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La création du monde

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université de Strasbourg

 

L'Un

Les chantres védiques emploient plusieurs images pour décrire la naissance du monde. Ils voient le monde comme émanation, procréation et comme sacrifice, et comme le travail d'un architecte qui a étendu le ciel et la terre, déployé le ciel et fixé les étoiles.

Mais dans l'hindouisme, comme dans le judaïsme où le christianisme, on pose la question: d'où cet architecte a-t-il pris la matière nécessaire pour son ouvrage ? Etait-elle présente de toute éternité à côté de lui ? Ou au début n' y avait-il que l'Un et rien d'autre à côté ?

Les deux présupposés ont été développés dans deux systèmes philosophico-théologiques, l'un mène au dualisme de Dieu et de la prakriti  (la matière-ènergie primordiale)  - voir le sâmkhya- , l'autre conduit à une identité de Dieu et du monde, ou une participation du monde et de tous les êtres à l'essence de Dieu (voir le vedânta)

Si on affirme avec le Rig-Veda qu'il n'existait au début rien que l'Un  (voir Rig-Veda 1.129), on ne peut qu'émettre l'hypothèse que Dieu a créé le monde du néant. Mais commence alors une autre difficulté: peut-il y avoir à côté de l'Absolu (l'Un), un domaine que sa totalité ne pénètre pas. Les hindous y ont répondu en se représentant la naissance du monde non comme une création, mais comme un déploiement de Dieu. Ils acceptent l'identité d'essence d'une partie au moins de Dieu et du monde. 

Dieu est l'Autre, mais pas le Tout Autre (voir Dieu et les dieux). 

L'Un existait déjà avant la création, avant le monde, et était déjà parfait. Le fait de créer n'est qu'un aspect partiel de lui, qui ne se manifeste que lors du déploiement de l'un au multiple. La création est donc un déploiement de l'Absolu. A partir de ce moment-là il y aura des dieux qui agissent, qui créent, et qui de nouveau détruiront ce qu'ils ont créé. Mais pour ce qui est le commencement absolu, le fond dernier de tout être, l'être absolu n'agit pas, ne forme rien, n'a point de vis-à-vis de quelque manière que ce soit, n'a rien d'existant en dehors de lui, même pas le néant.

Le passage de l'Un au multiple

Comment en est-on arrivé à la naissance du monde ? Le point de départ de la création fut un acte de volonté de l'Absolu. L'Un voulait devenir multiple. Mais une telle impulsion volontaire suppose une réflexion, et dans le cas de l'Absolu-en-dehors-duquel-il-n'y-a-rien, cette réflexion ne peut être que réflexion sur soi-même.

C'est donc la première réflexion qui est le mystère. La conscience absolue se concentre sur elle-même, elle fait d'elle même son propre objet de réflexion, et devient donc pour la première fois sujet de réflexion. Il se sépare ainsi en deux parties. Il se pose face au deuxième ainsi constitué en partenaire.

Une partie de l'Un est donc devenue étrangère à soi-même, et c'est ce processus qui est le début du processus de la création. Une fois que s'est réalisée la première séparation, la première objectivation, alors d'autres partitions, différenciations, unions, fécondations pourront se produire.

Cosmogonie et rituel

Dans la piété hindoue, c'est le processus inverse qui est à l'oeuvre: le fidèle passe du multiple à l'Un. Sur l'enceinte extérieure du temple sont représentées les multiples divinités hindoues. A l'intérieur du temple se trouve le garbhagrha (ou cella ) ou saint-des-saints , où est située la représentation de la divinité unique, généralement sous la forme d'une statue de Vichnou et de Shiva, ou d'un symbole le représentant comme le linga (phallus) pour Shiva. Remarquer: le fidèle ordinaire n'a pas le droit de pénétrer  dans la cella, seuls les prêtes ont ce droit .Mais il contemplera l'intérieur de la cella depuis l'extérieur. 

Le temple hindou est considéré comme une image du monde.

Le temple hindou: image du monde

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Avant la construction proprement dite du temple on procède aux rites suivants: 

Après purification du sol, on dessine le vastu-purusha-mandala (cf image ci-dessus), diagramme en forme de damier, le carré étant signe de ce qui est stable et parfait.

Le centre du carré est occupé par le Dieu unique (quel que soit son nom: Vichnou, Shiva, Brahmâ), en tant que manifestation du Brahman, l'Absolu au-delà duquel il n'y a plus rien. Cette case centrale correspond dans le temple réel à la cella, le saint des saints où se trouve la représentation figurée ou symbolique de la divinité unique.

Autour de la case du Dieu unique se trouvent les cases des 8 régents des planètes, tandis que les 32 cases externes du damier représentent les 28 mansions lunaires + 4 directions de l'espace. Le contour extérieur du damier représente l'écliptique.

Les 32 carreaux + le carreau central, soit 33 carreaux, correspondent aux 33 divinités des hymnes Âpri dans le Rig-Veda. Au milieu du damier, il y a aussi 12 autres cases, qui représentent 12 autres divinités, les Âdityas.

La structure du temple hindou symbolise une démarche initiatique: plus on se rapproche de la cella, plus on se rapproche de la cellule-mère dont est issu le monde (garbhagrha), on passe ainsi du multiple (les 33 divinités) à l'Unique (la cella), alors que le processus de la création du monde (et de l'homme !) est exactement inverse, c'est un passage de l'Un (une cellule-mère) au multiple.

Voir le sanctuaire.

 

Bibliographie générale de l'hindouisme

Introduction: L'unité de l'hindouisme les croyances fondamentales, Chronologie. Autour de la notion de brahman  

Les Ecritures: Le Veda  (hymne à Agni, hymne cosmogonique,   l'Ascète), Les Upanishads (Brihadâranyaka-Upanishad, Katha-up, Maitry-up, Shvetâshvatara-up  Yogatattva-up) 

La Bhagavad-Gîtâ: la problématique, violence et non-violence, le message, chant 2, chant 4, Krishna Vichnou 

La divinité: Dieu et les dieux,   le Brahman, Vichnou (Krishna), Shiva, les dieux mineurs (deva), Agni

Notions védiques fondamentales: les quatre classes, les quatre buts de la vie, les quatre étapes de la vie, les  3 naissancesla quadruple dette | L' agnihotraLe rta ou dharma

Le renoncement (samnyâsa), le tapas (ascétisme), le prânâyama (rétention du souffle)

Le maître dans les Upanishads

La création du monde  Les périodes cosmiques  La réincarnation 

 Les systèmes philosophico-religieux ou Darshanas: le sâmkhya, le yoga, le vedânta (le Kevala-advaïta ou non-dualisme absolu,  Shankara, Râmânuja et le non dualisme qualifié)

Le rituel: la samdhyâ, la pûjâ, la journée d'un brahmane

Grands maîtres contemporains: Shrî Râmakrishna, Shrî Aurobindo, Krishnamurti, Gandhi

Le temple

La Mahâ Kumbh Melâ

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