit-il, l'ormeau et la vigne ? - Oui, dis-je, Seigneur. 3. -
La vigne, elle, dit-il, porte des fruits, mais l'ormeau est un arbre stérile.
Mais si elle ne grimpe pas sur l'ormeau, cette vigne, rabattue à terre, ne
peut porter beaucoup de fruits et ceux qu'elle porte sont pourris, si elle
n'est pas suspendue à l'ormeau. Donc, quand la vigne est attachée à
l'ormeau, elle porte des fruits de par elle-même et de par l'ormeau. 4. Tu
vois donc que l'ormeau aussi donne beaucoup de fruits, pas moins que la vigne,
et même Plus. - Comment plus, Seigneur ? dis-je. - Parce que, dit-il, la
vigne suspendue à l'ormeau donne beaucoup de beaux fruits et que, rabattue à
terre, elle n'en porte que de pourris et (fort) peu. Cette parabole vaut pour
les serviteurs de Dieu, le pauvre et le riche. 5. - Comment, dis-je, Seigneur
? Apprends-le-moi. - Écoute, dit-il. Le riche a beaucoup de biens, mais à l'égard
du Seigneur, il est pauvre, parce que distrait par ses richesses ; la prière
et la confession au Seigneur ont pour lui trop peu d'importance et s'il les
fait, elles sont brèves, faibles et sans aucun pouvoir. Mais si le riche
s'attache au pauvre et qu'il subvienne à ses besoins avec la confiance que le
bien qu'il fait au pauvre pourra trouver son salaire auprès de Dieu (car le
pauvre est riche par la prière et la confession, et sa prière a un grand
pouvoir auprès de Dieu), alors le riche subvient sans hésitation à tous les
besoins du pauvre. 6. Et le pauvre secouru par le riche prie pour ce dernier
et rend grâces à Dieu pour son bienfaiteur : et celui-ci redouble de zèle
pour le pauvre, pour qu'il ne manque de rien dans sa vie, car il sait que la
prière du pauvre est bien accueillie et riche auprès de Dieu. 7. Ainsi, tous
les deux accomplissent leur tâche : le pauvre le fait par la prière - c'est
sa richesse et il l'a reçue du Seigneur, il la rend au Seigneur à
l'intention de celui qui l'aide. Et le riche de même, la richesse qu'il avait
reçue du Seigneur, sans hésitation il la donne au pauvre. C'est là une
oeuvre grande et bien accueillie de Dieu : car le riche a bien compris le sens
de sa richesse et il a fait part au pauvre des dons du Seigneur et s'est
acquitté convenablement de sa tâche. 8. Pour les hommes, l'ormeau paraît ne
pas porter de fruit ; ils ne savent ni ne comprennent que s'il survient une sécheresse,
l'ormeau, qui a de l'eau, nourrit la vigne et celle-ci, continuellement
pourvue d'eau, donne le double de fruits, pour elle-même et pour l'ormeau. De
même les pauvres, en priant le Seigneur pour les riches, assurent un plein développement
aux richesses de ces derniers, et à leur tour, les riches, en subvenant aux
besoins des pauvres, donnent pleine satisfaction à leur âme. 9. Tous deux
participent donc à l'oeuvre juste : celui qui agit ainsi ne sera pas abandonné
de Dieu, mais sera inscrit sur les livres des vivants. 10. Heureux ceux qui
possèdent et qui comprennent que c'est du Seigneur qu'ils tiennent leurs
richesses, car celui qui le comprend pourra aussi rendre de bons services.
"
Similitude
III
52.
1.
Il me montra beaucoup d'arbres sans feuilles, qui me parurent comme morts. Ils
étaient tous semblables. Il me dit : " Vois-tu ces arbres ? - je les
vois, Seigneur, dis-je, semblables et morts. " Il me répond en ces
termes : " Ces arbres que tu vois, ce sont les habitants de ce monde. 2.
- Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, sont-ils morts et semblables ? - Parce
que, dit-il, ni les justes ni les pécheurs ne se distinguent dans ce monde,
mais sont semblables. Car ce monde pour les justes est un hiver et (les
justes) ne se remarquent pas, puisqu'ils l'habitent avec les pécheurs. 3. En
hiver, les arbres, dépouillés de leurs feuilles, sont semblables et on ne
peut distinguer lesquels sont morts ou vivants : de même, dans ce monde, ne
se distinguent ni les justes, ni les pécheurs ; ils sont tous semblables.
"
Autre
similitude [IV]
53.
Il
me montre de nouveau beaucoup d'arbres, les uns verdoyants, les autres secs.
Et il me dit : " Vois-tu ces arbres ? - je vois, dis-je, Seigneur, que
les uns sont verdoyants, les autres, secs. 2. - Ces arbres verdoyants, dit-il,
ce sont les justes qui habiteront dans le monde qui arrive. Car le monde qui
arrive est un été pour les justes et un hiver pour les pécheurs. Quand donc
brillera la miséricorde du Seigneur, les serviteurs de Dieu pourront être
distingués et ils seront visibles pour tous. 3. En été, les fruits de
chaque arbre sont bien visibles et on peut savoir de quelle espèce ils sont :
de même, dans ce monde-là, les fruits des justes seront bien visibles et on
connaîtra qu'ils sont tous vigoureux. 4. Mais les gentils et les pécheurs -
les arbres secs que tu as vus - seront trouvés tels : secs et stériles dans
ce monde-là et comme du bois mort ils seront brûlés9l, il sera clair que
leur conduite, au cours de leur vie, fut mauvaise. Car les pécheurs seront brûlés
parce qu'ils ont péché et ne se sont pas repentis, et les gentils seront brûlés
parce qu'ils n'ont pas connu leur Créateur. 5. Toi donc, porte des fruits en
toi-même, afin qu'en cet été-là ton fruit soit connu. Évite les
occupations multiples et ne commets plus aucun péché. Ceux qui ont beaucoup
d'occupations commettent aussi beaucoup de péchés : ils sont absorbés par
leurs affaires et ils ne servent plus en rien le Seigneur. 6. Comment donc,
dit-il, un tel homme pourrait-il demander quelque chose au Seigneur et être
exaucé, s'il ne sert pas le Seigneur ? Ceux qui le servent recevront ce
qu'ils demandent, mais ceux qui ne le servent pas ne recevront rien du tout.
7. Celui qui n'a qu'une occupation peut aussi servir le Seigneur ; il n'est
pas à craindre que son esprit se corrompe loin du Seigneur, mais il le
servira avec une pensée pure. Si tu agis ainsi, tu pourras porter des fruits
dans le monde qui arrive et quiconque agira ainsi portera des fruits. "
Autre
similitude [V]
54.
1.
Je jeûnais assis sur une montagne et je rendais grâces à Dieu de tout ce
qu'il avait fait pour moi. (Soudain) j'aperçois le Pasteur assis près de moi
qui me dit ceci : c Pourquoi es-tu venu ici de si grand matin ? - C'est que,
Seigneur, je monte la garde. 2. - Qu'est-ce que cette garde ? dit-il. - Je jeûne,
Seigneur, dis-je. - Et quel est, reprend-il, le jeûne que vous observez ? -
Je jeûne comme d'habitude, Seigneur, dis-je. 3. - Vous ne savez pas, dit-il,
jeûner pour le Seigneur, et ce n'en est pas un, ce jeûne sans valeur que
vous observez. - Pourquoi dites-vous cela, Seigneur ? dis-je. - Je dis,
reprend-il, que ce jeûne que vous vous imaginez observer n'en est pas un ;
mais je vais t'enseigner quel est le jeûne agréable parfait aux yeux du
Seigneur. - Oui, dis-je, Seigneur, vous me rendrez heureux si je puis connaître
le jeûne agréable à Dieu. - Écoute, dit-il. 4. Dieu ne veut pas de ce jeûne
vain. Car en jeûnant de cette façon pour Dieu, tu ne fais rien pour la
justice. Jeûne pour Dieu de la façon suivante. 5. Ne fais rien de mal dans
ta vie et sers le Seigneur avec un coeur pur ; observe ses commandements (Mt
19, 17) en marchant selon ses préceptes et qu'aucun mauvais désir ne monte
à ton coeur. Aie confiance en Dieu ; je crois que, si tu agis ainsi en le
craignant et en t'abstenant de toute mauvaise action, tu vivras pour Dieu. Et
si tu agis ainsi, tu mèneras à bien un jeûne important et agréable à
Dieu.
55.
"
1. Écoute cette parabole que je vais t'exposer, relative au jeûne. 2.
Quelqu'un avait une terre et beaucoup d'esclaves. Dans une partie de sa terre,
il planta une vigne, il choisit un serviteur très fidèle qui lui plaisait et
sur le point de partir à l'étranger, il l'appela et lui dit : " Charge.
toi de cette vigne que j'ai plantée, entoure-la d'une clôture pendant mon
absence, mais n'y fais rien autre. Observe cet ordre et tu seras libre chez
moi. " Le maître de l'esclave partit pour l'étranger. 3. Après ce départ,
l'esclave s'occupa et entoura la vigne d'une clôture ; mais la clôture achevée,
il s'aperçut que la vigne était pleine d'herbes. 4. Il réfléchit et se dit
en lui-même : " J'ai exécuté l'ordre du maître ; maintenant, je vais
bêcher la vigne et elle sera meilleure, une fois bêchée ; débarrassée des
herbes, elle donnera plus de fruits, puisqu'elle ne sera plus étouffée. Décidé,
il bêcha la vigne et arracha toutes les herbes qui s'y trouvaient. Et la
vigne devint très belle et florissante, sans les herbes qui l'étouffaient.
5. Après un certain temps revint le naître de l'esclave et de la terre ; il
alla à son vignoble, il le vit clôturé convenablement et en plus, bêché
et débarrassé de toutes les herbes, et les vignes florissantes : il se réjouit
fort des travaux de l'esclave. 6. Il appela donc son fils bien-aimé, son héritier,
et ses amis qui étaient ses conseillers. Il leur dit ce qu'il avait ordonné
à l'esclave et tout ce qu'il avait trouvé réalisé. Et ceux-là se réjouirent
avec l'esclave du témoignage que le maître lui rendait. 7. Et le maître
leur dit : " J'ai promis la liberté à cet esclave s'il exécutait
l'ordre que je lui avais donné. Il l'a exécuté et en plus, il a bien
travaillé la vigne et par là il m'a plu singulièrement. Aussi, en récompense
de ce travail qu'il a fourni, je veux le faire cohéritier de mon fils, parce
qu'il a eu une bonne idée et que, loin de l'écarter, il l'a réalisée.
" 8. Le fils du maître approuva cette intention de désigner l'esclave
comme son cohéritier. 9. Quelques jours plus tard, le maître faisait un
banquet et il envoya du banquet beaucoup de mets à cet esclave. Celui-ci
accepta les mets que le maître lui envoyait, il en retint suffisamment pour
lui et distribua le reste à ses compagnons d'esclavage. 10. Ceux-ci le reçurent,
se réjouirent et se mirent à prier pour lui afin que, de les avoir ainsi
traités, il fût encore plus en faveur auprès du maître. 11. Celui-ci
entendit parler de tout ce qui s'était passé et de nouveau, il se réjouit
fort de la conduite de l'esclave. Il appela de nouveau ses amis et son fils et
leur rapporta le geste qu'il avait fait à propos des mets reçus. Et eux,
furent encore plus d'avis qu'il devînt cohéritier du fils du maître. "
56.
1.
Je lui dis : " Moi, Seigneur, je ne comprends pas ces paraboles et je ne
puis en avoir idée si vous ne me les expliquez pas. 2. - Je t'expliquerai
tout, dit-il, et tout ce que je te dirai, je te l'éclaircirai. 3. Garde les
commandements du Seigneur (Qo 12, 13 ; Mt 19, 17) et tu plairas à Dieu et tu
seras inscrit au nombre de ceux qui gardent ses commandements. Mais si tu fais
du bien en dehors du commandement de Dieu, tu t'acquerras une gloire plus
grande et tu seras plus estimé aux yeux de Dieu que tu ne l'aurais été. Si
donc, tout en gardant les commandements de Dieu, tu y ajoutes ces bonnes
oeuvres, tu te réjouiras, à condition de les faire selon mes indications.
" 4. Je lui dis : " Seigneur, tout ce que vous m'indiquerez, je
l'observerai. Car je sais que vous êtes avec moi. - Je serai, dit-il, avec
toi, puisque tu as un tel désir de faire le bien, et je serai avec tous ceux,
dit-il, qui ont le même désir. 5. Ton jeûne, dit-il, si les commandements
du Seigneur sont observés, sera fort beau. Voilà donc comment tu observeras
le jeûne que tu veux pratiquer. 6. Tout d'abord, garde-toi de toute parole
mauvaise et de tout désir mauvais et purifie ton coeur de toutes les vanités
de ce siècle. Si tu observes cela, ton jeûne sera parfait. 7. Et voici
comment tu feras. Après avoir accompli ce que tu as écrit auparavant, le
jour que tu jeûneras, tu ne prendras rien, sauf du pain et de l'eau et tu
calculeras le prix des aliments que tu aurais pu manger ce jour-là et tu le
mettras de côté pour le donner à une veuve, à un orphelin, ou à un
indigent 108 et ainsi tu te feras humble pour que grâce à cette humilité,
celui qui a reçu (l'aumône) rassasie son âme et prie le Seigneur pour toi.
8. Si donc tu accomplis le jeûne comme je te le prescris, ton sacrifice sera
bien reçu (Qo 35, 9 ; Ph 4, 18 ; cf. Is 56, 7 ; Mt 5, 24 ; 1 P 2, 5) de Dieu
et ton jeûne sera inscrit et l'oeuvre ainsi accomplie sera belle, joyeuse,
bien accueillie par le Seigneur. 9. Voilà ce que tu observeras avec tes
enfants et toute ta maison. Et par là tu seras heureux et tous ceux qui, après
avoir entendu ces préceptes, les observeront, seront heureux et tout ce
qu'ils demanderont au Seigneur, ils l'obtiendront. "
57.
1.
Je lui demandai instamment de m'expliquer le sens symbolique du champ, du maître,
de la vigne, de l'esclave qui avait clôturé la vigne, des pieux et des
herbes arrachées de la vigne, du fils et des amis conseillers. Car j'avais
compris que tout cela était une parabole. 2. Il me dit en réponse : "
Tu es bien hardi avec tes questions ! Tu ne dois pas du tout poser de
questions, dit-il, car si quelque chose doit t'être montré, il te le sera.
" Je lui dis : " Seigneur, tout ce que vous me montrerez sans
l'expliquer, c'est en vain que je l'aurai vu et je n'en saisirai pas le sens.
De même, si vous me dites des paraboles sans me les expliquer, c'est en vain
que aurai entendu quelque chose de vous. " 3. De nouveau il me répondit
en ces termes : " Tout serviteur de Dieu qui a le Seigneur dans son coeur
peut lui demander la compréhension et il l'obtient (Jc 1, 5, 6 ; 1 R 3, 11) ;
et il peut alors s'expliquer n'importe quelle parabole et grâce au Seigneur
tout ce qui est dit en paraboles lui devient compréhensible. Mais ceux qui
sont nonchalants et paresseux pour la prière hésitent à demander au
Seigneur. 4. Le Seigneur est miséricordieux et il exauce tous ceux qui le
prient sans hésitation. Quant à toi qui as été raffermi par l'ange
glorieux, qui as reçu de lui une telle prière et qui n'es pas paresseux,
pourquoi ne demandes-tu pas au Seigneur - et ne reçois-tu pas de lui - la
compréhension ? " 5. Je lui dis : " Seigneur, puisque je vous ai près
de moi, c'est vous nécessairement que je dois prier et questionner. Car vous
me montrez tout et vous me parlez. Si je voyais ou entendais cela sans vous,
c'est au Seigneur que je demanderais de m'expliquer. "
58.
