Shri Aurobindo, Commentaire de la Bhagavad-Gîtâ 4.7-9: L'Avatâr (1)
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7 Chaque fois que le dharma s'efface et que monte l'injustice, alors Je prends naissance.8 — Pour la libération des bons, pour la destruction de ceux qui font le mal, pour mettre sur le trône la Justice, Je prends naissance d'âge en âge.
9.— Celui qui connaît ainsi dans leurs justes principes Ma divine naissance et Mon œuvre divine, celui-là, quand il abandonne son corps, il n'a pas à renaître, il vient à Moi, ô Arjuna.
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Les termes de la Gîtâ montrent que la naissance divine est celle de la Divinité consciente en notre humanité, essentiellement l'opposé de la naissance ordinaire bien que les mêmes moyens soient employés, parce qu'elle est, non pas la naissance à l'ignorance, mais la naissance de la connaissance, non pas un phénomène physique, mais une naissance d'âme. C'est l'âme qui prend naissance comme Être existant par soi-même, gouvernant consciemment son devenir et non point perdue à la connaissance de soi dans la nuée de l'ignorance. C'est l'âme née en un corps comme Seigneur de la Nature* se tenant au-dessus de cette Nature et opérant librement en, elle par sa volonté, non point enchevêtrée dans le filet de la Nature et obligée de tourner sans cesse impuissante dans son mécanisme ; car elle agit dans la connaissance et non point, comme le font la plupart des êtres, dans l'ignorance. C'est l'âme secrète en tous les êtres, s'avançant hors du lieu caché d'où elle gouverne derrière un voile, afin de posséder complètement sous une forme humaine, mais en tant que Divin, la naissance que d'ordinaire elle possède seulement derrière le voile en tant qu'Ishvara, alors que la conscience extérieure en deçà du voile est possédée plutôt que possédante parce qu'elle y est un être partiellement conscient, le jîva perdu à la connaissance, de soi et enchaîné à ses œuvres par une sujétion à la Nature dans le règne du phénomène. L'Avatar (x) est donc, en l'humanité, une manifestation directe par Krishna —* l'âme divine — de cette divine condition à laquelle Arjuna — l'âme humaine, le type le plus haut de l'être humain, une vibhûti — est requis par l'Instructeur de s'élever, et à laquelle il ne peut s'élever qu'en se haussant hors de l'ignorance et des limitations de son humanité ordinaire. Il est la manifestation venue d'en haut de cela même que nous avons à devenir en partant d'en bas ; il est Dieu descendu dans cette divine naissance de l'être humain en laquelle nous autres, créatures mortelles, nous devons monter ; il est l'attirant exemple divin donné par Dieu à l'homme dans le type même et la forme et le modèle parfaitement achevés de notre existence humaine.(x) Le mot avat
âra signifie descente ; c'est la descente du Divin au-dessous de la ligne qui sépare le monde dhôn du monde humain ou de la condition humaine.Krishnamurti Râmakrishna Le Mahâtma Gandhi La Bhagavad-Gîtâ