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Shri Aurobindo, Commentaire de la Bhagavad-Gîtâ 4.6:  L'Avatâr (1)

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6. — Bien que Je sois le non-né, bien que Je sois impérissable dans Mon existence propre, bien que Je sois le Seigneur de toutes les existences, cependant Je repose sur Ma propre nature, et Je prends naissance par Ma propre Mâyâ. 

Pour l'esprit moderne, l'idée de l'Avatar est l'une dès plus difficiles à accepter et à comprendre parmi toutes celles qui s'infiltrent de L'Orient dans la conscience humaine rationalisée. Les esprits rationalistes objectent que, si Dieu existe, il est extra-cosmique ou supra-cosmique et n'intervient pas dans les affairés du monde, mais permet qu'elles soient gouvernées par un mécanisme fixe de lois ; il est Esprit pur et ne peut revêtir un corps, il est infini et ne peut être fini comme est fini l'être humain, il est le créateur à jamais non-né et ne peut être la créature née en ce monde — ce sont là choses impossibles même à son omnipotence absolue. Ces objections, si puissantes à première vue pour la raison, semblent avoir été présentes à l'esprit de l'Instructeur de la Gîtâ. Ne dit-il pas, en effet, que, bien que le Divin soit non-né, impérissable en sa propre existence, Seigneur de tous les êtres, il assume cependant la naissance par un recours suprême à l'action de sa Nature et par la force de sa propre Mâyâ ? Ne dit-il pas que lui, méprisé de ceux qui sont dans l'erreur parce qu'il est logé dans un corps humain, il est en vérité dans son être suprême le Seigneur de tous ; qu'il est dans l'action de la conscience divine le créateur de l'ordre quadruple et l'auteur des œuvres du monde, et en même temps, dans le silence de la conscience divine, le témoin impartial des œuvres de sa propre Nature, car il-est toujours, par delà le silence et l'action, le suprême Purushottama ? Et la'Gîtâ parvient à réfuter toutes ces objections, à concilier toutes ces contradictions parce qu'elle part de la conception védântique de l'existence de l'Univers et de Dieu. Car pour elle tout est Dieu, tout est Esprit ou existence du Moi, tout est Brahman, ekamevâdvitîyam — il n'est rien d'autre, rien qui en diffère, et il ne peut y avoir rien d'autre, rien qui en diffère. Non seulement  le non-né n'est pas incapable de prendre naissance, mais encore tous les êtres sont dans leur individualité des esprits non-nés, éternels, sans commencement ni fini et dans leur existence essentielle et leur universalité tous sont l'Esprit unique non-né de qui la naissance et la mort sont seulement le phénomène par lequel il assume une forme et. en change. Que le parfait assume l'imparfait, c'est tout le phénomène mystique de l'univers ; mais l'imperfection apparaît dans la forme et l'action du mental ou du corps assumé, subsiste dans le phénomène — en ce qui l'assume, il n'est point d'imperfection, de même que dans le soleil qui illumine tout il n'est point de défauts de lumière ou de vision, ces défauts existant seulement dans les capacités de l'organe individuel.

On doit noter qu'avec une nuance de langage légère, mais importante, la Gîtâ décrit de la même façon à la fois l'action du Divin déterminant la naissance ordinaire des créatures, et son action dans sa propre naissance en tant qu'Avatar. " M'appuyant sur Ma propre Nature, prakritim svâm avastabhya, dira la Gîtâ plus tard, Je lance diversement par le monde, visrijâmi, cette multitude de créatures fatalement sujettes par suite de la domination de Prakriti, avasham prakriter vashât ". " Existant sur Ma propre nature ", dit-elle ici, " Je prends naissance par Ma propre Mâyâ, prakritim svâm adhishthâya... âtmamâyayâ, JeMe projette Moi-même, âùnâi nom stijâmi ". L'action impliquée par le mot avashtabhya est une puissante pression vers lé bas par laquelle l'objet maîtrisé est dominé, opprimé, arrêté ou limité, dans son mouvement ou son action, et devient impuissant, soumis à la puissance dirigeante, avasham vashât; la nature dans cette action devient mécanique et ses multitudes de créatures sont maintenues impuissantes dans le mécanisme, et ne sont point maîtresses de leur-propre action. Au contraire, le mot adhishlhâya implique une action qui demeure dans la nature, mais aussi s'accomplit sur elle et au-dessus d'elle; une maîtrise et une direction conscientes exercées par la Divinité au-dedans de nous, adhishthâtrî devatâ, une action dans laquelle le  Purusha n'est point fatalement entraîné par Prakriti à travers l'ignorance, mais bien plutôt où Prakriti est pleine de la lumière et de la volonté du Purusha.

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