1.
" Je t'ai déjà dit, reprit-il, et il n'y a pas longtemps, que tu es rusé
et hardi pour demander l'explication des paraboles. Mais puisque tu es si persévérant,
je t'expliquerai le sens symbolique du champ et de tout ce qui s'y rapporte,
pour que tu puisses l'expliquer à tous. Entre donc, dit-il, et comprends 2.
Le champ, c'est ce monde-ci (Mt 13, 38) et le maître du champ, c'est celui
qui a créé toutes choses (Ep 3, 9 ; Ap 3, 11 ; He 3, 4 ; Qo 18, 1), qui les
a organisées et qui leur a donné la force (Ps 68, 29). Le fils, c'est le
Saint-Esprit et l'esclave, c'est le Fils de Dieu ; les vignes, c'est ce peuple
qu'il a lui-même planté. 3. Les pieux, ce sont les saints anges du Seigneur
qui retiennent son peuple. Les herbes arrachées à la vigne sont les iniquités
des serviteurs de Dieu ; les mets que du festin il a envoyé à l'esclave sont
les commandements qu'il a donnés à son peuple par l'intermédiaire de son
fils. Les amis et conseillers sont les saints anges créés les premiers. Le
voyage du maître, c'est le temps qui reste jusqu'à la parousie de Dieu.
" 4. Je lui dis : " Seigneur, tout cela est grand, admirable et
glorieux. Est-ce que j'aurais pu, Seigneur, dis-je, comprendre cela par moi-même
? Aucun autre homme non plus, même très intelligent, ne pourrait le
comprendre. Expliquez-moi encore, Seigneur, ce que je vais vous demander. 5. -
Parle, dit-il, si tu désires une explication. - Pourquoi, Seigneur, dis-je,
le Fils de Dieu apparaît-il dans la parabole sous la forme d'un esclave
"
59.
1.
" Écoute, dit-il, le Fils de Dieu n'apparaît pas sous la forme d'un
esclave, mais avec grande puissance et souveraineté. - Comment, Seigneur,
dis-je, je ne comprends pas. 2. - Puisque, dit-il, Dieu a planté le vignoble,
c'est-à-dire qu'il a créé son peuple et l'a confié à son Fils. Et son
Fils a constitué les anges gardiens des hommes de ce peuple. Et lui-même a
purifié leurs péchés au prix d'un grand labeur et en supportant de grandes
peines, car personne ne peut bêcher une vigne sans peine et sans fatigue. 3.
Lui donc, après avoir purifié les péchés de son peuple, il leur a montré
les sentiers de la vie (Ps 15, 11 ; Pr 16, 17) en leur donnant la loi qu'il
avait reçue de son Père (Jn 10, 18 ; 12, 49 ; 14, 31 ; 15, 10). Tu vois,
dit-il qu'il est le Seigneur de son peuple, puisqu'il a reçu plein pouvoir de
son Père (Mt 28, 18 ; Ep 1, 20-23). 4. Quant au fait que le maître a pris
son fils comme conseiller et les anges glorieux, au sujet de l'héritage à
accorder à l'esclave, écoute. 5. L'Esprit-Saint préexistant, qui a créé
toutes choses, Dieu l'a fait habiter dans la chair qu'il avait choisie. Cette
chair donc, dans laquelle l'Esprit-Saint prit demeure, servit fort bien
l'Esprit, en marchant dans la voie de la sainteté et de la pureté, sans
souiller l'Esprit en aucune façon. 6. Elle s'était conduite dignement,
saintement ; elle avait pris sa part des labeurs de l'Esprit et avait collaboré
avec lui en toute chose ; elle avait vécu de fermeté et de courage : c'est
pourquoi Dieu la choisit comme associée de l'Esprit-Saint. Car la tenue de
cette chair avait plu à Dieu : elle ne s'était pas souillée sur terre
pendant queue tenait l'Esprit-Saint. 7. Il prit donc comme conseiller le fils
et les anges glorieux pour que cette chair qui avait servi l'Esprit-Saint sans
reproche, obtînt un lieu de repos et ne parût pas perdre le salaire de ses
services. Car toute chair recevra sa rémunération, qui sera trouvée intacte
et sans tache et où l'Esprit-Saint aura pris demeure. 8. Tu as ainsi
l'explication de cette parabole. "
60.
1.
" J'ai eu grand plaisir, Seigneur, dis-je, à entendre l'explication. -
Écoute maintenant, dit-il : garde ta chair pure et intacte, pour que l'esprit
qui est venu habiter en elle porte témoignage en sa faveur et quelle soit
justifiée. 2. Veille à ce que ne monte jamais à ton coeur l'idée que ta
chair est périssable et veille à ne pas en abuser par quelque souillure. Si
tu souilles ta chair, tu souilleras aussi l'Esprit-Saint ; si donc tu souilles
ta chair, tu ne vivras pas. 3. - Seigneur, dis-je, s'il y eut ignorance avant
qu'on entende ces paroles, comment sera sauvé l'homme qui a souillé sa chair
? - Au sujet des ignorances antérieures, dit-il, Dieu seul peut donner la guérison,
car il a tout pouvoir. 4. Mais désormais veille sur toi-même et le Seigneur,
dans sa grande miséricorde, les guérira, si désormais tu ne souilles pas ta
chair ni l'esprit. Car les deux vont ensemble et ils ne peuvent être souillés
séparément. Garde-les donc purs tous les deux et tu vivras pour Dieu. "
Similitude
VI
61.
1.
Assis dans ma maison, je glorifiais le Seigneur pour tout ce que j'avais vu et
à propos des préceptes, je découvrais qu'ils sont beaux, forts, joyeux,
glorieux et capables de sauver l'âme de l'homme (Jc 1, 21) et je me disais :
" je serai heureux si je marche selon ces préceptes et quiconque
marchera dans cette voie sera heureux " (Ps 1, 1-2 ; 119, 1). 2. Pendant
que je me dis cela, je le vois assis tout à coup à côté de moi et me
disant ceci : " Pourquoi cette hésitations à propos des préceptes que
je t'ai donnés ? Ils sont beaux. N'hésite en rien ; au contraire, revêts-toi
de la foi du Seigneur et tu marcheras dans leur voie. Car moi, je t'affermirai
en eux. 3. Ces préceptes sont utiles à ceux qui font pénitence, car s'ils
ne marchent pas dans cette voie, leur pénitence sera inutile. 4. Vous donc
qui faites pénitence, rejetez les vices de ce monde qui vous anéantissent.
Revêtus de toute la vertu de justice, vous pourrez observer ces préceptes ;
mais n'ajoutez plus rien à vos péchés. Et si vous n'y ajoutez rien, vous
ferez tomber beaucoup de vos péchés antérieurs. Marchez donc selon ces préceptes
et vous vivrez pour Dieu. Tout cela, c'est moi qui vous l'ai dit. " 5.
Après qu'il m'eut dit cela, il reprend : " Allons dans les champs, et je
vous montrerai les pasteurs des brebis. - Allons-y, dis-je, Seigneur. "
Nous allâmes dans une plaine et là, il me montre un berger tout jeune, complètement
vêtu de jaune. 6. Il paissait de très nombreuses brebis et ces brebis
vivaient comme dans les voluptés et les délices ; elles étaient joyeuses et
bondissaient çà et là ; et le berger lui-même était fort content de son
troupeau ; sa physionomie était toute joyeuse et il allait et venait parmi
ses brebis. Je vis aussi d'autres brebis ensemble dans les délices et les
voluptés ; toutefois, elles ne bondissaient pas.
62.
1.
Il me dit : " Vois-tu ce berger ? - Je vois, Seigneur, dis-je. - C'est,
dit-il, l'ange de volupté et d'erreur. Il anéantit les âmes des serviteurs
de Dieu, de ceux qui sont vains - en les détournant de la vérité, en les
trompant par des désirs mauvais, dans lesquels ils meurent. 2. Car il
oublient les préceptes du Dieu vivant et marchent dans les erreurs et les
voluptés vaines et ils vont à leur perte de par cet ange : pour les uns,
c'est la mort, pour les autres, (seulement) la corruption. " 3. Je lui
dis : " Seigneur, je ne sais ce qu'est cette mort et cette corruption. -
Écoute, dit-il. Toutes les brebis que tu as vues fort joyeuses et
bondissantes, ce sont ceux qui se sont définitivement écartés de Dieu et
qui se sont livrés aux passions de ce monde. Pour eux, il n'y a pas de pénitence
qui donne la vie, car ils ont blasphémé le nom du Seigneur ; pour eux, c'est
donc la mort. 4. Celles que tu as vues paître dans le même lieu sans bondir,
ce sont ceux qui se sont livrés aux voluptés et aux erreurs, mais sans aucun
blasphème contre le Seigneur. Ils sont donc (seulement) corrompus loin de la
vérité ; pour eux existe un espoir de pénitence par quoi ils pourraient
vivre. La corruption comporte donc un certain espoir de restauration, alors
que la mort comporte la perdition éternelle. " 5. Nous avançâmes un
peu et il me montra un berger de grande taille, sauvage d'aspect, entouré
d'une peau de chèvre blanche, une besace sur l'épaule avec dans la main un
très solide bâton à noeuds et un long fouet. fi avait le regard si sévère
qu'il faisait peur : tel était son regard ! 6. Ce berger recevait du tout
jeune berger les brebis qui paissaient dans les délices et les voluptés,
mais sans bondir, et il les poussait dans un lieu escarpé plein de chardons
et d'épines, si bien qu'elles ne pouvaient s'en dégager : au contraire,
elles s'y empêtraient. 7. Là, embarrassées, elles paissaient les chardons
et les épines et elles souffraient beaucoup des écorchures que l'ange leur
faisait. Il les chassait de-ci de-là sans leur donner aucun répit : bref,
ces brebis n'étaient jamais tranquilles.
63.
1.
De les voir ainsi fouettées et malmenées, je me faisais du chagrin pour
elles : tant elles étaient tourmentées sans aucun répit. 2. Je dis au
Pasteur qui causait avec moi : " Seigneur, quel est ce berger si cruel,
si sévère, qui n'a absolument pas pitié de ces brebis ? - C'est, dit-il,
l'ange du châtiment, l'un des anges justes, mais préposé au châtiment. 3.
Il reçoit donc ceux qui errent loin de Dieu et qui ont suivi la voie des
passions et des erreurs de ce monde ; il leur inflige suivant ce que chacun mérite,
des châtiments terribles et variés. 4. - Je voudrais, Seigneur, dis-je,
connaître la nature de ces châtiments variés. Écoute, dit-il, les diverses
épreuves et châtiments : ce sont ceux de la vie ; car ils sont châtiés,
les uns par des dommages, d'autres par l'indigence, d'autres par des maladies
diverses, d'autres par une insécurité totale ; d'autres sont outragés par
des gens indignes et subissent bien d'autres tourments. 5. Beaucoup de gens,
en effet, sans suite dans leurs intentions, entreprennent mille choses sans
que rien leur réussisse et ils disent que leurs affaires ne marchent pas bien
et l'idée qu'ils ont commis des turpitudes ne leur monte pas au coeur ; au
contraire, ils accusent le Seigneur. 6. Quand donc ils sont accablés par
toutes ces épreuves, alors ils me sont livrés en vue d'une bonne formation
et ils s'affermissent dans la foi du Seigneur (Ps 51, 10) et le restant de
leurs jours, ils le servent avec un coeur pur. Lorsque donc ils font pénitence,
alors les turpitudes qu'ils ont commises leur remontent au coeur, alors ils
glorifient le Seigneur de ce qu'il est un juge équitable (Ps 7, 12 ; 2 M 12,
5 ; 2 Tm 4, 8) et que chacun a souffert justement selon ses actes (cf. Mt 16,
27 ; Ap 2, 23 ; Ps 62, 13 ; etc.). Désormais, ils servent le Seigneur d'un
coeur pur et toutes leurs affaires marchent bien, car ils reçoivent du
Seigneur tout ce qu'ils demandent (Mt 21, 22 ; 1 Jn 3, 22). Et alors ils
glorifient le Seigneur de m'avoir été livrés et ils ne subissent plus aucun
mal. "
64.
1.
Je lui dis : " Seigneur, expliquez-moi encore ceci. Que recherches-tu
encore ? dit-il. - Est-ce que les efféminés et les égarés, Seigneur,
dis-je, sont torturés pendant un temps égal à celui qu'ils ont passé dans
les voluptés et les égarements ? " Il me répond : " Ils sont
torturés pendant un temps égal. 2. - Leurs tortures sont brèves, Seigneur,
dis-je. Il faudrait en effet que des gens qui vivent ainsi dans les voluptés
et oublient Dieu soient torturés sept fois plus longtemps. " 3. Il me
dit : " Insensé : Tu ne saisis pu la force de la torture. - Si je
saisissais, Seigneur, dis-je, je ne demanderais pas que vous me réexpliquiez.
- Écoute, dit-il, voici leur force respective. 4. La volupté et l'erreur
durent une heure, mais une heure de torture vaut trente jours"4. Si donc
on passe un jour dans les délices et l'erreur, et un jour dans les tortures,
ce jour de torture équivaut à une année entière. Autant de jours on passe
dans les voluptés, autant d'années on passe dans les tortures. Tu vois donc,
dit-il, que la durée de la volupté et de l'erreur est très réduite, mais
que celle du châtiment et de la torture est longue. "
65.
1.
" Je n'ai pas tout compris, Seigneur, dis-je, de la durée de l'erreur,
de la volupté et de la torture expliquez-le-moi plus clairement. " Il me
dit en réponse : 2. " Ta stupidité persiste et tu ne veux pas purifier
ton coeur et servir Dieu. Veille, dit-il, à ce que les temps ne
s'accomplissent et que tu ne sois trouvé insensé. Écoute, dit-il, pour
comprendre ce que tu souhaites. 3. Celui qui vit un jour dans les voluptés et
l'erreur et n'en fait qu'à sa tête, se revêt d'une grande démence et ne se
rend pas compte de ce qu'il fait : le lendemain, il oublie ce qu'il a fait la
veille. La volupté et l'erreur n'ont pas de mémoire à cause de la démence
dont elles sont revêtues. Mais quand le châtiment et les supplices
s'attachent à un homme, ne serait-ce qu'un jour, c'est pendant toute une année
que cet homme est châtié et supplicié, car le châtiment et le supplice ont
la mémoire longue. 4. Ainsi éprouvé et châtié pendant tout un an, il se
souvient alors des voluptés et de l'erreur et reconnaît que c'est à cause
d'elles qu'il subit ces maux Tout homme vivant dans la volupté et l'erreur
est ainsi éprouvé parce que possédant la vie il s'était livré à la mort
5. Quelles sont, Seigneur, dis-je, les voluptés nuisibles ? Tout ce que
l'homme fait avec plaisir, dit-il, est volupté. Ainsi le colérique, qui agit
selon sa passion, s'adonne à la volupté, de même l'adultère, l'ivrogne, le
médisant, le menteur, l'ambitieux, le spoliateur, et quiconque faisant de même
agit selon sa maladie, s'adonne par cet acte à la volupté. 6. Toutes ces
voluptés sont mauvaises pour les serviteurs de Dieu. C'est donc à cause de
ces erreurs que souffrent ceux qui sont châtiés et éprouvés. 7. Mais il y
a aussi des voluptés qui sauvent les hommes, car beaucoup de gens éprouvent
une volupté à faire le bien : c'est leur propre plaisir qui les y pousse.
Cette volupté-là est utile aux serviteurs de Dieu et procure la vie à un
tel homme. Les voluptés nuisibles dont nous avons parlé ne lui attirent qu'épreuves
et châtiments ; et s'ils s'obstinent sans se repentir, ils s'attirent la
mort. "
Similitude
VII
66.
1.
Peu de jours après, je le vis dans la même plaine où j'avais vu aussi les
bergers et il me dit : " Que cherches-tu encore ? - Me voici, Seigneur,
dis-je, pour vous demander de faire sortir de chez moi le pasteur justicier,
car il m'impose trop de tribulations. - Il faut, dit-il, que tu aies des
tribulations ; c'est ainsi qu'en a décidé l'ange glorieux à ton égard : il
veut que tu sois éprouvé. - Qu'ai-je donc fait, Seigneur, dis-je, de si
pervers pour être livré à cet ange ? 2. - Écoute, dit-il, tes péchés
sont nombreux, mais pas assez graves pour que tu sois livré à cet ange. En
revanche, ta maison a commis de grands péchés, de grandes iniquités et
l'ange glorieux s'est irrité des forfaits de tes gens et c'est pourquoi il a
ordonné que tu aies des tribulations pendant quelque temps, pour que ceux-là
aussi se repentent et se purifient de toute passion de ce monde. Quand ils se
seront repentis et purifiés, alors l'ange du châtiment s'éloignera de toi.
" 3. Je lui dis : " Seigneur, si eux ont commis de quoi irriter
l'ange glorieux, moi, qu'ai-je fait ? - Ils ne peuvent, dit-il, avoir des
tribulations autrement que si tu en as, toi, la tête de la maison. Car si tu
en as, nécessairement ils en auront aussi ; mais si tu connais la prospérité,
aucune tribulation ne peut les atteindre. 4. - Mais voyez, Seigneur, dis-je,
ils se sont repentis du fond de leur coeur. - Tu te figures donc que les péchés
de ceux qui se repentent leur sont remis d'emblée ? Pas du tout. Il faut que
celui qui s'est repenti éprouve son âme, shumilie grandement dans toute sa
con, duite et soit accablé de beaucoup de tribulations variées. Et s'il
supporte les tribulations qui lui arrivent, celui qui a tout créé et tout
affermi (Ep 3, 9 ; Ps 68, 29) fera preuve d'une grande miséricordelo et lui
donnera la guérison, 5. et cela complètement, s'il voit le coeur du pénitent
pur de toute action mauvaise. Il est donc utile à toi et à ta maison d'avoir
des tribulations. Mais pourquoi tant parler ? Tu dois en avoir, comme l'a
ordonné cet ange du Seigneur qui t'a confié à moi. Et rends grâces au
Seigneur de ce qu'il a jugé digne de connaître d'avance ta tribulation :
ainsi, la connaissant d'avance, tu la supporteras vaillamment. " 6. Je
lui dis : " Seigneur, soyez avec moi, et je pourrai supporter toute
tribulation. - Je serai, dit-il, avec toi, et je demanderai à l'ange
justicier de t'accabler sans trop d'acharnement. Mais pendant peu de temps tu
auras des tribulations et ensuite tu seras rétabli dans ton rang. Seulement,
continue à t'humilier et à servir le Seigneur Dieu du fond d'un coeur pur,
et tes enfants aussi, et ta maison, et marche dans la voie des préceptes que
je t'ai donnés ; ainsi, ta pénitence pourra être ferme et pure. 7. Et si tu
observes cela avec ta maison, toute tribulation s'éloignera de toi ; et la
tribulation s'éloignera de tous ceux qui marcheront dans la voie de mes préceptes.
"
Similitude
VIII
67.
Il
me montra un grand saule couvrant des plaines et des montagnes, et à l'abri
sous le saule étaient venus tous ceux qui sont appelés selon le nom du
Seigneur. 2. Se tenait debout sous le saule l'ange glorieux du Seigneur, d'une
taille énorme, avec une grande faucille et il coupait des branches du saule
et il les donnait à la foule abritée sous le saule. Il leur remettait de
petites branches d'environ une coudée. 3. Quand tout le monde eut reçu sa
branche, l'ange déposa sa faucille et cet arbre était (malgré tout) entier,
comme je l'avais vu (auparavant). 4. Je m'étonnais, me disant en moi-même :
" Comment se fait-il qu'avec tant de rameaux enlevés cet arbre soit
(encore) entier ? " Le Pasteur me dit - " Ne t'étonne pas de ce que
l'arbre, avec tant de rameaux enlevés, soit encore entier. Allons ! dit-il,
regarde bien tout et on t'expliquera ce que c'est. " 5. L'ange qui avait
remis les rameaux à la foule les redemanda ; ils étaient appelés dans
l'ordre selon lequel ils les avaient reçus et chacun lui rendait le rameau.
L'ange du Seigneur les reprenait et les examinait. 6. De certains, il recevait
des rameaux desséchés et mangés comme par des vers et l'ange disait à ceux
qui remettaient de tels rameaux de former un groupe séparé. 7. D'autres
remettaient des rameaux desséchés, mais non mangés par des vers et l'ange
leur disait aussi de former un groupe séparé. 8. D'autres les remettaient à
moitiés desséchées, et eux aussi formaient un groupe séparé. 9. D'autres
remettaient des rameaux à moitié desséchés et fendillés, et eux aussi
formaient un groupe séparé. 10. D'autres remettaient leurs rameaux verts et
fendillés, et eux aussi formaient un groupe séparé. 11. D'autres
remettaient des rameaux dont une moitié était sèche et l'autre verte, et
eux aussi formaient un groupe séparé. 12. D'autres rapportaient leurs
rameaux verts aux deux tiers et desséchés pour le reste, et eux aussi
formaient un groupe séparé. 13. D'autres remettaient leurs rameaux secs aux
deux tiers et verts pour le reste, et eux aussi formaient un groupe séparé.
14. D'autres remettaient leurs rameaux presque complètement verts : un tout
petit bout était desséché, rien que la pointe, mais ils étaient fendillés
; et eux aussi formaient un groupe séparé. 15. Les rameaux de certains
autres n'avaient qu'un tout petit bout vert, tout le reste étant desséché ;
et eux aussi formaient un groupe séparé. 16. D'autres revenaient avec des
rameaux verts comme ils les avaient reçus de l'ange. La plus grande partie de
la foule remettait de tels rameaux et l'ange s'en réjouissait beaucoup ; et
eux aussi formaient un groupe séparé. 17. D'autres remettaient leurs rameaux
verts avec de nouvelles pousses, et eux aussi formaient un groupe séparé.
18. D'autres remettaient leurs rameaux verts avec des pousses, mais ces dernières
portaient comme des fruits et les hommes que l'on trouvait porteurs de tels
rameaux étaient très joyeux et l'ange se réjouissait à leur propos et le
Pasteur aussi en était très joyeux avec lui.
68.
1.
L'ange du Seigneur ordonna qu'on apportât des couronnes, et des couronnes
furent apportées qui semblaient faites de palmes et il couronna les hommes
qui avaient remis les rameaux avec des pousses et des fruits, et il les envoya
dans la tour. 2. Et il envoya aussi dans la tour les autres qui avaient remis
des rameaux verts avec des pousses, mais sans fruits sur ces dernières, et il
les marquait d'un signe. 3. Tous ceux qui allaient dans la tour avaient des vêtements
blancs comme neige. 4. Et ceux qui avaient remis leurs rameaux verts comme il
les avaient reçus, il les envoyait aussi, après leur avoir donné un vêtement
blanc et un signe. 5. Après avoir terminé, l'ange dit au Pasteur : "
Moi, je m'en vais ; toi, fais entrer ceux-ci dans les murs, où chacun mérite
d'habiter. Examine avec soin leurs rameaux et ne les fais entrer qu'ensuite ;
fais cet examen sérieusement ; veille à ce qu'aucun ne t'échappe et si
quelqu'un t'échappe, dit-il, moi, je les contrôlerai à l'autel. " Sur
ces mots au Pasteur, il s'en alla. 6. Après son départ, le Pasteur me dit :
" Prenons les rameaux de tous (les autres) et plantons-les, pour voir si
quelques-uns d'entre eux pourront vivre. " je lui dis : " Seigneur,
ces rameaux secs, comment peuvent-ils vivre ? " 7. Il me répond : c Cet
arbre est un saule, et il est vivace de naturel. Si donc on plante ces rameaux
et qu'ils reçoivent un peu de sève, beaucoup d'entre eux vivront. Et puis,
j'essaierai de leur donner de l'eau ; si l'un d'entre eux peut vivre, je me réjouirai
avec eux et s'il ne vit pas, je ne serai pas convaincu de négligence. "
8. Le Pasteur me demanda de les appeler comme ils étaient rangés ; ils
vinrent groupe par groupe et remirent leurs rameaux au Pasteur. Le Pasteur les
reprenait et, dans l'ordre, il les plantait et ensuite leur versait tant d'eau
qu'on ne les voyait plus. 9. Après les avoir arrosés, il me dit : "
Allons-nous-en et revenons dans peu de jours examiner ces rameaux, car celui
qui a créé cet arbre souhaite que vivent tous ceux qui reçoivent un rameau
de lui. Et moi, j'espère que ces rameaux, trouvant de l'humidité et gorgés
d'eau, vivront pour la plupart. "
69.
1.
Je lui dis : " Seigneur, fais-moi savoir ce qu'est cet arbre, car je ne
m'explique pas qu'amputé de tant de branches, il soit encore entier, sans
qu'absolument rien en paraisse coupé. Voilà ce que je ne m'explique pas. 2.
- Écoute, dit-il. Ce grand arbre qui couvre des plaines, des montagnes et
toute la terre, c'est la loi de Dieu, donnée au monde entier, et cette loi,
c'est le Fils de Dieu annoncé jusqu'aux confins de la terre. Les peuples qui
se trouvent sous l'arbre, ce sont ceux qui ont entendu l'annonce et qui ont
cru en elle. 3. L'ange grand et glorieux, c'est Michel qui détient le pouvoir
sur ce peuple et qui le gouverne. C'est lui qui donne la loi et la met dans le
coeur des croyants. Il examine donc si ceux à qui il a donné la loi l'ont
bien observée. Tu vois aussi beaucoup de rameaux devenus inutiles : tu
reconnaîtras en eux tous ceux qui n'ont pas observé la loi et tu verras la
demeure de chacun. " 5. Je lui dis : " Seigneur, pourquoi a-t-il
envoyé les uns dans la tour et vous a-t-il laissé les autres ? - Tous ceux,
dit-il, qui ont transgressé la loi qu'ils ont reçue de lui, il les a laissés
en mon pouvoir en vue de la pénitence, et tous ceux qui se sont plu dans la
loi et l'ont observée, il les tient en son propre pouvoir. 6. - Quels sont
donc, Seigneur, dis-je, ceux qui ont été couronnés et qui se rendent dans
la tour ? " En réponse il me dit : " Ces hommes couronnés sont
ceux qui ont lutté avec le diable et qui l'ont vaincu : ils ont subi la mort
pour la loi. 7. Les autres qui ont remis leurs rameaux verts avec de nouvelles
pousses, mais sans fruits, ont été éprouvés pour la loi, mais ils n'en
sont pas morts et n'ont pas renié la loi non plus. 8. Ceux qui les ont remis
verts comme ils les avaient reçus, sont des saints, des justes qui ont marché
loin avec un coeur pur et qui ont gardé les commandements du Seigneur (Qo 12,
13). Tu sauras le reste quand j'examinerai ces rameaux plantés et arrosés.
"
70.
1.
Peu de jours après, nous revînmes dans ce lieu et le Pasteur s'assit à la
place de l'ange de grande taille et moi j'étais à ses côtés. Il me dit :
" Revêts-toi d'un tablier et aide-moi. " Je me revêtis d'un
tablier propre, fait avec un sac. 2. Me voyant revêtu et prêt à l'aider :
" Appelle, dit-il, les hommes dont le rameau a été planté, dans
l'ordre où ils les ont remis. J'allai dans la plaine et les appelai tous, et
tous les groupes se formèrent. 3. Il leur dit : " Que chacun arrache son
propre rameau et me l'apporte. " 4. Les remirent les premiers ceux dont
les rameaux avaient été desséchés et mutilés : ils se trouvèrent
pareillement desséchés et mutilés ; il leur dit de former un groupe séparé.
5. Ensuite les remirent ceux qui avaient des rameaux desséchés, mais non
mutilés. Certains d'entre eux les remirent verts, d'autres, desséchés et
rongés comme par des vers. A ceux qui les avaient remis verts, il dit de
former un groupe séparé ; à ceux qui les avaient remis desséchés et rongés,
il dit de se mettre avec les premiers. 6. Ensuite les remirent ceux qui en
avaient eu à moitié desséchés et fendillés, et beaucoup d'entre eux les
remirent verts et sans fentes ; certains, verts, avec de nouvelles pousses et
des fruits sur ces dernières, comme en avaient ceux qui étaient allés
couronnés dans la tour. Certains les remirent desséchés et rongés,
d'autres, desséchés, mais non rongés, d'autres, comme ils étaient
auparavant, à moitié desséchés et fendillés. Et il leur dit de se séparer,
les uns rejoignant leurs groupes respectifs, les autres restant à part.
71.
1.
Les remettaient ensuite ceux qui avaient eu des rameaux verts mais fendillés.
Tous ceux-là les remirent verts et prirent place dans leur propre groupe. Le
Pasteur se réjouit de ce que tous s'étaient transformés et s'étaient débarrassés
de leurs fentes. 2. Les remirent aussi ceux qui en avaient eu à moitié verts
et à moitié desséchés. Les rameaux de certains furent trouvés entièrement
verts, de certains autres, à moitié verts, d'autres, desséchés et rongés,
d'autres encore verts avec de nouvelles pousses. Tous ceux-là furent envoyés
vers leurs groupes respectifs. 3. Les remirent ensuite ceux qui en avaient eu
dont les deux tiers étaient verts et un tiers desséché. Beaucoup d'entre
eux les remirent verts, beaucoup à moitié verts, d'autres, desséchés et
rongés. Tous ceux-là prirent place dans leurs propres groupes. 4. Les
remirent ensuite ceux qui avaient eu des rameaux desséchés aux deux tiers et
verts pour le reste ; beaucoup d'entre eux les remirent à moitié desséchés,
certains, desséchés et rongés, certains encore, à moitié desséchés et
fendillés ; très peu les remirent verts ; et tous ceux-là prirent place
dans leurs groupes respectifs. 5. Les remirent ensuite ceux qui avaient eu des
rameaux verts, mais avec un rien de desséché et de fendillé ; parmi eux,
certains les remirent verts et certains verts avec de nouvelles pousses.
Ceux-là aussi s'en allèrent dans leurs groupes respectifs. 6. Les remirent
ensuite ceux qui en avaient eu avec un rien de vert et tout le reste desséché.
Les rameaux de ceux-là furent trouvés pour la plus grande part verts avec de
nouvelles pousses et des fruits sur celles-ci, et d'autres, entièrement
verts. À ce propos, le Pasteur se réjouit très fort de les avoir trouvés
tels. Ceux-là aussi s'en allèrent chacun dans son propre groupe.
72.
1.
Après avoir examiné les rameaux de tout le monde, le Pasteur me dit : "
Je t'ai dit que cet arbre est vivace. Vois-tu, dit-il, combien ont fait pénitence
et ont été sauvés ? - Je vois, Seigneur, dis-je. - Pour que tu voies que la
miséricorde de Dieu est grande et glorieuse, il a aussi donné un esprit à
ceux qui sont dignes de la pénitence. 2. - Pourquoi donc, Seigneur, dis-je,
tous n'ont-ils pas fait pénitence ? - Ceux que le Seigneur a vus sur le point
de purifier leur coeur et de le servir du fond de leur âme, il leur a accordé
la pénitence. Ceux dont il vit la fourberie et la perversité, prêts à ne
faire pénitence que par hypocrisie, à ceux-là il n'a pas accordé la pénitence,
de peur qu'ils ne blasphèment de nouveau sa loi. " 3. Je lui dis :
" Seigneur, montrez-moi maintenant ce que sont ceux qui vous ont remis
les rameaux, et quelle est leur demeure. Ainsi, après l'avoir entendu, ceux
qui ont cru et ont reçu le sceau, mais qui l'ont brisé et ne l'ont pas gardé
entier, connaîtront leurs actes, se repentiront et recevront de vous un
insigne ; et ils glorifieront le Seigneur de ce qu'il a eu pitié d'eux et
vous a envoyé pour renouveler leurs esprits. 4. - Écoute, dit-il. Ceux dont
les rameaux furent trouvés desséchés et rongés de vers, ce sont les
apostats, traîtres à l'Église, qui dans leurs péchés ont blasphémé le
Seigneur et qui encore ont rougi du nom du Seigneur invoqué sur eux (Ac 15,
17 ; Jc 2, 7 ; Gn 48, 16 ; etc.). Ceux-là donc pour Dieu sont morts définitivement.
Tu vois que pas un d'entre eux n'a fait pénitence, même après avoir entendu
les paroles que, sur mon ordre, tu leur as dites. La vie s'est donc retirée
de telles gens. 5. Ceux qui les ont remis desséchés, mais non pourris, ils
sont tout près des premiers : c'étaient des hypocrites qui introduisaient
des doctrines hétérodoxes et détournaient les serviteurs de Dieu et surtout
les pécheurs qu'ils empêchaient de faire pénitence, en les convainquant par
des doctrines folles. Ceux-là ont un espoir de faire pénitence. 6. Et tu
vois que beaucoup d'entre eux ont déjà fait pénitence depuis que tu leur as
dit mes préceptes. D'autres encore feront pénitence et tous ceux qui ne
feront pas pénitence ont déjà perdu la vie ; mais tous ceux d'entre eux qui
se sont repentis sont devenus bons et leur demeure a été fixée dans les
premiers murs ; certains même sont montés dans la tour. Tu vois donc,
dit-il, que le repentir des pécheurs assure la vie, et l'impénitence, la
mort.
73.
"
1. Écoute aussi ce qui concerne ceux qui les ont remis à moitié desséchés
et fendillés. Ceux parmi eux dont les rameaux étaient seulement à moitié
desséchés, sont les indécis ; ils ne sont ni vivants ni morts. 2. Ceux qui
les avaient à moitié desséchés et fendillés, ce sont des indécis et des
médisants qui ne sont jamais en paix entre eux (1 Th 5, 13), mais toujours en
dispute. Eux aussi cependant ont encore la possibilité de faire pénitence.
Tu vois, dit-il, que certains d'entre eux ont fait pénitence et de tous on
peut encore espérer la pénitence. 3. Tous ceux d'entre eux, dit-il, qui ont
fait pénitence ont leur demeure dans la tour ; tous ceux d'entre eux qui
mettront trop de temps à se repentir habiteront les murs (extérieurs) ; ceux
qui ne feront pas pénitence, mais s'obstineront encore dans leur conduite,
mourront de mort certaine. 4. Ceux qui ont remis des rameaux verts, mais
fendillés ont toujours été fidèles et bons, mais il y avait entre eux de
la jalousie pour des questions de priorité et d'honneurs. Et ils sont tous
bien fous de rivaliser ainsi pour les premiers rangs. 5. Mais après avoir
entendu mes préceptes, puisqu'ils étaient bons, ils se sont purifiés et ont
rapidement fait pénitence. Et leur demeure fut fixée dans la tour. Mais si
l'un d'entre eux en revient aux dissensions, il sera rejeté de la tour et
perdra sa vie. 6. La vie appartient à tous ceux qui observent les
commandements du Seigneur (Qo 12, 13). Or, dans les commandements, il n'est
question ni de priorité, ni d'honneurs, mais de patience et d'humilité pour
l'homme. C'est dans de telles gens que réside la vie du Seigneur ; dans les
querelleurs et les violateurs de la loi, c'est la mort.
74.
"
1. Ceux qui ont remis leurs rameaux à moitié verts et à moitié desséchés,
ce sont ceux qui sont ballottés dans les affaires et qui ne s'attachent pas
aux saints. C'est pourquoi en eux une moitié vit et l'autre moitié est
morte. 2. Mais beaucoup, après avoir entendu mes commandements, ont fait pénitence
et tous ceux-là du moins ont leur demeure dans la tour. Certains autres se
sont définitivement éloignés : ils n'ont donc plus de repentir (possible).
Car à cause de leurs affaires, ils ont blasphémé le Seigneur et l'ont renié.
Ils ont donc perdu la vie de par le crime qu'ils ont commis. 3. Beaucoup
d'autres sont indécis : ceux-là ont encore la possibilité de faire pénitence,
s'ils le font vite, et leur demeure sera dans la tour. S'ils y mettent trop de
temps, ils habiteront dans les murs (extérieurs) et s'ils ne font pas pénitence,
ils ont déjà perdu, eux aussi, la vie. 4. Ceux qui les ont remis verts aux
deux tiers et desséchés pour le restera ce sont ceux qui ont renié de
diverses façons. 5. Beaucoup d'entre eux ont fait pénitence et sont allés
habiter dans la tour. Beaucoup se sont éloignés définitivement de Dieu :
ceux-là ont perdu définitivement la vie. Certains d'entre eux ont hésité
et douté : ceux-là ont encore une pénitence possible, s'ils la font vite,
sans s'obstiner dans leurs plaisirs. Mais s'ils s'obstinent dans leur
conduite, eux-mêmes travaillent à leur mort.
75.
"
1. Ceux qui ont remis des rameaux desséchés aux deux tiers et verts pour le
reste, ce sont ceux qui ont été fidèles, mais qui se sont enrichis et ont
acquis trop de renom auprès des gentils. Ils se sont revêtus d'un grand
orgueil et sont devenus arrogants, ont abandonné la vérité et se sont séparés
des justes ; bien mieux, ils ont vécu avec les gentils et cette voie leur est
devenue plus agréable. Ils ne se sont pas éloignés définitivement de Dieu
: ils sont restés dans la foi sans faire les oeuvres de la foi. 2. Beaucoup
d'entre eux ont fait pénitence et leur demeure fut fixée dans la tour. 3.
D'autres vivant définitivement avec les gentils et entraînés par la vaine
considération où ceux-ci les tenaient, se sont éloignés de Dieu et ont
fait les oeuvres des gentils : ceux-là ont donc été comptés au nombre des
gentils. 4. D'autres parmi eux furent dans l'incertitude, parce qu'ils n'espéraient
plus le salut à cause des actions qu'ils avaient commises. D'autres furent
dans l'incertitude et ont jeté la discorde entre eux. Pour ces gens et pour
ceux qui furent dans l'incertitude à cause de leurs actes, il y a encore
possibilité de pénitence. Mais leur pénitence doit être rapide pour que
leur demeure soit fixée à l'intérieur de la tour. Pour ceux qui ne se
repentent pas, mais qui s'obstinent dans les plaisirs, la mort est proche.
76.
"
1. Ceux qui ont remis des rameaux verts, mais avec le bout desséché et
fendillé, ce sont ceux qui furent toujours bons, fidèles et glorieux auprès
du Seigneur, mais qui ont péché quelque peu par légère concupiscence et légères
rancunes. Et après avoir entendu mes paroles, la plus grande partie se sont
repentis rapidement et leur demeure fut fixée dans la tour. 2. Certains
d'entre eux ont hésité ; certains, par leurs hésitations, ont aggravé la
discorde. Ces gens ont encore l'espoir de la pénitence car ils ont toujours
été bons ; il serait difficile que l'un d'eux meure. 3. Ceux qui ont remis
leurs rameaux desséchés avec un rien de vert ce sont ceux qui n'ont eu que
la foi et qui ont fait les oeuvres de l'iniquité. Ils ne se sont pourtant
jamais éloignés de Dieu, ils ont porté le nom avec joie et reçu avec joie
chez eux les serviteurs de Dieu. A l'annonce de cette pénitence, ils se sont
repentis sans hésiter et ils pratiquent toute la vertu de justice (Ac 10, 15
; He 11, 33). 4. Certains d'entre eux souffrent même et endurent avec joie,
ayant conscience des actes qu'ils ont commis. De tous ceux-là, la demeure
sera dans la tour. "
77.
1.
Après avoir achevé l'explication de tous les rameaux, il me dit : "
Retire-toi, et dis à tous de faire pénitence et ils vivront pour Dieu. En
effet, le Seigneur a eu pitié et m'a envoyé pour offrir à tous la pénitence
(2 P 3, 9), encore que certains n'en soient pas dignes, vu leurs oeuvres. Mais
le Seigneur est patient et il veut que soit sauvé l'appel qui vient de son
Fils. " 2. Je lui dis : " Seigneur, j'espère qu'après avoir
entendu cela, tous feront pénitence ; je suis persuadé que chacun, ayant
conscience de ses actes et craignant Dieu, fera pénitence. " 3. Il me
dit en réponse : " Tous ceux, dit-il, qui, du fond de leur coeur se
repentiront et se purifieront des vices signalés antérieurement et
n'ajouteront plus rien à leurs péchés, ceux-là recevront du Seigneur guérison
de leurs péchés antérieurs, si du moins ils n'ont aucune hésitation au
sujet de ses commandements, et ils vivront pour Dieu. Mais tous ceux qui
ajoutent à leurs péchés et marchent dans les passions de ce monde, se
condamneront à la mort. 4. Toi, marche selon mes préceptes et tu vivras, et
quiconque marchera dans leur voie et les pratiquera bien, vivra pour Dieu.
" 5. Après m'avoir montré et exposé tout cela, il me dit : " Le
reste, je te l'expliquerai dans quelques jours. "
Similitude
IX
78.
1.
Quand j'eus écrit les préceptes et les paraboles du Pasteur, l'ange de la pénitence,
il vint à moi et me dit : " Je veux te montrer tout ce que t'a montré
l'Esprit-Saint qui t'a parlé sous la forme de l'Église. Car cet Esprit est
le fils de Dieu. 2. Aussi longtemps que tu étais trop faible par la chair,
rien ne te fut montré par l'intermédiaire d'un ange ; mais quand tu fus
affermi grâce à l'Esprit et que tu eus par toi-même la force de soutenir la
vue d'un ange, alors te fut montrée par l'intermédiaire de l'Église la
construction de la tour. Dans de bonnes et saintes dispositions, tu as pu tout
voir, comme de la part d'une vierge. Maintenant, tu vois grâce à un ange,
mais inspiré par le même Esprit. 3. Il faut que par moi tu apprennes tout
d'une façon plus précise. L'ange glorieux m'a donné mission d'habiter ta
demeure, pour que tu voies tout de sang-froid, et non plus avec appréhension
comme auparavant. 4. Et il m'emporta en Arcadie, sur une montagne arrondie ;
il me fit asseoir au sommet de la montagne et il me montra une grande plaine,
et autour de la plaine, douze montagnes, toutes d'aspect différent. 5. La
première était noire comme suie ; la seconde, sèche, sans herbes ; la
troisième, pleine de chardons et d'épines ; 6. la quatrième, avec des
herbes à demi desséchées, vertes au sommet, sèches près des racines ;
certaines herbes, lorsque le soleil luisait, se desséchaient. 7. La cinquième
montagne était fort rocailleuse, mais avait des herbes vertes ; la sixième
montagne était remplie de crevasses, les unes petites, les autres grandes ;
les crevasses avaient des herbes, mais ces herbes n'étaient pas fort
florissantes : elles paraissaient plutôt flétries. 8. La septième montagne
avait des herbes riantes et tout entière elle était exubérante ; toutes les
espèces de troupeaux et d'oiseaux se nourrissaient sur cette montagne et plus
les troupeaux et les oiseaux y mangeaient, plus les herbes de cette montagne
poussaient. La huitième était pleine de sources et toutes les espèces de la
création du Seigneur venaient boire aux sources de cette montagne. 9. La
neuvième n'avait pas du tout d'eau et était toute déserte. Il y avait là
des bêtes sauvages et des reptiles qui provoquent mort d'hommes. La dixième
montagne avait de très grands arbres et était toute ombragée ; sous ces
ombrages étaient couchées beaucoup de brebis qui se reposaient et
ruminaient. 10. La onzième montagne était couverte d'arbres, et ces arbres
fruitiers étaient parés de fruits de toute espèce, pour qu'à les voir on désirât
en manger. La douzième montagne était toute blanche ; son aspect était très
riant, et en elle-même la montagne était très belle.
79.
1.
Au milieu de la plaine, il me montra un grand rocher blanc qui s'y dressait.
Il était plus haut que les montagnes et carré, de façon à contenir le
monde entier. 2. Ce rocher était ancien, une porte y était creusée, mais
cette porte paraissait avoir été creusée récemment. Elle resplendissait
plus que le soleil : je m'étonnais de son éclat. 3. Autour de la porte se
tenaient douze vierges. Les quatre qui se tenaient aux angles me paraissaient
plus glorieuses, mais les autres l'étaient aussi. Aux quatre côtés de la
porte, à mi-distance des quatre premières, se tenaient deux par deux les
(autres) vierges. 4. Elles étaient revêtues de tuniques de lin, avec une
charmante ceinture et laissaient sortir l'épaule droite, comme si elles se préparaient
à porter un fardeau. Elles étaient ainsi toutes prêtes, pleines de joie et
d'entrain. 5. A cette vue, je m'étonnais en moi-même de voir des choses
aussi grandes et glorieuses ; et puis, je me demandais pourquoi ces vierges si
délicates se campaient là d'une façon aussi virile, comme pour soutenir le
ciel tout entier. 6. Le Pasteur me dit : " Pourquoi réfléchir ainsi en
toi-même, t'embarrasser et te faire du chagrin ? Ce que tu ne peux
comprendre, aie l'intelligence de ne pas t'y essayer ; demande plutôt au
Seigneur de te donner assez d'intelligence pour comprendre ces choses. 7. Ce
qui est derrière toi, tu ne peux le voir ; ce qui est en face de toi, tu le
vois ; ce que donc tu ne peux voir, ne t'en tourmente pas ; ce que tu vois,
essaie d'en venir à bout, sans t'occuper inutilement d'autre chose. je
t'expliquerai tout ce que je te montrerai. Regarde donc le reste. "
80.
1.
Je vis alors que six hommes étaient arrivés, de grande taille, glorieux et
semblables d'aspect. Et ils appelèrent une foule d'hommes. Et ces nouveaux
venus étaient de grande taille, très beaux et forts. Et les six hommes leur
firent construire une tour sur le rocher. Les hommes qui étaient venus
construire la tour firent alors un grand tumulte en courant tout autour de la
porte. 2. Et les vierges qui se tenaient autour de la porte dirent aux hommes
de hâter la construction de la tour ; elles tendaient les mains comme pour
recevoir d'eux quelque charge. 3. Les six hommes ordonnèrent à des pierres
de sortir d'un abîme et de venir pour la construction de la tour, et dix
pierres montèrent, carrées, brillantes, non taillées. 4. Les six hommes
appelèrent les vierges et leur dirent de se charger de toutes les pierres qui
viendraient pour la construction de la tour, de passer par la porte et de les
remettre aux hommes qui allaient construire. 5. Et les vierges se chargèrent
mutuellement des dix premières pierres montées de l'abîme et ensemble les
portèrent l'une après l'autre.
81.
1.
Elles portaient les pierres dans l'ordre même où elles se tenaient autour de
la porte : les vierges qui paraissaient vigoureuses se plaçaient sous les
angles de la pierre ; les autres, sous les côtés ; elles portaient ainsi
toutes les pierres, en passant par la porte, selon l'ordre reçu, et les
remettaient aux hommes dans la tour. Et eux, avec les pierres, bâtissaient.
2. La tour se construisait sur le grand rocher et au-dessus de la porte. Ces
dix pierres furent donc ajustées et couvrirent tout le rocher et devinrent
ainsi le fondement de la construction de la tour. Le rocher et la porte
supportaient toute la tour. 3. Après les dix pierres, vingt-cinq autres montèrent
de l'abîme. Elles aussi furent ajustées à la construction, portées par les
vierges comme les précédentes. Après celles-là montèrent trente-cinq
pierres et elles furent de même ajustées à la tour. Après celles-là,
quarante autres montèrent et toutes celles-ci furent aussi employées à la
construction de la tour. Il y eut donc quatre assises dans les fondations de
la tour. 4. Et il n'en monta plus du fond de l'eau et les constructeurs eurent
quelque répit. Puis les six hommes ordonnèrent à la foule innombrable
d'apporter des pierres des montagnes, pour la construction de la tour. 5.
Elles étaient apportées de toutes les montagnes, de couleurs variées, taillées
par les hommes et étaient remises aux vierges. Elles les transportaient par
la porte et les remettaient pour la construction de la tour, et quand ces
pierres de couleurs différentes étaient mises dans la construction, elles
devenaient semblablement blanches en changeant leurs couleurs précédentes.
6. Certaines pierres étaient remises par les hommes pour la construction,
mais elles ne devenaient pas brillantes : elles restaient telles qu'on les
avait posées, car elles n'avaient pas été remises par les vierges ni passées
par la porte. Ces pierres donc ne convenaient pas à la construction de la
tour. 7. Les ayant remarquées, les six hommes ordonnèrent de les enlever et
de les remporter à l'endroit où on les avait prises ; 8. et ils disent aux
hommes qui remportaient ces pierres : " En aucune façon ne remettez
vous-mêmes des pierres aux constructeurs ; déposez-les au pied de la tour
pour que les vierges, les faisant passer par la porte, les remettent au
chantier. Car si, disent-ils, elles ne passent pas la porte dans les mains des
vierges, elles ne peuvent changer de couleur. Ne vous fatiguez donc pas,
disent-ils, inutilement. "
82.
1.
On cessa ce jour-là de bâtir, mais la tour ne fut pas achevée. On devait en
effet reprendre la construction, mais il y eut une pause. Les six hommes
ordonnèrent à tous les constructeurs de se retirer un peu et de se reposer ;
aux vierges, ils ordonnèrent de ne pas s'écarter de la tour, et il me
semblait qu'on les laissait là pour la garder. 2. Quand tous furent partis se
reposer, je dis au Pasteur : " Pourquoi donc, Seigneur, dis-je, la
construction de la tour n'a-t-elle pas été achevée ? - Elle ne peut encore
être achevée, dit-il, si son propriétaire ne vient pas examiner cette
construction pour remplacer les pierres qu'il trouverait pourries ; car c'est
selon sa volonté que la tour est construite. 3. Je voudrais, Seigneur,
dis-je, savoir ce que signifie la construction de la tour et le rocher, la
porte, les montagnes, les vierges et les pierres montées de l'abîme, non
taillées et entrées telles quelles dans la construction, 4. et pourquoi ont
d'abord été posées dans les fondations dix pierres, puis vingt-cinq, puis
trente-cinq, puis quarante ; et ces pierres qui étaient entrées dans la
construction, qui ont ensuite été enlevées et reportées à leur place :
sur tout cela, Seigneur, calmez mon âme, expliquez-moi tout. 5. - Si ta
curiosité n'est pas trouvée vaine, dit-il, tu sauras tour. Dans peu de
jours, nous reviendrons ici et tu verras tout ce qui doit encore se produire
dans cette tour et tu comprendras en détail toutes les paraboles. " 6.
Peu de jours après, nous revînmes à l'endroit où nous nous étions assis
et il me dit : " Allons à la tour, car le propriétaire vient
l'examiner. " Et nous allâmes à la tour et il n'y avait absolument
personne autour d'elle, si ce n'est les seules vierges. 7. Le Pasteur demanda
aux vierges si le propriétaire de la tour était là et elles répondirent
qu'il allait arriver pour examiner la construction.
83.
1.
Et voilà que peu après j'aperçois un cortège nombreux d'hommes qui s'avançaient
; et au milieu, un homme d'une taille telle qu'il dépassait la tour. 2. Et
les six hommes préposés à la construction marchaient avec lui, à sa droite
et à sa gauche et tous ceux qui avaient travaillé à la construction étaient
avec lui et beaucoup d'autres (encore) l'entouraient. Et les vierges qui
gardaient la tour, accourues à sa rencontre, l'embrassèrent et se mirent à
marcher avec lui autour de la construction. 3. Cet homme l'examinait
minutieusement, au point de tâter chaque pierre séparément ; tenant un bâton
à la main, il frappait une à une les pierres de la construction. 4. Et quand
il frappait, certaines d'entre elles s'en trouvaient noires comme suie,
d'autres effritées, d'autres fendillées, d'autres mutilées, d'autres ni
blanches ni noires, d'autres raboteuses, ne s'ajustant plus aux autres
pierres, d'autres toutes tachées. Telle était la diversité des pierres
trouvées hors d'usage pour la construction. 5. Il ordonna de les retirer
toutes de la tour et de les placer auprès, et d'en apporter d'autres pour les
remplacer. 6. Les constructeurs lui demandèrent de quelle montagne il voulait
qu'on apportât les pierres à mettre à la place des autres. Et il leur dit
de les apporter non des montagnes, mais d'une plaine voisines. 7. On creusa la
plaine et on y trouva des pierres brillantes, cubiques, et certaines rondes.
Toutes les pierres qui se trouvaient dans cette plaine furent apportées et
les vierges les passaient par la porte. 8. Les pierres cubiques furent taillées
et mises à la place de celles qu'on avait enlevées ; les rondes ne furent
pas placées dans la construction, car elles étaient dures et la taille ne se
faisait que lentement ; on les mit près de la tour, dans l'idée de les
tailler plus tard et de les placer dans la construction, car elles étaient
fort brillantes.
84.
1.
Après avoir achevé, l'homme glorieux, maître de la tour entière, appela le
Pasteur et lui confia toutes les pierres qui étaient près de la tour et
qu'on avait enlevées de la construction, et il lui dit : 2. " Nettoie
avec soin ces pierres et emploie à la construction de la tour celles qui
peuvent s'ajuster aux autres ; celles qui ne s'y ajustent pas, jette-les loin
de la tour. " 3. Cet ordre donné au Pasteur, il s'en alla, accompagné
de tous ceux avec qui il était venu ; et les vierges restaient toujours
autour de la bâtisse, pour la garder. 4. Je dis au Pasteur : " Comment
ces pierres peuvent-elles rentrer dans la construction, puisqu'elles ont été
rejetées comme indignes ? " Il me dit en réponse : c Vois-tu ces
pierres ? - je les vois, Seigneur, dis-je. - je vais, moi, dit-il, tailler la
plupart d'entre elles et les employer à la construction et elles s'ajusteront
aux autres pierres. 5. - Comment, Seigneur, dis-je, peuvent-elles après avoir
été taillées remplir le même espace ? " Il me dit en réponse :
" Toutes celles qu'on trouvera (trop) petites seront mises à l'intérieur
des murs ; les plus grosses auront place à l'extérieur et soutiendront les
autres. " 6. Sur ce, il ajouta : " Allons-nous-en et revenons dans
deux jours pour nettoyer aux environs de la tour, de peur que le maître ne
survienne à l'improviste, ne trouve l'endroit sale et ne se fâche ; auquel
cas ces pierres n'entreraient pas dans la construction de la tour et moi, je
paraîtrais négligent aux yeux du Maître. " 7. Et deux jours après,
nous revînmes à la tour et il me dit : " Examinons toutes les pierres
et voyons celles qui peuvent entrer dans la construction. Examinons, Seigneur,
lui dis-je. "
85.
1.
Pour commencer, nous examinâmes les pierres noires ; nous les retrouvâmes
telles qu'elles avaient été enlevées de la tour et le Pasteur ordonna de
les éloigner de la tour et de les mettre à part. 2. Ensuite, il examina les
effritées. Il en prit beaucoup et les tailla et dit aux vierges de les
ramasser et de les employer à la construction ; et les vierges les ramassèrent
et allèrent les placer à l'intérieur des murs de la tour. Les autres, il
dit de les mettre avec les noires, car elles se trouvèrent noires aussi. 3.
Ensuite, il examina les fendillées : il en tailla beaucoup et les fit mettre
par les vierges dans la construction ; on en fit l'extérieur des murs, car
elles se trouvèrent plus solides. Les autres, vu le grand nombre de fentes,
ne purent être taillées ; pour ce motif, elles furent exclues de la
construction de la tour. 4. Il examina ensuite les mutilées ; beaucoup
d'entre elles se trouvèrent noires, et certaines avec de grandes fentes. Et
il dit de les mettre avec les écartées. Celles qui restaient, il les
nettoya, les tailla et dit de les placer dans la construction. Les vierges les
ramassèrent et les ajustèrent à l'intérieur des murs, car elles étaient
moins solides. 5. Il examina ensuite celles qui étaient à moitié blanches
et à moitié noires. Beaucoup d'entre elles se trouvèrent noires et il dit
de les mettre avec les pierres écartées ; toutes les autres furent ramassées
par les vierges : comme elles étaient blanches, les vierges elles-mêmes les
ajustèrent à la construction. On en fit l'extérieur des murs, car elles se
trouvèrent assez solides pour pouvoir contenir celles qu'on mettait au milieu
: aucune d'entre elles n'avait été mutilée. 6. Il examina ensuite celles
qui étaient dures et raboteuses et quelques-unes d'entre elles furent rejetées,
car on ne pouvait les tailler : elles se trouvèrent trop dures. Les autres
furent taillées, ramassées par les vierges et ajustées à l'intérieur des
murs de la tour : elles étaient en effet moins solides. 7. Il examina ensuite
celles qui portaient des taches et, parmi elles, très peu se noircirent et
furent rejetées avec les autres ; celles qui restaient se trouvèrent
brillantes et solides et elles furent ajustées par les vierges à la
construction ; on en fit l'extérieur des murs, vu leur résistance.
86.
1.
Il vint ensuite examiner les pierres blanches et rondes et il me dit : "
Que faisons-nous de ces pierres ? Que sais-je, moi, Seigneur, répondis-je ? -
Tu n'as aucune idée à ce sujet ? 2. - Seigneur, dis-je, je ne connais pas ce
métier, je ne suis pas tailleur de pierres et je ne puis avoir aucune idée là-dessus.
- Ne vois-tu pas, dit-il, qu'elles sont toutes rondes et que, si je veux les
faire cubiques, il faudra les tailler énormément ? Or, il faut nécessairement
que certaines d'entre elles entrent dans la construction. 3. - S'il y a nécessité,
Seigneur, dis-je, pourquoi vous tourmenter ? Pourquoi ne pas choisir pour la
construction celles que vous préférez et les y ajuster ? " Il choisit
parmi elles les plus grosses et les plus brillantes, et les tailla. Les
vierges les ramassèrent et les ajustèrent à l'extérieur des murs. 4. Les
autres qui étaient en trop furent ramassées et entreposées dans la plaine
d'où on les avait apportées, mais on ne les jeta pas au rebut : " Parce
que, dit-il, il reste encore un peu de la tour à construire, et le maître
veut absolument que ces pierres soient ajustées à la construction, parce
qu'elles sont fort brillantes. " 5. Il appela douze femmes d'une très
grande beauté, vêtues de noir, avec une ceinture, les épaules dégagées,
les cheveux déroulés. Ces femmes me parurent sauvages et le Pasteur leur dit
de ramasser les pierres rejetées de la construction et de les remporter dans
les montagnes d'où on les avait fait venir. 6. Elles les ramassèrent avec
joie, les remportèrent toutes et les remirent là où on les avait prises.
Quand toutes ces pierres eurent été enlevées, qu'il n'en restait plus une
autour de la construction, le Pasteur me dit : " Faisons le tour de l'édifice
et voyons s'il n'a pas quelque défaut. " Et je fis le tour avec lui. 7.
Voyant la tour bien faite, le Pasteur était fort content de la construction,
car la tour était bâtie comme d'une seule pierre, sans le moindre joint. Et
la pierre paraissait avoir été dégagée du rocher, car elle faisait l'effet
d'un monolithe.
87.
1.
Me promenant avec lui, j'étais content de voir des choses aussi édifiantes.
Et le Pasteur me dit : " Va me chercher de la chaux et des petits
tessons, pour égaliser les pierres ramassées et employées à la
construction. Car il faut que tout le pourtour de l'édifice soit égalisé ;
2. Je fis comme il l'ordonnait et lui apportait (le tout). " Aide-moi,
dit-il, et l'ouvrage sera vite achevé. " Il égalisa donc les pierres
entrées dans la construction, puis il dit de balayer et de nettoyer les
alentours de l'édifice. 3. Les vierges prirent des balais, enlevèrent de la
tour tous les déchets, nettoyèrent à l'eau, et l'emplacement de la tour
devint riant et très gracieux. 4. Le Pasteur me dit : " Tout a été lavé
; si le maître vient examiner la tour, il n'aura rien à nous reprocher. Sur
ces mots, il voulait se retirer. 5. Mais moi, je le saisis par sa besace et je
me mis à le conjurer, au nom du Seigneur, de m'expliquer ce qu'il m'avait
montré. Il me dit : " J'ai encore quelques occupations, mais ensuite, je
t'expliquerai tout. Attends-moi ici jusqu'à ce que je revienne ! 6. Je lui
dis : " Seigneur, que ferai-je ici tout seul ? - Tu n'es pas seul,
dit-il. Ces vierges sont avec toi. Confie-moi donc à elles, dis-je. " Le
Pasteur les appelle et leur dit : " je vous confie cet homme jusqu'à ce
que je revienne. " Et il s'en alla. 7. Moi, je restai seul avec les
vierges. Elles étaient très contentes et avaient pour moi beaucoup
d'attentions, surtout les quatre principales d'entre elles.
88.
1.
Les vierges me disent : " Le Pasteur ne revient plus ici aujourd'hui. -
Que vais-je donc faire ? répondis-je. - Attends-le jusqu'à ce soir,
disent-elles ; s'il vient, il te parlera ; s'il ne vient pas, tu resteras ici
avec nous jusqu'à ce qu'il revienne. " 2. Je leur dis : " Je
l'attendrai jusqu'à ce soir et s'il ne revient pas, je retournerai chez moi
et reviendrai demain matin. " Elles me répondent : " Tu nous as été
confié ; tu ne peux t'éloigner de nous. 8. - Où dont faut-il que je reste ?
répliquai-je. - Tu dormiras avec nous, disent-elles, comme un frère, et non
comme un mari. Car tu es notre frère et désormais nous devons habiter avec
toi, car nous t'aimons beaucoup. " Moi, je rougissais de rester avec
elles, 4. et celle qui me semblait être la première d'entre elles se mit à
me donner des baisers et à m'embrasser ; et les autres, la voyant
m'embrasser, se mirent aussi à me donner des baisers, à m'entraîner tout
autour de l'édifice et à jouer avec moi. 5. Et moi, comme si j'étais tout
rajeuni, je me mis aussi à jouer avec elles ; et les unes faisaient des
choeurs, d'autres dansaient, d'autres chantaient. Moi, en silence, je me
promenais avec elles autour de l'édifice et avec elles, j'étais joyeux. 6.
Le soir venu, je voulus me retirer chez moi ; elles ne le permirent pas, mais
me retinrent; je restai avec elles la nuit et je dormis près de la tour. 7.
Car les vierges avaient étendu à terre leurs tuniques de lin et m'avaient
fait me coucher au milieu d'elles. Et elles ne firent rien du tout, que prier.
Et moi avec elles et non moins qu'elles, je priais sans cesse et les vierges
se réjouissaient de me voir ainsi prier. Je restai là jusqu'au lendemain à
la deuxième heure avec les vierges. 8. Ensuite arriva le Pasteur et il leur
dit : " Vous ne lui avez fait aucune violence ? - Demandez-lui,
disent-elles. Je lui réponds : " Seigneur, j'ai eu grande joie à rester
avec elles. - De quoi as-tu dîné? dit-il. - J'ai dîné, Seigneur, dis-je,
des paroles du Seigneur, toute la nuit. Elles t'ont bien accueilli ? - Oui,
Seigneur, dis-je. 9. - Et maintenant, dit-il, que veux-tu que je t'explique
d'abord ? - Comme vous m'avez montré depuis le début, Seigneur, dis-je : je
vous demande, Seigneur, de m'expliquer au fur et à mesure de mes questions. -
Je t'expliquerai, dit-il, comme tu le veux et je ne te cacherai rien du tout.
"
89.
1.
" Avant tout, Seigneur, dis-je, expliquez-moi ceci : que représentent le
rocher et la porte ? - Ce rocher, dit-il, et la porte, c'est le Fils de Dieu.
- Comment se fait-il, Seigneur, dis-je, que le rocher est ancien et la porte récente
? - Écoute et comprends, dit-il, homme borné. 2. Le Fils de Dieu est né
avant la création tout entière, si bien qu'il a été le conseiller de son Père
pour la création (Pr 8, 27-30) ; voilà pourquoi le rocher est ancien. - Et
la porte, pourquoi est-elle neuve, Seigneur, dis-je ? 3. - Parce que, dit-il,
c'est aux derniers jours de l'accomplissement qu'il s'est manifesté ; et la
porte a été faite récemment pour que ceux qui doivent être sauvés entrent
par elle dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5 ; cf. Mc 9, 47 ; etc.). 4. As-tu vu,
dit-il, que les pierres qui avaient passé par la porte étaient utilisées
dans la construction de la tour, et que celles qui n'y passaient pas étaient
rejetées à leur ancienne place ? - Je l'ai vu, Seigneur, dis-je. - De même,
dit-il, personne ne rentrera dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5), s'il n'a pas
pris son saint nom. 5. Car si tu veux entrer dans une ville et que cette ville
soit tout entourée de remparts et n'ait qu'une porte, peux-tu entrer dans
cette ville autrement que par la seule porte qu'elle ait ? - Comment donc,
Seigneur, dis-je, cela pourrait-il se faire autrement ? - Si tu ne peux y
entrer que par la seule porte qu'elle ait, dit-il, de même un homme ne peut
entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5) que par le nom de son fils bien-aimé.
6. Tu as vu, dit-il, la foule qui bâtissait la tour ? - Je l'ai vue,
Seigneur, dis-je. - Tous ceux-là, dit-il sont des anges glorieux. C'est par
eux que le Fils de Dieu a été entouré d'un rempart et la porte, c'est le
Fils de Dieu. C'est la seule entrée qui conduise au Seigneur. Personne donc
ne s'introduira auprès de lui si ce n'est par son Fils (Jn 14, 6). 7. As-tu
vu, dit-il, les six hommes et au milieu d'eux un autre homme glorieux, de
grande taille, qui faisait le tour de l'édifice ? et qui a rejeté de la
construction comme indignes les pierres (que tu sais) ? - Je les ai vus,
Seigneur, dis-je. 8. - L'homme glorieux, dit-il, c'est le Fils de Dieu et les
six autres sont les anges glorieux qui l'escortent à sa droite et à sa
gauche. Aucun de ces anges glorieux, dit-il, ne s'introduira sans lui auprès
de Dieu. Quiconque n'aura pas reçu son nom n'entrera pas dans le royaume de
Dieu " (Jn 3, 5).
90.
1.
" Et la tour, dis-je, que symbolise-t-elle ? - Cette tour, dit-il, c'est
l'Église. 2. - Et ces vierges, qui sont-elles ? - Ce sont des esprits saints,
dit-il. Et il n'est possible à un homme d'entrer dans le royaume de Dieu que
si ces vierges l'ont revêtu de leur propre vêtement. Car si tu ne prends que
le nom sans prendre le vêtement, cela ne te servira de rien, car ces vierges
sont les puissances du Fils de Dieu. Si tu portes le nom sans revêtir sa
puissance, c'est en vain que tu seras porteur du nom. 3. Les pierres que tu as
vues rejetées, ce sont les gens qui portaient le nom sans être revêtus du vêtement
des vierges. - Quel est, Seigneur, dis-je, leur vêtement ? - Leur nom même,
dit-il, est leur vêtement Celui qui porte le nom du Fils de Dieu doit porter
aussi leurs noms, car le Fils lui-même porte le nom de ces vierges. 4. Toutes
les pierres que tu as vues entrer dans la construction de la tour, apportées
par leurs mains, et y rester, ce sont les gens revêtus de la puissance de ces
vierges. 5. C'est pourquoi tu vois la tour ne faire qu'une pierre avec le
rocher : de même, ceux qui ont cru au Seigneur par son Fils (cf. Jn 1, 7) et
sont revêtus de ces esprits, formeront un seul esprit, un seul corps (Ep 4,
4) et leurs vêtements n'auront qu'une couleur. De telles gens qui portent le
nom des vierges ont leur demeure dans la tour. 6. - Et les pierres qui ont été
rejetées, Seigneur, dis-je, pourquoi l'ont-elles été ? Elles avaient
pourtant passé par la porte et avaient été placées dans la construction de
la tour par les mains des vierges. - Puisque tu t'occupes de tout et
recherches la minutie, écoute, voici ce qui concerne les pierres rejetées.
7. Tous ces gens, dit-il, ont pris le nom du Fils de Dieu et aussi la
puissance des vierges. Accueillant ces esprits, ils en furent affermis et se
trouvaient parmi les serviteurs de Dieu; ils n'avaient qu'un seul esprit, un
seul corps (Ep 4, 4) et un seul vêtement; ils pensaient de même et
pratiquaient la justice (2 Co 13, 11; Ph 2, 2 ; Ps. 14, 2 ; Ac 10, 35 ; He 11,
33). 8. Mais après un certain temps, ils furent séduits par les femmes que
tu as vues revêtues de noir, les épaules dégagées, les cheveux déroulés...
et belles ! Les voyant, ils les désirèrent et se revêtirent de leur
puissance, et rejetèrent le vêtement et la puissance des vierges. 9. Ceux-là
ont été rejetés de la maison de Dieu et leur furent confiés. Ceux qui ne
se sont pas laissés tromper par la beauté de ces femmes, sont restés dans
la maison de Dieu. Voilà, dit-il, l'explication des pierres rejetées. "
91.
1.
" Eh quoi ! Seigneur, dis-je, si ces hommes, même tels, font pénitence
et rejettent le désir de ces femmes et reviennent aux vierges et marchent
selon leur puissance et selon leurs oeuvres, n'entreront-ils pas dans la
maison de Dieu ? 2. - Ils entreront, répondit-il, s'ils renoncent aux oeuvres
de ces femmes, recouvrent la vertu des vierges et marchent dans leurs oeuvres.
Et précisément une pause est intervenue dans la construction pour qu'ils
puissent, en cas de repentir, rentrer dans la construction de la tour. Mais
s'ils ne font pas pénitence, d'autres entreront et eux seront définitivement
rejetés. " 3. Là-dessus, je rendis grâces au Seigneur d'avoir eu pitié
de tous ceux qui s'appellent selon son nom (Is 43, 7) et de nous avoir envoyé
l'ange de la pénitence, à nous qui avions péché à son égard, d'avoir
renouvelé notre esprit et renouvelé notre vie alors que nous étions déjà
corrompus et sans espoir de vivre. 4. " À présent, Seigneur, dis-je,
montrez-moi pourquoi la tour n'a pas été construite à terre, mais sur le
rocher et sur la porte. - Tu es de nouveau, dit-il, stupide et insensé ? -
C'est une nécessité, Seigneur, dis-je, de tout vous demander, car je n'y
puis absolument rien comprendre : ce sont pour les hommes des choses
imposantes, glorieuses, et difficiles à saisir. 5. - Écoute, dit-il. Le nom
du Fils de Dieu est grand, immense, et il soutient le monde entier. Si donc
toute la création est soutenue par le Fils de Dieu, que penses-tu de ceux
qu'il appelle, qui portent le nom du Fils de Dieu et marchent selon ses préceptes
? 6. Vois-tu maintenant ceux qu'il soutient ? Ce sont ceux qui du fond du
coeur portent son nom. Il s'est fait lui-même leur assise et c'est une joie
pour lui de les soutenir, puisqu'ils n'ont pas honte de porter son nom. "
92.
1.
" Dites-moi, Seigneur, dis-je, le nom des vierges et des femmes vêtues
de noir. - Écoute, dit-il, le nom des vierges les plus fortes, celles qui se
tenaient aux angles. 2. La première, c'est la Foi, la seconde, la Tempérance,
la troisième, la Force, la quatrième, la Patience ; les autres, placées
entre les premières, ont comme nom : Simplicité, Innocence, Sainteté, Gaieté,
Vérité, Intelligence, Concorde, Charité. Celui qui porte ces noms et celui
du Fils de Dieu pourra entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5). 3. Écoute
aussi, dit-il, le nom des femmes vêtues de noir ; quatre d'entre elles sont
les plus fortes : la première, Incrédulité, la seconde, Intempérance, la
troisième, Désobéissance, la quatrième, Tromperie. Leurs suivantes
s'appellent : Tristesse, Méchanceté, Débauche, Colère, Fausseté, Démence,
Médisance, Haine. Le serviteur de Dieu qui porte ces noms verra le royaume de
Dieu, mais n'y entrera pas. 4. - Et les pierres, Seigneur, dis-je, sorties de
l'abîme et ajustées à la construction, qui sont-elles ? - Les dix premières
dit-il, posées dans les fondations, c'est la première génération ; les
vingt-cinq (suivantes) sont la seconde génération d'hommes justes ; les
trente-cinq (suivantes) sont les prophètes de Dieu et ses serviteurs et les
quarante sont les Apôtres, les docteurs qui ont proclamé la doctrine du Fils
de Dieu. 5. - Et pourquoi, Seigneur, dis-je, les vierges ont-elles fait passer
ces pierres par la porte pour les livrer aux constructeurs de la tour ? 6. -
Parce que ce furent les premiers à porter ces esprits et ils ne s'écartèrent
pas du tout les uns des autres, ni les esprits, des hommes, ni les hommes, des
esprits : ceux-ci restèrent avec eux jusqu'à leur mort et si ces hommes
n'avaient pas eu ces esprits avec eux, ils n'auraient pas été utilisables
pour la construction de la tour. "
93.
1.
" Expliquez-moi encore, Seigneur, dis-je. - Que cherches-tu encore ?
dit-il. - Pourquoi, Seigneur, dis-je, les pierres ont-elles dû monter du fond
de l'eau pour être placées dans la construction de la tour, tout en portant
ces esprits ? 2. - Il leur fallait sortir de l'eau, dit-il pour recevoir la
vie : elles ne pouvaient entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5) autrement
qu'en rejetant la mort qu'était leur vie antérieure. 3. Ces morts reçurent
donc eux aussi le sceau du Fils de Dieu et entrèrent dans le royaume de Dieu
(Jn 3, 5). Avant de porter le nom du Fils de Dieu, dit-il, l'homme est mort ;
et lorsqu'il reçoit le sceau, il rejette la mort et reçoit la vie. 4. Et le
sceau, c'est l'eau : ils descendent donc dans l'eau en étant morts et ils en
sortent vivants. A eux aussi donc fut annoncé ce sceau et ils en usèrent
pour entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5). 5. - Pourquoi, Seigneur,
dis-je, les quarante pierres sont-elles montées aussi avec elles de l'abîme,
tout en ayant déjà reçu le sceau ? - Parce que, dit-il, ces Apôtres et ces
docteurs qui ont prêché le nom du Fils de Dieu, après être morts dans la
vertu et la foi du Fils de Dieu, l'ont prêché aussi à ceux qui étaient
morts avant eux et leur ont donné le sceau qu'ils annonçaient. 6. Avec eux
donc, ils sont descendus dans l'eau et ensuite en sont sortis. Mais c'est
vivants qu'ils sont descendus pour ensuite remonter vivants, alors que ceux
qui étaient morts avant eux sont descendus morts et sont remontés vivants.
7. C'est grâce à eux que ces derniers ont reçu la vie et connu le nom du
Fils de Dieu. C'est pourquoi ils sont remontés avec eux et ont été ajustés
à la construction de la tour, y prenant place sans être taillés ; car ils
étaient morts dans la justice et dans une grande pureté : il ne leur
manquait que ce sceau. Tu as maintenant l'explication de ces faits. - Oui,
Seigneur, dis-je.
94.
"
1. Maintenant, Seigneur, expliquez-moi ce qui concerne les montagnes. Pourquoi
leur aspect est-il si différent et bigarré ? - Écoute, dit-il. Ces douze
montagnes sont les douze tribus qui se partagent le monde entier ; le Fils de
Dieu leur fut annoncé par les Apôtres. 2. - Mais pourquoi cet aspect si différent
et bigarré ? Expliquez-moi, Seigneur. - Écoute, dit-il. Ces douze tribus qui
se partagent le monde entier forment douze nations. Elles sont diverses par
les sentiments et l'esprit. Telles ces montagnes bigarrées que tu as vues,
telle aussi la bigarrure de sentiment et d'esprit de ces nations. Mais je vais
te montrer la conduite de chacune en particulier. 3. - Tout d'abord, Seigneur,
dis-je, expliquez-moi comment il se fait que les pierres de ces montagnes
pourtant bigarrées, une fois placées dans la construction, devinrent
brillantes et de la même couleur blanche, comme les pierres qui sont montées
du fond de l'eau. 4. - C'est parce que toutes les nations, dit-il, qui
habitent sous le ciel, après avoir entendu (l'annonce) et avoir cru, ont pris
le nom du Fils de Dieu. Et après avoir reçu le sceau, ces gens n'eurent plus
qu'un même sentiment et un même esprit (Ep 4, 4), une même foi et une même
charité, et avec le nom, ils ont porté les esprits des vierges. Voilà
pourquoi la tour a pris une même couleur éclatante, comme le soleil. 5. Mais
après être entrés dans le même lieu et avoir formé un seul corps,
certains d'entre eux se sont souillés et ils ont été rejetés du peuple des
justes et ils sont redevenus tels qu'ils étaient auparavant et même plutôt
pires. "
95.
1.
" Comment, Seigneur, dis-je, ont-ils pu devenir pires après avoir connu
Dieu ? - Celui, dit-il, qui ne connaît pas Dieu et fait le mal, mérite (déjà)
une certaine punition pour sa méchanceté ; mais celui qui connaît Dieu ne
doit plus faire le mal, mais le bien. 2. Si donc celui qui doit faire le bien
fait le mal, ne semble-t-il pas avoir plus de méchanceté que celui qui ne
connaît pas Dieu ? C'est pourquoi ceux qui ne connaissent pas Dieu et font le
mal sont condamnés à mort, alors que ceux qui connaissent Dieu, qui ont vu
sa grandeur et (malgré cela) font encore le mal seront doublement châtiés
et mourront pour l'éternité. Et c'est ainsi que sera purifiée l'Église de
Dieu. 3. Tu as vu ces pierres enlevées de la tour, livrées aux esprits
mauvais et écartées de là : ceux qui auront été purifiés formeront un
seul corps. La tour, après purification, semblait être d'une seule pierre,
ainsi sera aussi l'Église de Dieu, une fois purifiée et débarrassée des méchants,
des hypocrites, des blasphémateurs, des indécis, des pécheurs de toutes
sortes. 4. Après leur exclusion, l'Église de Dieu sera un seul corps, un
sentiment, un seul esprit, une seule foi, une seule charité. Alors le Fils de
Dieu sera content et il se réjouira au milieu d'eux d'avoir retrouvé son
peuple pur. - Tout cela, Seigneur, dis-je, est grand et admirable. 5. Mais
montrez-moi encore, Seigneur, dis-je, la qualité et la conduite de chaque
montagne, pour que chaque âme fidèle au Seigneur célèbre son nom grand,
admirable (Ps 9, 2 ; 86, 9 ; 99, 3) et glorieux. - Voici, dit-il, la diversité
des montagnes et des douze nations.
96.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la première montagne, la noire :
des apostats, des gens qui ont blasphémé contre le Seigneur et ont trahi les
serviteurs de Dieu. Pour ceux-là, point de pénitence, mais la mort : c'est
pourquoi ils sont noirs, car c'est une engeance sans loi. 2. Voici ce que sont
les croyants venus de la deuxième montagne, celle qui est rase : ce sont des
hypocrites et des docteurs du vice. Ils sont semblables aux précédents : ils
n'ont aucun fruit de justice (Ph 1, 11 ; He 12, 11 ; Jc 3, 8). Leur montagne
est sans fruits : de même, les gens de cette espèce ont le nom, mais ils
sont vides de foi et il n'y a en eux aucun fruit de vérité. Pour eux la pénitence
est possible, s'ils se repentent vite ; mais s'ils tardent, pour eux comme
pour les précédents, ce sera la mort. 3. - Pourquoi donc, Seigneur, dis-je,
la pénitence est-elle possible pour eux, alors qu'elle ne l'est pas pour les
premiers ? Leur conduite est pourtant à peu près la même ! - La pénitence
leur reste possible, dit-il, parce qu'ils n'ont pas blasphémé contre leur
Seigneur et qu'ils n'ont pas trahi les serviteurs de Dieu. C'est le désir du
gain qui les a faits hypocrites et chacun a enseigné de façon à flatter les
désirs des pécheurs. Ils en seront punis, mais la pénitence leur reste
possible parce qu'ils n'ont été ni blasphémateurs, ni traîtres.
97.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la troisième montagne, celle qui a
des chardons et des épines. Parmi eux, les uns sont riches, les autres,
enfoncés dans d'innombrables affaires. Les épines symbolisent les riches,
les chardons, ceux qui sont enfoncés dans des affaires multiples (cf. Mt 13,
22 ; Mc 4, 18-19). 2. Ces derniers, enfoncés dans leurs multiples affaires de
tout genre, ne s'attachent pas aux serviteurs de Dieu : ils errent à
l'aventure, étouffés par leurs affaires. Les riches, eux, s'attachent
difficilement aux serviteurs de Dieu, par peur d'être sollicités. De telles
gens entreront difficilement dans le royaume de Dieu (Mc 10, 23). 3. Il est
difficile de marcher pieds nus dans les chardons : de même il est difficile
à de telles gens d'entrer dans le royaume de Dieu (Mc 10, 23.). 4. Il leur
reste à tous la possibilité de faire pénitence, à condition de faire vite,
pour revenir de ces jours-ci sur ce qu'ils n'ont pas accompli précédemment
et faire quelque bien. Si donc ils se repentent et font quelque bien, ils
vivront pour Dieu ; mais s'ils s'obstinent dans leurs oeuvres, ils seront livrés
à ces femmes qui les feront mourir.
98.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la quatrième montagne, toute
couverte d'herbes, vertes au sommet, séchées près de la racine et certaines
desséchées par le soleil : ce sont des indécis ; ils ont le Seigneur sur
les lèvres sans l'avoir dans le coeur. 2. C'est pourquoi leur base est desséchée
et sans force ; seules les paroles sont vivantes, mais leurs oeuvres sont
mortes. De telles gens ne vivent ni ne sont morts ; ils sont semblables aux
indécis, qui ne sont non plus ni verts ni secs ; car ils ne vivent ni ne sont
morts. 3. Ces herbes, de voir le soleil se dessèchent ; de même, les indécis,
dès qu'ils entendent parler de persécution, sacrifient par lâcheté aux
idoles et rougissent du nom de leur Seigneur. 4. De telles gens ne vivent ni
ne sont morts. Mais eux aussi, s'ils font vite pénitence, pourront vivre ; et
s'ils ne font pas pénitence, ils sont déjà livrés aux femmes qui leur enlèvent
la vie.
99.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la cinquième montagne, verdoyante
et raboteuse : ils sont fidèles, mais indociles, arrogants, infatués d'eux-mêmes
: voulant tout savoir, ils ne savent rien du tout ; 2. à cause de cette
arrogance, l'intelligence s'est éloignée d'eux et la démence, la folie est
entrée en eux. Ils se vantent d'avoir l'intelligence et ils ont la prétention
d'être docteurs, pauvres fous ! 3. De par cet orgueil, beaucoup de gens qui
voulaient s'élever sont tombés. Car c'est un grand démon que la suffisance
et la vanité. Beaucoup d'entre eux ont donc été rejetés ; certains ont
fait pénitence, ont cru (de nouveau) et, reconnaissant leur propre folie, se
sont soumis à ceux qui ont l'intelligence. 4. Mais les autres aussi peuvent
encore faire pénitence, car ils n'étaient pas mauvais, plutôt sots et
insensés. Si donc ils font pénitence, ils vivront pour Dieu ; et s'ils ne se
repentent pas, ils habiteront avec les femmes qui leur ont fait (tant) de mal.
100.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la sixième montagne, celle qui a
des crevasses grandes et petites et des herbes flétries dans ces crevasses :
2. ceux qui ont de petites crevasses, ce sont ceux qui se gardent rancune
mutuellement et, de par leurs médisances réciproques, ils sont flétris dans
la foi. Mais beaucoup d'entre eux ont fait pénitence. Et les autres se
repentiront quand ils entendront mes préceptes ; car leurs médisances ne
sont pas graves et ils se repentiront vite. 3. Ceux qui ont de grandes
crevasses s'obstinent dans la médisance, deviennent rancuniers et ne décolèrent
plus les uns contre les autres. Ceux-là donc ont été rejetés loin de la
tour et jugés indignes de la construction. De telles gens vivront
difficilement. 4. Si Dieu notre Seigneur qui domine tout et tient sous son
pouvoir toute la création ne garde pas de ressentiment à l'égard de ceux
qui avouent leurs péchés, s'il leur devient propice, un homme mortel et
plein de péchés pourra-t-il garder rancune à un homme, comme s'il avait le
pouvoir de le perdre ou de le sauver (Jc 4, 12) ? 5. je vous le dis, moi,
l'ange de la pénitence : vous tous qui avez ce penchant, supprimez-le et
faites pénitence, et le Seigneur guérira vos péchés précédents, si vous
vous purifiez de ce démon ; sinon, vous lui serez livrés pour la mort.
101.
"
1. La septième montagne où les herbes étaient vertes et riantes était tout
entière florissante et toutes sortes de troupeaux et d'oiseaux se
nourrissaient des herbes de cette montagne et ces herbes, à peine coupées,
repoussaient plus abondamment ; voici ce que sont les croyants venus de là :
2. ils ont toujours été simples, innocents, bienheureux, sans ressentiment
les uns contre les autres, toujours satisfaits des serviteurs de Dieu, revêtus
de l'esprit saint de ces vierges, toujours pleins de compassion pour tout
homme et à force de peines, ils ont pu secourir tout le monde, sans hauteur
et sans hésitation. 3. Et le Seigneur, voyant leur simplicité et leur
candeur, les a comblés dans le travail de leurs mains et les a remplis de grâces
pour toutes leurs entreprises. 4. Je vous dis, à vous qui êtes tels, moi,
l'ange de la pénitence : restez tels et votre postérité ne sera pas effacée
à jamais. Car le Seigneur vous a éprouvés et vous a inscrits au nombre des
nôtres, et toute votre postérité habitera avec le Fils de Dieu ; car vous
avez eu part à son Esprit.
102.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la huitième montagne, remplie de
sources où venaient s'abreuver toute la création du Seigneur : 2. ce sont
les Apôtres et les docteurs qui ont prêché dans le monde entier et qui ont
enseigné en toute pureté et sainteté la parole du Seigneur : ils ne se sont
jamais égarés par passion mauvaise, mais ont toujours marché dans la
justice et la vérité, selon l'Esprit-Saint qu'ils avaient reçu. La place de
tels hommes est à côté des anges.
103.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la neuvième montagne, pleine de
reptiles et de fauves qui causent mort d'homme. 2. Ceux qui ont des taches
sont des diacres qui ont mal agi dans leur ministère, qui ont dérobé la
subsistance des veuves et des orphelins et qui se sont enrichis des ressources
qu'ils avaient reçues pour secourir ; s'ils s'obstinent dans cette passion,
ils sont déjà morts et n'ont plus aucun espoir de vivre. Mais cils se
convertissent et achèvent saintement leur ministère, ils pourront vivre. 3.
Ceux qui ont la gale, ce sont ceux qui ont renié le Seigneur et ne sont pas
revenus à lui, mais pareils à des terres en friche et désertes, ils ne
s'attachent plus aux serviteurs de Dieu : ils vivent isolés et perdent leur
âme (Mt 10, 39 ; Lc 9, 24 ; 17, 33 ; Jn 12, 25). 4. Une vigne abandonnée
dans une haie se flétrit faute de soins ; les mauvaises herbes l'étouffent ;
elle redevient sauvage avec le temps et n'a plus de valeur pour son maître :
de même, de telles gens, s'abandonnant eux-mêmes, deviennent sauvages et
perdent toute utilité aux yeux du Seigneur. 5. Ceux-là peuvent encore faire
pénitence, si ce n'est pas du fond du coeur qu'ils ont renié le Seigneur ;
mais si quelqu'un l'a renié du fond du coeur, je ne sais s'il peut vivre. 6.
Et ce que je dis ne vaut pas pour les jours qui viennent : il n'est pas
question qu'après avoir renié on fasse désormais encore pénitence. Car il
est impossible que soit sauvé celui qui devrait encore renier son Seigneur.
C'est pour ceux qui l'ont renié dans le passé qu'il semble y avoir
possibilité de faire pénitence. Si donc quelqu'un veut faire pénitence,
qu'il fasse vite, avant que la tour ne soit achevée. Sinon, il sera mis à
mort par les femmes. 7. Et les mutilés, ce sont les fourbes et les médisants
; et les serpents que tu as vus sur la montagne les représentent. Ces bêtes,
par leur venin propre, empoisonnent l'homme et le font mourir ; de même, les
paroles de ces gens empoisonnent l'homme et le font mourir. 8. Ceux-là n'ont
plus qu'une foi mutilée, à cause de la conduite qu'ils ont. Certains ont
fait pénitence et ont été sauvés ; les autres, tels qu'ils sont, peuvent
être sauvés, s'ils se repentent. Et s'ils ne se repentent pas, ils mourront
de par ces femmes dont ils ont l'esprit.
104.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la dixième montagne, dont les
arbres abritaient des brebis : 2. des évêques et des gens hospitaliers qui
ont toujours reçu avec plaisir les serviteurs de Dieu, en dehors de toute
hypocrisie. Et ces évêques, dans leur ministère, ont continuellement protégé
les indigents et les veuves, et ont toujours mené une vie sainte. 3. Ceux-là
donc seront à leur tour protégés par le Seigneur pour l'éternité. Ceux
qui ont agi ainsi sont glorieux auprès de Dieu et déjà maintenant leur
place est avec les anges, s'ils continuent jusqu'à la fin à servir le
Seigneur.
105.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la onzième montagne, dont les
arbres étaient ornés d'une foule de fruits très variés : 2. des hommes qui
ont souffert pour le nom du Fils de Dieu, qui souffrirent même avec
empressement, du fond de leur coeur et qui ont livré leur vie (Ac. 15, 26).
3. - Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, tous ces arbres ont-ils des fruits et
certains, des fruits plus beaux ? - Écoute dit-il. Tous ceux qui ont souffert
à cause du nom sont glorieux auprès de Dieu et leurs péchés à eux tous
ont été effacés, parce qu'ils ont souffert pour le nom du Fils de Dieu.
Mais voici pourquoi leurs fruits sont variés et certains meilleurs. 4. Tous
ceux, dit-il, qui, traînés devant les autorités, ont été soumis à la
question et n'ont pas nié, mais au contraire ont souffert avec empressement,
ceux-là sont beaucoup plus glorieux auprès du Seigneur et leurs fruits sont
les meilleurs. Tous ceux, en revanche, qui furent tremblants et indécis, qui
se demandèrent en leur coeur s'ils renieraient ou confesseraient (le
Seigneur), mais qui pour finir ont souffert, ceux-là ont des fruits plus médiocres,
par la faute de cette intention qui montait à leur coeur. Car c'est une
mauvaise intention pour un serviteur que celle de renier son propre maître.
5. Veillez donc, vous qui avez cette intention, à ce qu'elle ne demeure pas
dans votre coeur et que vous ne mouriez pour Dieu. Et vous qui souffrez pour
Dieu, vous devez le glorifier (1 P 4, 13, 15, 16) de ce qu'il vous a jugés
dignes de porter son nom et d'être guéris de tous vos péchés. 6. Félicitez-vous
donc et croyez avoir accompli une grande oeuvre lorsque quelqu'un d'entre vous
souffre pour Dieu. Le Seigneur vous fait don de la vie et vous ne comprenez
pas ! Car vos péchés vous alourdissaient et si vous n'aviez pas souffert
pour le nom du Seigneur, à cause de vos péchés, vous seriez morts pour
Dieu. 7. je dis cela pour vous qui hésitez à renier ou à confesser.
Confessez que vous avez un Seigneur, de peur d'être, en le reniant, jetés en
prison. 8. Si les gentils punissent leurs esclaves, s'ils renient leur maître,
que fera de vous, à votre avis, le Seigneur maître de toutes choses ?
Rejetez ces desseins de vos coeurs, afin de vivre éternellement pour Dieu.
106.
"
1. Voici ce que sont les croyants venus de la douzième montagne : comme de
petits enfants au coeur de qui ne monte pas la moindre idée du mal, ils ne
savent même pas ce qu'est le mal et sont toujours restés dans l'innocence.
2. Ces hommes, très certainement, habiteront le royaume de Dieu, car en
aucune circonstance ils n'ont souillé les commandements de Dieu, mais ont
persévéré tous les jours de leur vie dans l'innocence et le même état
d'esprit. 3. Vous tous qui persévérerez ainsi et serez comme les petits
enfants (Mt 18, 3) sans malice, vous serez plus glorieux que tous les précédents.
Tous les petits enfants sont glorieux auprès de Dieu et premiers pour lui.
Bienheureux donc, vous qui écarterez de vous le mal et vous revêtirez de
l'innocence : les premiers de tous, vous vivrez pour Dieu. " 4. Après
qu'il eut achevé les paraboles des montagnes, je lui dis : " Seigneur,
expliquez-moi maintenant les pierres extraites de la plaine et mises à la
place des pierres enlevées de la tour et aussi des pierres rondes mises dans
la construction et celles qui encore maintenant sont rondes. "
107.
1.
" Écoute, dit-il, cela aussi. Les pierres extraites de la plaine et entrées
dans la construction de la tour à la place des pierres enlevées, ce sont les
racines de cette montagne blanche. 2. Comme les croyants venus de cette
montagne blanche se sont trouvés innocents, le maître de la tour a fait
employer pour la construction de la tour des pierres venant des racines de
cette montagne. Il savait, en effet, que si ces pierres entraient dans la
construction de la tour, elles resteraient brillantes sans qu'aucune ne noircît.
3. S'il avait (encore) ajouté des pierres provenant des montagnes, il lui
aurait fallu de nouveau examiner et purifier la tour. En revanche, tous
ceux-ci se sont trouvés d'une blancheur éclatante, ceux qui croient et aussi
ceux qui sont appelés à croire, car ils sont de la même race. Bienheureuse
race, car elle est innocente. 4. Voici maintenant ce qui concerne les pierres
rondes et brillantes. Elles viennent toutes de cette montagne blanche, mais
voici pourquoi on les a trouvées rondes. Ce sont leurs richesses qui leur ont
un peu voilé la vérité et les ont obscurcis ; mais ils ne se sont jamais éloignés
de Dieu et aucune parole mauvaise n'est jamais sortie de leur bouche (cf. Ep
4, 29), mais toujours l'équité et la vérité. 5. Voyant d'après leur
mentalité qu'ils pouvaient servir la vérité et rester bons, le Seigneur fit
rogner leurs richesses, sans les leur enlever totalement, pour qu'ils pussent
faire quelque bien de ce qui leur restait ; et ces gens vivront pour Dieu, car
ils sont de bonne race. C'est pourquoi (ces pierres) ont été rognées légèrement
et puis employées à la construction de la tour.
108.
Quant
aux autres qui jusqu'à présent sont restées rondes et n'ont pas été ajustées
à la bâtisse, parce qu'elles n'avaient pas encore reçu le sceau, elles ont
été remises à leur place : elles ont été trouvées trop rondes. 2. Il
faut les couper de ce siècle et de la vanité de leurs oeuvres ; alors, ils
seront dignes du royaume de Dieu. Car il faut qu'ils entrent dans le royaume
de Dieu (Jn 3, 5) ; c'est, en effet, une race innocente que le Seigneur a bénie.
De cette race, personne ne mourra. Il se peur que l'un d'entre eux, séduit
par le diable infâme, commette quelque faute - il reviendra très vite vers
son Seigneur. 3. Je vous estime heureux, moi, l'ange de la pénitence, vous
tous qui êtes innocents comme des petits enfants, car votre fortune est bonne
et glorieuse devant Dieu. 4. Je vous le dis à vous tous qui avez reçu le
sceau : soyez simples, oubliez les offenses, ne vous obstinez pas dans votre
malice ou dans le souvenir amer des offenses, n'ayez qu'un seul esprit, remédiez
à ces discordes funestes, écartez-les de vous : le maître du troupeau sera
content de tout cela. 5. Il se réjouira s'il trouve toutes ses brebis en
bonne santé sans qu'aucune ne soit égarée. Mais s'il découvre que
certaines d'entre elles sont égarées, malheur aux bergers : 6. et si ce sont
les bergers eux-mêmes qu'on trouve égarés, que répondront-ils au maître
de leurs troupeaux ? Car enfin, pourront-ils se dire égarés par une brebis ?
On ne les croira pas, car c'est une chose incroyable qu'un berger puisse
souffrir du fait d'une brebis ; il sera plus lourdement puni à cause de son
mensonge. Et moi aussi je suis berger et il faut de toute nécessité que je
rende compte de vous.
109.
"
1. Guérissez-vous donc, pendant que la tour est encore en construction. 2. Le
Seigneur habite dans les hommes qui aiment la paix ; car en vérité la paix
lui est chère et il s'écarte très loin des querelleurs qu'a perdus leur
malice. Rendez-lui donc votre esprit intact comme vous l'avez reçu. 3. Si tu
donnes au foulon un vêtement neuf et intact, tu comptes bien le ravoir intact
; et s'il te le rend déchiré, le reprendras-tu ? Ne te fâcheras-tu pas tout
de suite ? Ne le poursuivras-tu pas de reproches, disant : " Je t'ai donné
ce vêtement intact. Pourquoi l'as-tu déchiré et mis hors d'usage ? Car à
cause de la déchirure que tu y as faite, il est inutilisable. " Ne
diras-tu pas tout cela au foulon pour la déchirure qu'il a faite à ton vêtement
? 4. Si donc toi, tu te fais du chagrin pour ce vêtement et te plains de ne
pas le ravoir intact, que penses-tu que le Seigneur te fera, lui qui t'a donné
un esprit intact que tu as rendu tout entier inutile au point qu'il ne puisse
plus servir du tout à ton Maître ? Car il est devenu inutile depuis le jour
où tu l'as corrompu. Le Maître de cet esprit ne te fera-t-il pas mourir pour
ce crime ? 5. - Certes, dis-je, c'est ainsi qu'il traitera tous ceux qui
s'obstinent dans le souvenir des offenses. Ne foulez pas aux pieds, dit-il, sa
miséricorde, mais plutôt glorifiez-le d'être si patient pour vos fautes et
de ne pas vous ressembler. Faites pénitence : cela vous sera utile.
110.
"
1. Tout ce qui est écrit ci-dessus, c'est moi, le Pasteur, l'Ange de la Pénitence,
qui l'ai montré et exposé pour les serviteurs de Dieu. Si donc vous croyez,
si vous écoutez mes paroles, si vous marchez dans cette voie, si vous
corrigez votre route, vous pourrez vivre. Mais si vous vous obstinez dans la
malice et le souvenir des offenses, personne de ce genre ne vivra pour Dieu.
Tout ce que j'avais à dire vous a été dit. " 2. Le Pasteur me dit
alors : " Tu m'as tout demandé ? - Oui, Seigneur, dis-je. - Pourquoi ne
m'as-tu rien demandé à propos de la forme des pierres placées dans la
construction et que nous avons égalisées ? - Je l'ai oublié, Seigneur,
dis-je. 3. - Voici, dit-il, ce qui les concerne : ce sont ceux qui ont écouté
mes préceptes et ont fait pénitence du fond de leur coeur. Le Seigneur a vu
que leur pénitence était bonne et pure et qu'ils pouvaient y persévérer ;
c'est pourquoi il a fait effacer leurs péchés antérieurs. Les creux représentaient
ces péchés et ils ont été comblés pour qu'ils n'apparussent plus. "
Similitude
X
111.
1.
Quand j'eus achevé d'écrire ce livre, l'ange qui m'avait confié au Pasteur
vint dans la maison où j'étais et s'assit sur le lit ; et le Pasteur apparut
debout à sa droite. Alors l'ange m'appela et me dit : " Je t'ai confié,
dit-il toi et ta maison, à ce Pasteur, pour qu'il te protège. - Oui,
Seigneur, dis-je. - Si donc tu veux être protégé, dit-il, contre tout sévice
ou violence, avoir du succès dans toutes tes bonnes oeuvres et tes bonnes
paroles, et garder toute la vertu de justice, marche selon ses préceptes, que
je t'ai donnés, et tu pourras triompher de tout mal. 3. Si tu gardes en effet
ses préceptes, tu pourras fouler au pied toutes les cupidités et toutes les
délices de ce siècle et le succès te suivra dans toutes tes bonnes oeuvres.
Adopte pour toi sa perfection et sa modestie et dis à tout le monde qu'il
jouit d'un grand honneur et d'une grande dignité auprès du Seigneur et qu'il
a dans ses fonctions un grand pouvoir et une grande puissance. C'est à lui
seul qu'a été attribué pour le monde entier le pouvoir d'organiser la pénitence.
Ne te semble-t-il pas puissant ? Mais vous faites fi de sa perfection et du
tact avec lequel il vous traite. "
112.
1.
Je lui dis : " Demandez au Pasteur lui-même si, depuis qu'il est chez
moi, j'ai commis quelque faute qui l'aurait offensé. 2. - Et moi, reprit
l'ange, je sais bien que tu n'as pas commis de faute et que tu n'en commettras
pas. Mais je ce dis cela pour que tu persévères. Le Pasteur a bonne
impression de toi, il me l'a dit. Toi, tu feras connaître mes paroles aux
autres, pour qu'eux aussi, qui ont fait ou feront pénitence, aient les mêmes
sentiments que toi ; ainsi le Pasteur me parlera d'eux en bons termes et moi,
au Seigneur. 3. - Pour ma part, Seigneur, dis-je, je proclame à tout homme
les merveilles du Seigneur et j'espère que tous ceux qui ont péché
auparavant, en entendant mes paroles, feront spontanément pénitence pour
recouvrer la vie. 4. - Persévère, dit-il, dans cette mission, conduis-la à
bon terme. Tous ceux qui appliquent les préceptes du Pasteur obtiendront la
vie et lui-même, une grande gloire auprès du Seigneur. Tous ceux, en
revanche, qui n'observent pas ces préceptes, tournent le dos à leur propre
vie et méprisent le Pasteur ; lui, n'en a pas moins d'honneur auprès de
Dieu. Tous ceux donc qui le méprisent et n'observent pas ses commandements se
livrent eux-mêmes à la mort et chacun d'eux est comptable de son propre
sang. Je te le dis (encore) : mets-toi au service de ses préceptes et tu posséderas
le remède pour tes péchés.
113.
"
1. Je t'ai envoyé ces vierges pour qu'elles habitent avec toi ; j'ai en effet
constaté qu'elles sont affables à ton égard. Tu as en elles des aides, de
façon à pouvoir mieux observer les préceptes du Pasteur. Il ne se peut pas
en effet que sans ces vierges on puisse observer les préceptes. je vois
qu'elles sont volontiers avec toi ; mais je leur donnerai l'ordre de ne pas du
tout s'écarter de ta maison. 2. Seulement, toi, nettoie-la bien ; car elles
habiteront avec plaisir une maison propre ; elles sont elles-mêmes pures,
chastes, actives et toutes ont un grand crédit auprès du Seigneur. Si donc
elles trouvent la maison propre, elles y resteront ; mais s'il s'y produit la
moindre souillure, elles la quitteront sur-le-champ, car ces vierges n'aiment
pas du tout la souillure. " 3. Je lui réponds : " J'espère,
Seigneur, que je leur plairai de façon qu'elles habitent toujours ma maison.
Le Pasteur, à qui tu m'as confié, ne se plaint en rien de moi ; de même,
elles ne se plaindront pas de moi. " 4. L'ange dit au Pasteur : " Je
vois, dit-il, que ce serviteur de Dieu veut vivre et qu'il gardera les préceptes
et logera ces vierges dans une maison propre. " 5. Sur ces mots, il me
confia de nouveau au Pasteur, appela ces vierges et leur dit : " Puisque
je vois que vous habitez volontiers la maison de cet homme, je vous le
recommande, et aussi sa maison : ne la quittez jamais. " Elles, de leur côté,
eurent plaisir à entendre ces mots.
114.
1.
Il me dit ensuite : " Aie dans tes fonctions une énergie virile, révèle
à tout le monde les merveilles du Seigneur et tu auras de grands mérites par
ce ministère. Quiconque marchera selon ces préceptes, vivra et sera heureux
dans sa vie ; quiconque les aura négligés ne vivra pas et son existence
(ici-bas) sera malheureuse. 2. A tous ceux qui peuvent faire le bien, dis de
ne pas cesser de le faire ; accomplir de bonnes oeuvres leur est utile. Je dis
qu'il convient d'arracher tout homme à la misère. Celui qui, par
l'indigence, est dans sa vie quotidienne en butte aux difficultés, endure un
grand tourment et une grande épreuve. 3. Celui donc qui arrache à la nécessité
l'âme d'un tel homme se crée une grande joie : car quelqu'un qui est tenaillé
par des misères de ce genre souffre le même supplice et les mêmes tortures
que celui qui est dans les fers. Et beaucoup, quand ils ne peuvent plus
supporter ces souffrances, se donnent la mort. Celui donc qui, connaissant la
misère d'un tel homme, ne l'en retire pas, commet un grand péché et devient
comptable de son sang. 4. Faites donc de bonnes oeuvres, vous tous qui avez reçu
(ces préceptes) du Seigneur, de peur que la construction de la tour ne s'achève
pendant que vous tardez à les faire. C'est pour vous, en effet, qu'ont été
interrompus les travaux. Si donc vous ne vous hâtez pas, la tour sera achevée
et vous en serez exclus. " 5. Quand il eut fini de me parler, l'ange se
leva du lit et, prenant avec lui le Pasteur et les vierges, il se retira, mais
il me dit qu'il renverrait chez moi ce Pasteur et ces vierges.
Doctrine
des 12 Apôtres ou
Didaché
Lettre
d’Ignace d’Antioche aux Magnésiens
Lettre
d’Ignace d’Antioche aux Romains
Lettre
d’Ignace d’Antioche aux Tralliens
________________
L'éthique chrétienne : Les Dix Commandements, Le Sermon sur la Montagne
Le calendrier liturgique Liturgies: Liturgie de la messe, Liturgie de l'Eglise Réformée de France
Pères de l'Eglise: Tertullien, Origène: Origène et la réincarnation des âmes
Langues du christianisme Langues de l'Orient ancien
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